Il était jugé en comparution immédiate ce lundi 17 janvier pour violences avec arme par destination à l’encontre des forces de l’ordre, et aide à l’entrée illégale sur le territoire français de migrants. Il aurait réussi à "faire passer" 162 migrants en 2021.
Après avoir passé une bonne partie du week-end en garde à vue, l’homme âgé de 49 ans et de nationalité française a donc été jugé ce lundi en comparution immédiate au tribunal de Bayonne. Il a écopé d’une peine de 4 ans de prison ferme qu’il exécutera dès ce soir. Le tribunal a donc suivi les réquisitions.
Surnommé Tapia, le condamné était déjà connu des services de police et de justice pour des faits similaires. Il était suivi depuis un certain temps par la police. Selon celle-ci, il aurait réalisé 24 voyages ayant permis à 162 migrants en situation illégale de traverser la frontière. Lors de l’audience, l'accusé a mis en avant un acte solidaire pour lequel il n’était pas rétribué. Son avocate avait donc plaidé la relaxe.
« Nous allons relever appel de cette décision » (avocate du condamné)
« Il y a de la déception », concède Maïté Sargiacomo l’avocate du condamné. « Nous allons relever appel de cette décision. Nous estimons que les conditions légales pour le condamner à l’aide illégale au séjour n’étaient pas remplies ». Lors de l'audience, celle-ci a plaidé la jurisprudence Cédric Herrou, du nom de ce militant d'abord condamné pour avoir aidé des migrants à passer la frontière italienne, et qui a finalement été relaxé.
« Il (Cédric herrou, ndlr) a aidé 200 migrants et au final, au bout d’une longue lutte judiciaire (…), il a fini, au bout de ce combat de plusieurs années et après de multiples gardes à vue, par être définitivement innocenté", a rappelé maître Sargiacomo. "J’espère que la Cour entendra mieux l’argumentation de mon client ».
Celui-ci a été interpellé vendredi 14 janvier avec 2400 euros en liquide sur lui. Lors de l’audience, il a affirmé que cet argent était destiné à payer des matériaux dans son entreprise de charpente. « Il a constamment dit qu’il avait pitié de ces gens et qu’il n’avait tiré aucune rémunération », a affirmé son conseil à la sortie de l’audience.
Il a même précisé qu’un jour on lui a proposé de lui rembourser des frais pour un voyage et qu’il avait refusé.
Maïté Sargiacomo
Une dizaine de migrants à bord de sa camionnette
L’homme a été arrêté vendredi dernier vers 21h quai de Lesseps dans le quartier de la gare à Bayonne. Il conduisait une camionnette avec une dizaine de personnes en situation irrégulière à bord. "A l'approche des fonctionnaires, les migrants sont rapidement descendus du véhicule et le conducteur a accéléré et foncé sur les agents qui ont du se jeter au sol pour éviter d'être percutés", expliquait le lendemain des faits Laurent Saysset.
"Un deuxième véhicule de police stationnant un peu plus loin en barrage avec un agent à bord, a été également percuté par l'individu qui a réussi à prendre la fuite dans les rues de Bayonne". Celui-ci sera finalement interpellé près de Birriatou vers 22h30 alors qu’il tentait de rejoindre l’Espagne.
"Pour Alliance Police Nationale, nous serons entièrement satisfaits lorsque les peines seront appliquées et lorsqu’elles seront incompressibles envers les agresseurs de policiers", a déclaré Laurent Saysset, secrétaire départemental du syndicat Alliance police nationale à la sortie de l'audience. "Il ne pourra plus mettre en danger la sécurité de nos collègues. Ils ont vraiment eu peur puisqu’ils ont dû sauter sur le côté, arme au poing, pour éviter d’être percutés".
"C’est une nouveauté parce que c’est un passeur. En général ce sont des délinquants aguerris qui commettent ce genre d’infraction".
Laurent Saysset
Déjà condamné pour des faits similaires
Lors de l'audience, il a été rappelé que cet homme était connu des services de police et de justice pour des faits similaires et pour lesquels il avait été condamné en 2017. Né en 1973, il menait aujourd'hui une vie partagée entre son métier de charpentier le jour et berger le soir.
"Cet homme avait été repéré par la police aux frontières comme étant un passeur de migrants agissant entre Irun et Bayonne. Après une longue enquête, la Brigade mobile de recherche de la PAF a mis en place un dispositif de surveillance de ce passeur", selon Laurent Saysset. Lors de l'audience ont été évoqués 24 voyages au cours desquels il aurait fait passer la frontière à 162 migrants durant l'année 2021.
"Après une belle et longue enquête de nos collègues de la Brigade mobile de recherche de la PAF , l’objectif était de l’interpeller en flagrance pour vraiment prouver ces faits-là sur le terrain", a daclaré ce lundi Laurent Saysset.