Prés de 5.000 personnes ont manifesté samedi à Ciboure dans le pays basque pour la défense des écoles en basque, l'un des plus gros rassemblements de ces dernières années, autour du cas d'une classe de maternelle menacée d'expulsion, un bras de fer devenu emblématique pour les défenseurs du basque.
Les manifestants, plus de 6.000 selon les organisateurs, 4.500 selon la préfecture, venus de part et d'autre de la frontière espagnole, ont arpenté le front de mer sur près de 4 km, pour empêcher l'expulsion de cette classe de Ciboure, dans un préfabriqué sur une parcelle communale, et dont le bail a pris fin en juillet.
La classe de 13 enfants de 2 à 4 ans est devenue ces dernières semaines un symbole du bras de fer, maintes fois rejoué ces dernières années, entre ikastolas et municipalités, autour de subventions, ou de mises à disposition de terrains communaux. Celles-ci sont en théorie interdites, puisque les ikastolas (écoles immersives en basque, au nombre de 31 côté français) sont des établissements d'enseignement privé sous contrat soumises aux dispositions de la loi Falloux sur la laïcité.
Le cas par cas et la tolérance régissent depuis ces années ces écoles, qui accueillent environ 3.000 enfants au total. En mai, une circulaire a cherché à clarifier ce cadre, pour les ikastolas comme pour les calandretas (écoles en occitan) en réaffirmant l'interdiction d'aides publiques aux constructions ou extensions, mais a ouvert une porte en laissant liberté aux maires d'accorder ou non aide ou terrain, par exemple via une Autorisation d'occupation temporaire.
La marche de Ciboure, à l'appel de Seaska, la Fédération des ikastolas, a réclamé, au-delà du cas de Ciboure, des "moyens et des mesures" pour mener à bien "le service public" qu'elle dit offrir, à travers son enseignement immersif, pour la sauvegarde de la langue basque.
Selon la dernière étude socio-linguistique, réalisée en 2011 par le gouvernement autonome d'Euskadi (Pays basque espagnol), le nombre de bascophones était en baisse au Pays basque français, avec 22% des habitants de 16 ans et plus contre 27% en 1996. Le nombre de bascophones progresse par contre côté espagnol.