Quand le coronavirus et ses conséquences viennent bouleverser le moment de la naissance, souvent anticipé depuis des mois. Les règles diffèrent selon les maternités et leurs spécificités, et chacun doit s'adapter, à commencer par le père ou l'accompagnant(e).

C'est le principal lieu de naissance en Limousin, l'hôpital de la mère et de l'enfant à Limoges (HME), 200 à 220 accouchements tous les mois, et un service maternité qui a dû entièrement se réorganiser, comme l'expliquent Anne Le Pichoux, coordonnateur en maïeutique, et Sophie Martinez, sage-femme coordinatrice en salle de naissance.

"Nous avons pu bénéficier du retour d'expérience de nos collègues des régions déjà très impactées. Tout le monde a évolué dans son mode de pensée, nous faisons beaucoup de prévention. Toutes les décisions ont été prises en équipe à l'issue de concertations, et nous nous sommes mis en ordre de marche."

Il a fallu rassurer, tant les futurs parents que les professionnels de santé, très soutenus par l'encadrement. "Le personnel est très disponible, encore plus que d'habitude. Les gens se portent volontaires naturellement pour venir renforcer les équipes, toujours avec beaucoup de bienveillance."
 



Dans la nouvelle organisation, des circuits dédiés pour les parturiantes qui présenteraient des signes d'infection, sachant que le HME a aussi un service d'urgences qui reçoit en direct les patients. Quant au père, sa présence est acceptée pendant l'accouchement, "si évidemment il ne présente pas de signes cliniques", mais pas après. Prévention avant tout.

"La plupart des parents comprennent bien les consignes, même si ce n'est pas simple. Ils sont déçus, tristes et contrariés, mais la raison médicale prime. Si tout va bien, on essaye de faire sortir la maman et l'enfant plus tôt, pour privilégier des relais en ville. Nous avons par exemple deux sages-femmes en télétravail qui proposent des téléconsultations pour rassurer les parents."
 

Une expérience particulière pour les pères


A Brive, la position de l'hôpital est claire et identique à celle de Limoges, selon Michel Da Cunha, directeur adjoint : "d'accord pour la présence du père lors de l'accouchement, mais pas après en raison des risques qui nous paraissent trop importants."

Aurélien en a fait l'étrange expérience pour la naissance de sa troisième fille, le 27 mars dernier. "J'ai assisté à la naissance de Nina, et j'ai pu rester 2h avec les filles, c'est tout. Quand je les ai laissées dans l'ascenseur du hall de la maternité, on s'est dit au-revoir, c'était comme si je les abandonnais, une drôle d'impression. J'étais désemparé. Je suis rentré à la maison tout seul à 22h30, bien sûr sans personne avec qui arroser la naissance, je me sentais perdu, un sentiment un peu curieux."
 


Heureusement, tout s'est bien passé pour Marion, la maman. "Je craignais un peu le baby blues sans que je puisse être là pour la soutenir, mais ça a été", poursuit Aurélien. "L'équipe soignante est super, malgré l'ambiance surréaliste, toutes les mères confinées dans leur chambre et tout le monde avec des masques."

Le séjour à la maternité étant réduit autant que possible, Aurélien a pu revoir sa fille et sa compagne 3 jours plus tard. La petite famille est désormais confinée à la maison, mais ensemble !
 

Un peu plus de souplesse dans les cliniques privées


A la Polyclinique de Limoges, le site Emailleurs-Colombier accueille la seule maternité privée de Haute-Vienne, on y pratique une centaine d'accouchements mensuels. L'établissement s'est bien sûr adapté au risque, comme le précise Jean-Luc Dubois, son directeur. "Nous avons mis en place un dispositif spécial pour les parturiantes suspectées d'être infectées par le Covid-19, avec des salles et des unités de suite de couche dédiées. Pour l'instant, tous les tests se sont révélés négatifs." 

Aux Emailleurs, le père ou l'accompagnant(e), est accepté sous réserve de confinement de la famille dans la salle d'accouchement puis dans la chambre. "Une fois qu'ils décident de rester, c'est pour toute la durée du séjour. Pas question de multiplier les allers-retours avec l'extérieur. On essaye de privilégier les séjours réduits, et de compenser avec le passage de sages femmes à domicile." 


Suivie dans un autre établissement privé de la grande région, Camille entre dans son huitième mois. C'est sa première grossesse, et forcément les inquiétudes sont démultipliées quand les cours de préparation à l'accouchement se font à distance en visio. Son mari n'a pas pu assister à la dernière échographie, "il était très frustré". Mais pour l'instant, la clinique qu'ils ont choisie accepte encore la présence paternelle lors de la naissance, ainsi que des visites ultérieures. "Ils n'ont pas de service réanimation, et donc pas vocation à accueillir des patients Covid-19. Pourvu que ça dure !", conclue Camille, qui oscille entre appréhension et fatalisme. 


Pour finir sur une note plus gaie, cette situation ne fait pas perdre le sens de l'humour à tout le monde, la preuve avec ce tweet à prendre bien évidemment au second degré !
 
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