Les inquiétudes de la filière kiwi après les inondations dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques

Cinq jours après les inondations, l’heure est au constat. Après trois inondations en quatre ans, les producteurs se retrouvent pour faire le point. Ils s’interrogent sur la pérennité de la filière locale.

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Nous sommes juste à côté de Peyrehorade. A la frontière des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. Là même où se rejoignent le gave de Pau et le Gave d’Oloron pour former les Gaves Réunis. A chaque alerte émise par météo France, tous les regards se tournent vers cette zone. Et ce week-end, une fois de plus, le secteur a été inondé.

"Tout cela va partir sur de la pourriture au niveau racinaire »

A Sambes, des Pyrénées-Atlantiques. Les arbres fruitiers de Christian Cantau ont toujours les pieds dans l’eau. La totalité de son exploitation est sous 80 cm d’eau. Heureusement la récolte avait déjà eu lieu, mais l’inquiétude reste forte. « C’est problématique parce que tout cela va partir sur de la pourriture au niveau racinaire », nous montre le kiwiculteur. « On ne sait pas comment on va faire pour évacuer cette eau rapidement ». Une urgence pour les agriculteurs de Sames mais aussi de Giche, où près de 1300 hectares sont encore inondés.

De l’autre côté de la rive, dans les Landes, à Cauneille, Julien Pedelucq constate lui aussi les dégâts. L’eau est montée jusqu’à 1,50. Aujourd’hui elle est redescendue mais il est inquiet. Après les inondations de 2019 le producteur avait investi 500 000 euros. Il avait ainsi installé des poteaux de protections. C’est eux qui ont permis de préserver sa culture le week-end dernier. « Cela a fonctionné en grande partie. Les gros troncs, les grosses branches, celles qui peuvent faire des dégâts tout du long ont été stoppées. Il y a peut-être même eu un effet de barrage ». Mais avec les inondations des sédiments sont venus se poser et ils ont affaiblit la terre et les pieds de kiwi. « Pour savoir si le verger est sauvé on n’aura une réponse qu’en juin juillet », explique Julien Pedelucq.

« Reviendront les très grosses chaleurs et là le verger en bon état va passer et se développer, et le verger qui est très faiblard va disparaitre ».

Julien Pedelucq

La filière s'interroge

Alors les acteurs de la filière se retrouvent pour échanger et tenter de trouver des solutions. A Sames associations agricoles et syndicats des berges se sont réunis ce mardi. A leurs yeux, le système d’évacuation des barthes est insuffisant. « C’est des clapets qui se vident par rapport à la marée", explique Christian Cantau. "Quand la mer baisse, la rivière baisse, les clapets s’ouvrent. Et quand la marée remonte les clapets se referment. Pour vider une zone comme cela c’est minimum quinze jours ou un mois ». Les agriculteurs ont de stations de pompage qui permettent de cultiver en zone humide. Elles ont toutes été mises en route dimanche pour accélérer le processus. Mais face à ces crues récurrentes, les kiwiculteurs se sentent impuissants. « Depuis 1984 jusqu’en 2018 j’avais jamais vu l’eau », constate Raymond Pouyanne, Agriculteur, Président du syndicat des berges de l'Adour.

« Et depuis 2018, on a vu trois inondations. Et malheureusement la culture du kiwi ne peut pas supporter cette asphyxie d’eau »

Raymond Pouyanne

Dossier de calamité agricole

Mêmes interrogations pour Christaian Pedelucq qui est le co-président Bureau Interprofessionnel du Kiwi Français. « Si de façon récurrente on se retrouve avec des inondations aussi fortes, est ce que les producteurs vont vouloir tenter le coup ? Une fois tous les dix ans c’est jouable, une fois tous les deux ans cela devient très compliqué. Donc en effet on se pose vraiment la question ».

durée de la vidéo : 00h01mn44s
https://youtu.be/FxwTwOvbzVU

Les mairies Sales et Guiche vont apporter une aide financière pour le surcout électrique des stations de pompage. Mais les communes ont elles aussi de nombreux dégâts à traiter et financer, notamment les routes. Beaucoup ont été endommagées et certaines sont toujours sous l’eau.  « A chaque fois on a mis beaucoup d’argent sur nos routes communales pour les réparer », regrette Yves Pons, le maire de Sames. « En 2018 ca a été 40 000 euros, 60 000 euros en 2019, cette année je ne sais pas ».  Yves Pons vient de déposer un dossier de catastrophe naturelle et de calamité agricole.

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