Le duel est très serré à Bayonne et la clef de l'élection entre les mains des électeurs Abertzale, la gauche indépendantiste qui compte au Pays basque. Le maire sortant Jean-René Etchegaray, centriste, fait face à Henri Etcheto, socialiste, sur le plateau de France 3. Débat animé par Allande Boutin.
La conquête des votes Abertzale, la communauté Pays basque, l'urbanisation de la ville, voilà les thèmes qui animent la campagne de Bayonne. Jean-René Etchegaray le maire fait face à son opposant au conseil municipal Henri Etcheto. Les mêmes étaient déjà au second tour en 2014, mais un troisième homme figurait aussi dans le combat. Cette fois-ci, ce n'est pas le cas, l'élection tourne au duel.
En 2014, la liste UMP menée par Jean-René Etchegaray a remporté le scrutin avec 45,38/% des voix. La liste PS menée par Henri Etcheto a atteint 45,22% des voix au terme d'une course à la mairie très serrée déjà cette année-là. Henri Etcheto s'est incliné à seulement 26 voix près face à Jean-René Etchegaray.
Le cru 2020 est du même tonneau ou presque, serré. Des rebondissements en plus depuis le premier tour. La liste Bayonne Verte et solidaire, menée par Sophie Bussière et Jean-Claude Iriart, forte de 13,1% des voix au premier tour a refusé de s'allier avec la liste d'Henri Etcheto et s'est retirée de la course à la mairie. Quelques heures plus tard, la liste Demain Bayonne de Mathieu Bergé (11,2% au premier tour) a annoncé officiellement son alliance avec Henri Etcheto (29,8%).
Le vote abertzale, enjeu du second tour
Les indépendantistes de gauche, courtisés, ont amené des crispations dans la campagne. Une partie de cette gauche Abertzale et des personnalités de ce mouvement appellent clairement à voter pour le maire sortant
" Il ne s'agit pas toujours de Bayonnais d'ailleurs" précise le candidat socialiste.
Les Abertzale bayonnais comme les écologistes bayonnais ne se trompent pas et lorsqu'il s'inscrivent dans le camp du progrès, ils appellent plutôt au changement.
Alors Henri Etcheto trop jacobin, anti-basque ? "Ça fait partie des entourloupes qui sont instrumentalisées par mon concurrent. Il est de bon ton de monter des procès en sorcellerie "
" Je suis aussi basque que Jen-René Etchegaray, on n'a pas les mêmes positions, je n'entends pas qu'on dresse des bons Basques contre des mauvais Basques, c'est un mauvais procès fait pour justifier des connivences dont on espère quelques fruits pour le second tour, mais je crois que la plupart ne s'y laissent pas prendre "
Pour Jean-René Etchegaray, l'important est le rassemblement et une liste de tous horizons.
Effectivement quelques personnalités du monde Abertzale ont manifesté un soutien à ma candidature sans doute parce que dans ce mandat j'ai posé des actes, la création de la communauté d'agglomération pays basque.
"J'ai considéré qu'il fallait que pour que le Pays basque puisse exister, et peser dans les politiques que le pays basque puisse être uni. Le processus de paix, nous sommes au milieu d'une page qui n'est pas terminée. "
Pour l'accueil des migrants, qui a marqué le mandat du maire sortant, ses décisions " peuvent être considérées par un certain nombre d'Abertzale ou d'autres personnes de sensibilité de gauche comme des points positifs. "
Les finances de Bayonne et les priorités budgétaires font débat et s'opposent. Le rival socialiste reprochant des réalisations chères. Il prévoit donc en priorité s'il est élu, un audit des finances municipales.
Pas de clivage pour les fêtes de Bayonne
S'il n'y a pas de lancer de clé de fêtes de Bayonne pour l'édition de juillet 2020, le maire de Bayonne constate quand même en discutant avec les restaurateurs que les clients se mobilisent. "Beaucoup de restaurateurs ont des listes de réservations importantes. Il y aura des dizaines de milliers de personnes sur certains jours ( initialement prévus dans le calendrier des fêtes NDLR ) On ne va pas empêcher les personnes de vouloir aller au restaurant, au café, de se rassembler ".
Situation inédite, si la fête n'est pas décidée, pour autant le maire prédit des rassemblements. " Il faudra l'organiser, c'est la responsabilité d'un maire. "
Si l'opposant Henri Etcheto reconnaît qu'il n'y a pas de clivage sur le sujet, il regrette : " J'aurais aimé qu'on puisse en discuter en amont, je pense que le sujet le méritait ( .. ) comme pour la crise du Covid. " Il évoque la prévention qu'il faudra envisager pour ces rassemblements qui s'annoncent dans un mois.
Deux visions de la ville
Le rival du maire dénonce " la tentation de transformer la ville en vitrine, carte postale, touristique ". alors que lui l'envisage pour ses habitants Il y a des " quartiers délaissés, oubliés car on a trop dépensé dans des aménagements coûteux du centre ville. On a des quartiers qui manquent d'écoles... "
Et là, Henri Etcheto pointe : " un urbanisme abandonné aux promoteurs."
Nous, nous entendons reprendre les clés de la ville à la spéculation immobilière et garantir la sanctuarisation d'espaces verts.
Jean-René Etchegaray entend lui défendre son bilan sur le sujet :" La plupart des opérations se sont déroulées dans le cadre de la requalification urbaine d'espaces où il y avait déjà de l'activité ou de l'occupation humaine et où nous avons fait d'autres opérations. ( .. )
Nous sommes la seule ville de l'agglomération à faire en sorte que nous puissions présenter aux jeunes générations des produits accessibles à leurs moyens.
L'intégralité du débat enregistré le mercredi 24 juin est ici :