La Surfrider Fondation a déposé un projet visant à protéger les vagues de la côte basque menacées par l'urbanisation. Elles pourraient être classées "réserve mondiale" comme 12 autres sites dans le monde. La décision sera connue d'ici la fin 2021.
"Elle était devant vous la vague, elle démarrait de là et se déroulait, c'était une droite mondialement connue" se souvient Robert Rabani, figure du surf au Pays basque.
Cette vague mythique des années 60, 70 a disparu, cassée par la digue érigée sur la plage.
Elle pouvait atteindre jusqu'à 4, 5 mètres, elle ouvrait, il suffisait de la suivre et tu la surfais sur 200 mètres, c'était incroyable.
"Malheureusement, au fur et à mesure que la digue avançait, le spot a complètement changé, les bancs de sable ont bougé. On l'appelle maintenant la vague disparue".
La vague de La Barre à Anglet a bien été victime de l'urbanisation. Et de nombreuses autres sont menacées sur la côte basque.
Des spots en danger
"On a des spots en danger. On a perdu énormément de sable à cause de l'érosion. Les travaux réalisés sur la côte font que les bancs bougent et perturbent le fonctionnement des vagues. Par exemple, à la Chambre d'Amour à Anglet, on perd des mètres de plage et on ne peut plus surfer qu'à de courts moments de la journée autour de la marée basse" explique Rémy Moreau, bénévole à l'antenne locale de la Surfrider Fondation.
L'association a décidé de demander le classement du littoral basque en réserve mondiale de surf.
Elle a présenté un dossier à l'ONG Save the Wave, habilitée à établir ce classement, et a été retenue parmi les finalistes. Elle doit maintenant déposer un deuxième dossier, plus complet, d'ici le 15 octobre. Un seul candidat obtiendra le label. La décision sera connue d'ici la fin de l'année.
Protéger les vagues mais pas seulement
La zone classée serait comprise entre La Barre à Anglet à l'embouchure de l'Adour et la plage de Lafitenia à Saint-Jean-de-Luz.
Si le dossier est retenu, le site deviendrait la douzième réserve mondiale et la deuxième en Europe après Ericeira au Portugal.
Ribeira d'Ilhas is the most famous wave in Ericeira, Portugal. It is a unique World Surfing Reserve-protected surf spot and a world-class point break.#ribeiradilhas #ericeira #worldsurfingreserve #portugal #surf #surfing @visitportugal @SaveTheWaves
— SurferToday.com (@surfertoday) October 6, 2021
Pour Save the Wave, il ne s'agit pas seulement de préserver des spots de surfers. C'est toute la biodiversité inhérente à l'océan qu'elle entend sauvegarder.
"Un écosystème de surf est plus qu'une vague. Ce sont les composants géophysiques, les plantes, les animaux et les interactions humaines qui rendent un endroit spécial. La protection des écosystèmes de surf maintient certes l'intégrité de la vague mais protège aussi les habitats marins et préserve les moyens de subsistance locaux" explique l'ONG.
Il faut protéger l'océan à tout prix. Aujourd'hui, c'est pas le rugby qui nous fait vivre. C'est l'Atlantique et le surf est le sport numéro 1 ici.
Eviter les constructions nuisibles
L'objectif est d'éviter de voir se développer des constructions qui nuiraient au littoral. "Avant toute étude de travaux, concernant la zone côtière on devra établir une discussion entre les surfers, les collectivités locales et les acteurs économiques. Plutôt que se battre contre des projets qui vont menacer nos vagues on pourra tout de suite faire entendre notre voix et dire attention là il y a un risque" espère Rémy Moreau.
Il faudra ainsi s'interroger en amont avant tout projet concernant les ports, les jetées, les digues, les blindages côtiers, les brise-lames ou les constructions en front de mer qui peuvent "détruire ou altérer à la fois les vagues et les écosystèmes côtiers".
Protéger 1000 vagues d'ici 2030
Pour Save the Wave un écosystème de surf est "l'interface terre-mer qui crée les conditions pour les vagues déferlantes et surfables, ainsi que la flore, la faune et les communautés humaines qui en dépendent".
Son objectif est d'arriver à protéger 1000 vagues à travers le monde.
Surf waves coincide w/ biologically diverse marine& coastal ecosystems. Through the Surf Conservation Partnership, @ConservationOrg & @SavetheWaves are working to mobilize the global surf community as advocates for the protection of these important ecosystems. #NatureisSpeaking pic.twitter.com/lU0wW9HSAb
— Conservation Intl (@ConservationOrg) August 5, 2021
Elle a classé 11 réserves de surf à ce jour :
- Malibu, Californie
- Ericeira, Portugal
- Manly Beach, Australie
- Santa Cruz, Californie
- Huanchaco, Pérou
- Bahia Todos Santos, Mexique
- Punta de Lobos, Chili
- Gold Coast, Australie
- Guarda Do Embau, Brésil
- Noosa, Australie
- Punta Borinquen, Porto Rico
L'antenne basque de Surfrider fait un appel aux photographes pour finaliser son dossier. Elle a besoin de clichés de vagues et de faune et flore locales. "Vous nous seriez d'une grande aide. Nous recherchons également des surfeurs reconnus, associations, élus locaux, représentants d'institutions locales ou figures importantes de notre communauté basque qui souhaiteraient soutenir le projet" écrit l'association sur sa page facebook.
Elle invite les volontaires à la contacter sur ce mail avant le 15 octobre : wsr-cotebasque@surfrider.eu
Regardez le reportage d'Iban Carpentier et Sandrine Estrade :