Les 180 producteurs de l’AOP “pommes du Limousin” ont peu dormi dans la nuit du 6 au 7 avril 2021. Alors même que leurs arbres sont en fleur, Météo France a annoncé une chute des températures allant jusqu’à -5 degrés sous abri.
Les 2000 hectares de goldens de l’AOP “pommes du Limousin” ont-ils souffert du gel ? Dans l'après midi du 7 avril 2021, rien de véritablement dramatique n'a été constaté. La nuit du 7 au 8 avril risque d’être critique avec des températures qui pourront descendre jusqu’à -4 degrés. Face à ces prévisions, Laurent Rougerie, président de l’AOP reste méfiant : “Très souvent, ce n’est pas quand le pire est annoncé qu’il arrive. La météo est encore très incertaine pour les 10 prochains jours”.
Les vergers de Laurent Rougerie sont équipés d’alarmes qui retentissent à partir de –1 degré. Le 6 avril 2021 vers 22 heures, les températures ont chuté brutalement. Le pomiculteur a donc déclenché ses dispositifs anti gel.
Il est équipé de tours à vent. Ce sont de gros ventilateurs qui aspirent l’air des couches supérieures pour l’envoyer au sol. Autour de ces grosses machines, il a installé des pots de 80 litres de paraffine : de grosses bougies qui ont brûlé toute la nuit pour faire monter la température. Laurent Rougerie a aussi investi dans un système d’aspersion d’eau. Les fines gouttelettes gèlent au contact de l’air froid et protègent les fleurs.
Tant que le mois d’avril n’est pas passé, on n'est pas à l’abri d’une catastrophe.
Reste que tous les producteurs ne sont pas équipés aussi bien pour faire face au gel. On estime que seule 15 à 20% de la surface de l’AOP est protégée.
Les pomiculteurs non protégés
Jérôme La Solliec possède 27 hectares de pommiers à Juillac (19). L’an passé, il a perdu la moitié de sa récolte. Les arbres n’ont pas fleuri à cause de la sécheresse. Il fait face à des problèmes de trésorerie.
Ses vergers ne sont malheureusement pas équipés pour faire face au gel. Alors ces derniers jours, il s’est procuré 90 bottes de paille de 300 kilos.
Il les a reparties dans son verger. Hier soir vers 23 heures, il a mis le feu à une botte sur deux. Vers 3 heures du matin, il a tout allumé. Pour que cette paille ne se consument pas trop vite, il l’a aspergée d’eau : 100 litres par botte.
Tous ces feux ont entraîné la formation d’un nuage qui a quelque peu protégé les arbres. Malgré un petit vent de nord-ouest, la fumée est heureusement restée collée au sol.
Puisque le gel a interrompu la montée de sève, le pomiculteur envisage de mettre un peu d’engrais sur les feuilles dans l’après-midi.
Mais Jérôme Le Solliec va surtout investir dans un système d’aspersion qui va lui coûter entre 7000 et 12000 euros par hectare. Car pour le petit producteur, une année sans pomme serait véritablement catastrophique. Les assurances ne remboursent pas les dégâts provoqué par le gel.