Le plan d'économie du gouvernement a de lourdes conséquences pour les collectivités territoriales, obligées de faire des coupes drastiques dans leur budget ou de renoncer à certains projets en 2025. Le Président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques évoque même le financement de la LGV qui pourrait se retrouver affecté.
Économies, budget revu à la baisse, gestion de crise. Les collectivités locales subissent l'effet domino des annonces budgétaires du gouvernement Barnier. Dans les Pyrénées-Atlantiques, les économies préconisées s'annoncent conséquentes : 68 millions d'euros en 2025.
"C'est colossal et totalement irréaliste !", dénonce Jean-Jacques Lasserre, le président (Modem) du Conseil départemental. Pour lui, la situation était prévisible. . "Nous avons perdu toute la fiscalité. Tous les gouvernements sont responsables. La suppression de la taxe d'habitation est lourde de conséquences. On s'en rend compte maintenant".
Le département dépend financièrement de la dotation d'état et des droits de mutations (notariés). En 2025, il faudra faire des économies et des renoncements dans des secteurs qui voient leurs dépenses sans cesse augmenter, comme le social, les collèges et les routes qui font partie des prérogatives du département.
En situation de crise comme nous le connaissons, les dépenses sociales augmentent d'une façon vertigineuse ! Nous sommes dans une situation extrêmement délicate.
Jean-Jacques LasserrePrésident du département des Pyrénées-Atlantiques
Et le président de décrire plusieurs thèmes sociaux sur lesquels l'Etat "n'honore pas ses engagements" à l'instar du RSA, basculé sur le budget du département.
Moi-même, j'étais plutôt soucieux de la réussite de ce gouvernement. Mais il arrive un moment où la vérité doit sortir de la bouche des élus !
Jean-Jacques LasserrePrésident du département
Au département, on indique avoir provisionné près de 40 millions d'euros, mais le compte n'y est pas. "Mais en 2025, les sources seront taries..." Pour 2025, il va falloir notamment différer les investissements prévus et surtout geler les subventions des communes pendant au moins six mois, "en espérant que la situation se rétablisse"...
Se désengager de la LGV ?
D'autres dépenses risquent également d'être revues à la baisse. "Il faudra faire des arbitrages" explique le président Lasserre. Il évoque même la possibilité de se désengager du financement de gros projets nationaux tels qu la LGV. Même si "la dépense n'est pas aujourd'hui", Jean-Jacques Lasserre évoque du moins la possibilité d'en dénoncer les conventions.
L'Etat et 25 collectivités locales, à égalité soit 40 %, financent les nouvelles lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne, soit 5,6 milliards d'euros. S'y ajoutent les financements de l'Europe à hauteur de 20 % soit 2,8 milliards. Les Pyrénées-Atlantiques ont signé le 16 décembre 2021 leur accord de principe de ce financement qui s'élèverait pour le département à près de 54 millions d’euros. Un éventuel désengagement "à contrecœur" pour le responsable politique qui entend "lancer la réflexion" sur le sujet.
8 % du budget à Biarritz
Dans toutes les communes, l'heure est également au serrage de ceinture. À Biarritz, il faudra économiser en 2025 plus de 5,5 millions d'euros soit 8 % des dépenses de fonctionnement. Maïder Arostéguy, la maire (LR) de Biarritz accuse le coup. "Ça nous déséquilibre complètement le budget et, malgré tous les efforts qu'on a faits et qu'on continue à faire, il arrive un moment où on ne sait plus faire."
Contrairement à l'Etat, nous avons dans l'obligation de voter des budgets à l'équilibre.
Maïder ArostéguyMaire de Biarritz
Cela va toucher les ressources humaines. Ici, on va geler les embauches et ne pas renouveler les départs à la retraite des fonctionnaires. Pour Madame la Maire, c'est forcément une "dégradation de la qualité de service qu'on peut rendre aux citoyens". Elle dénonce les conséquences de ces restrictions pour la région et en descendant, pour le département, l'agglomération, puis chaque ville.
Un effet domino qui, selon l'édile, va être "meurtrier certainement pour les entreprises" qui sont sous-traitants. Sans compter le tissu associatif particulièrement tributaire des subventions.