Le Pays basque, terre de surf et peut-être bientôt de foil. Cette pratique, dérivée du surf traditionnelle, s’impose progressivement sur les plages depuis une dizaine d’années.
Au petit matin, ils sont au milieu de l’eau, à quelques centimètres des vagues. Sous leur planche, qui semble léviter, un foil : une langue de métal équipée d’ailes qui permet autant d’avancer que de se diriger. Aujourd’hui, une cinquantaine d’adeptes viennent “foiler” sur la côte basque.
“Le foil a démarré récemment et prend le même chemin que le kite surf. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’évolution dans les matériaux et tout commence à se standardiser ce qui permet plus de cours et donc plus de pratiquants”, assure Pierre Pomiers, dirigeant et co-fondateur de Notox.
Fibre de lin et déchets aéronautiques
Dans ce magasin de surf d'Anglet, les planches traditionnelles ont fait la place à des nouvelles venues : les foils. Ces planches, plus petites, équipées d’un aileron en métal, sont de plus en plus recherchées par de nouveaux adeptes, en général des surfeurs confirmés.
La nouvelle glisse, c’est le foil. Ça permet aux surfeurs qui s’ennuient dans les petites vagues de s’amuser quand même.
Xabi Anton, dirigeant surf shop "Waïmea"
Ces planches innovantes, Pierre Pomiers a voulu les rendre aussi locales et écologiques. Elles sont toutes produites dans son atelier d'Anglet, avec des matériaux recyclés et upcyclés. “Nous utilisons des matériaux naturels comme la fibre de lin, la résine epoxy biosourcée et désormais les déchets de fibre de carbone issus de l’aéronautique”, explique Pierre Pomiers.
Installé depuis treize ans, le co-fondateur de Notox s’est lancé dans la fabrication de planches de foil pendant le confinement. “Il y avait une pénurie de matériaux, car beaucoup étaient fabriqués en Chine. Xabi savait qu’on faisait des planches et c’est l’étincelle qui a lancé notre collaboration”, précise Pierre Pomiers. Une collaboration qui a permis, aujourd’hui, de mettre quinze planches sur le marché.
► Reportage de S. Deschamps et E. Clerc
2 500€ minimum
Et si ces planches sont made in France, leur prix est quasiment le même que celui des planches étrangères. “Le coût de la main d’œuvre en France est plus élevé c’est sûr, mais comme tout est en direct entre l’atelier et les magasins, on économise sur tous les étages de marge”, détaille le dirigeant de Notox.
Des planches qui coûtent aujourd’hui entre 1000€ et 2000€. Pour le foil, lui, toujours produit à l’étranger, il faut compter 1 500 € pour un mélange aluminium et carbone, 2 000 € pour un “full carbone”.
Pratique encadrée
Si ce nouveau sport de glisse est principalement pratiqué par des surfeurs confirmés, il reste strictement encadré par les municipalités. A Anglet, la pratique est autorisée sur cinq plages, uniquement de 6h à 9h30.
Saint-Jean-de-Luz, elle, autorise la pratique uniquement sur la plage des Flots Bleus, tout comme Sainte-Barbe où la pratique est autorisée toute l'année. A Biarritz, les adeptes ne peuvent s'adonner à leur sport qu'avant 9h30 et après 20h.
Des règlements municipaux initiés par de nombreux baigneurs, réticents face à une pratique considérée comme dangereuse. Une image regrettée par les surfeur issue d'un accident impressionnant d'un pratiquant hawaïen. Pourtant depuis, en France, aucun accident majeur n'aurait été recensé.