Frelons asiatiques, vols de ruche, climat… produire du miel devient de plus en plus difficile pour les apiculteurs. Les récoltes et les finances s’amenuisent. Pour autant on ne peut pas parler de pénurie.
Apiculteur depuis 35 ans, Michel Desorme n'a jamais fait une aussi mauvaise récolte. Installé à Nantiat en Haute-Vienne, cet amoureux des abeilles est de plus en plus résigné.
L’an dernier, les frelons asiatiques ont décimé 14 de ses 19 ruches, soit 700 000 abeilles. Si cette année, ils n’ont pas été aussi présents et violents, c’est la météo qui est venue ruiner les espoirs d’une année meilleure.
Plus de 60 % de pertes
A la foire du miel de Brive, tenue dimanche 14 novembre, même constat : "Nous avons perdu environ deux tiers de la production par rapport à l’an dernier à cause du temps", Jérémy Mombrial, président de l’abeille corrézienne. Une perte équivalente dans les différentes ruches de la région.
Le début du printemps, plutôt doux, annonçait une belle production. Mais les mois suivants ont mis un coup d’arrêt à la production des abeilles avec successivement du gel et des pluies. L’acacia ou le pissenlit, par exemple, donnent d’ordinaire le miel du début de saison. Cette année, ce n’était pas le cas.
Les ruches ont souffert, elles ont manqué de nectar. Si nous ne les avions pas nourris, elles seraient mortes
Nourrir les ruches, c’est un coût de production supplémentaire. Un coût malvenu quand les pertes sont déjà conséquentes. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, les apiculteurs font aussi face aux vols de ruche. Cet « effet cocktail » engendre une colère et des craintes.
Des hausses de prix à venir
Avec l’augmentation des coûts et une production à la baisse, les apiculteurs doivent augmenter le prix de vente. A la foire au miel de Brive, les producteurs se veulent rassurants. La hausse devrait être limitée à environ 1 euro le kilo.
Mais la hausse relative des prix pourrait s’accélérer à l’avenir. Car la production va connaître de nouvelles attaques : l’incertitude du climat, le frelon asiatique, « sans oublier de nouveaux parasites qui arrivent avec le réchauffement climatique », rappelle Simon Goutier, le président du Syndicat des Apiculteurs du Limousin. Et des effectifs de ruches à la baisse. Les apiculteurs vont donc devoir stimuler les naissances pour éviter l’hécatombe. Et croiser les doigts pour que la météo soit clémente au printemps prochain.