Après le football professionnel, le milieu amateur dérape aussi. Samedi 23 et dimanche 24 novembre, deux joueurs mineurs de l'US Lormont et des Croisés de Bayonne ont été les cibles d’insultes racistes et de cris de singe avec imitations des gestes. La ligue de Football de Nouvelle-Aquitaine a condamné ces actes. Les clubs vont porter plainte.
"Inqualifiable, inadmissible, pas tolérable, il n'y a pas de mots pour qualifier ces actes". Le président du club des Croisés de Bayonne, Lionel Cabot, ne mâche pas ses mots. C'est la première fois que le club basque est confronté à de tels comportements.
Cris de singe
Dimanche 24 novembre, lors d'un match de coupe départementale, entre l'équipe sénior des Croisés de Bayonne et celle de l'Étoile béarnaise, qui se déroulait dans le stade de Siros, près de Pau, "des cris de singe sont descendus des tribunes après une action ratée par un de nos joueurs", raconte Lionel Cabot.
Deux supporters de l'équipe adverse se sont ainsi moqués d'un jeune de joueur, âgé de 17 ans. " Il n'a que 17 ans. Le jeune footballeur est assez choqué. Il est en foyer et il a déjà vécu des choses difficiles. C'est inadmissible. Il a été entouré par ses coéquipiers et par les autres joueurs. L'équipe adversaire a très bien réagi, elle était dépitée également", précise le président des Croisés de Bayonne qui a diffusé un communiqué de presse pour marquer le coup, car "c'est la première fois que le club est confronté à ça".
Le racisme n'est donc pas l'apanage des stades du football professionnel, mais peut également surgir au détour d'un stade de village.
Lionel Cabot,président des Croisés de Bayonne
Dans ce communiqué, le club veut aussi dénoncer des dérapages dans le sport amateur. "Ces dérives sont le reflet de la société. On parle de manque de tolérance et de manque du respect des différences", selon lui. Le communiqué a été publié sur la page Facebook des Croisés de Bayonne dont la section foot compte 630 licenciés dont 450 ont moins de 18 ans.
Le président des Croisés de Bayonne a d'ailleurs annoncé des actions de sensibilisation le week-end prochain : tous les joueurs porteront un t-shirt avec le message "Non au racisme" lors des matchs.
Match interrompu et plaintes
"Face à la brutalité et la violence des faits et gestes", l'arbitre a interrompu définitivement le match. Son rapport devrait être "accablant".
En face, l'Étoile béarnaise de Siros a indiqué qu'elle portera plainte. "Je prends l'engagement de retrouver le(s) responsable(s) pour rendre justice. Aucune tolérance envers toute forme de discrimination", indiquait de son côté le coprésident du club béarnais, apportant son soutien au joueur visé. Des réactions fermes qui témoignent de la volonté des instances départementales de prendre ces actes de racisme très au sérieux.
Cet incident ne représente en rien les valeurs de notre club, et nous continuerons de lutter et de dénoncer ce genre d'actes inhumains.
Co-président de l'Etoile Béarnaise
La veille, samedi 23 novembre, un incident du même type s'est produit lors d'un match à Biganos, en Gironde, catégorie U15. En fin de rencontre, un parent a lancé "sale arabe" à un jeune joueur de l'US Lormont. Des propos racistes que le club de la banlieue bordelaise et la Ligue de Nouvelle-Aquitaine ne comptent pas laisser passer. "L’arbitre a d’ailleurs plutôt très bien réagi, car au coup de sifflet final, il est allé récupérer l’identité de la personne qui a tenu ces propos", a précisé Olivier Martin, président de l’US Lormont au journal Sud-Ouest.
"Il faut sanctionner ces actes"
La ligue de football Nouvelle-Aquitaine basée au Haillan, en Gironde, a également émis un communiqué condamnant "fermement les actes de racisme" survenus le week-end dernier le 25 novembre. "Ces faits provenant de parents ou de supporters n'ont aucune place dans notre sport ni dans notre société et constituent un délit au regard de la loi française et sont pénalement répréhensibles", ont écrit le président régional François Grenet, et les présidents des districts des Pyrénées-Atlantiques et de Gironde.
La ligue amateur a salué le travail "du corps arbitral qui a immédiatement pris des mesures appropriées soit en arrêtant le match soit en identifiant les fauteurs de troubles. Leurs interventions témoignent de l'engagement de tous les acteurs du football pour défendre nos valeurs de respect de tolérance et d'inclusion", conclut le communiqué. La ligue a par ailleurs assuré soutenir le club de Lormont et la famille dans leurs démarches, notamment au niveau juridique.
Des actes loin d'être isolés dans la région. En Dordogne, le 20 octobre dernier, c'est un arbitre, d'origine asiatique, qui avait déposé plainte pour injures raciales lors d'un match de Coupe de France féminine qui opposait le Bergerac Périgord FC (BPFC) à son homologue de Gradignan, au stade du Pont Roux, à Bergerac. "Va arbitrer en Chine" lui avait lancé un des joueurs du BPFC lors de la première mi-temps.
Des faits qui témoignent d'une augmentation des incivilités et des violences dans le football amateur de tout l'hexagone. Dans certains départements à l'instar de l'Essonne, des rencontres se sont déroulées sous surveillance policière. Dans la Somme, les instances locales travaillent avec la préfecture pour endiguer les dérapages de plus en plus nombreux.