Le parquet de Bayonne évoque un départ de feu d'origine humaine à Anglet après un premier bilan réalisé par la police scientifique. Accidentel ou criminel ? Cela reste à déterminer.
Quatre agents de la police scientifique et technique de Toulouse et Marseille ont procédé à des premiers relevés ce matin au coeur de la forêt, dévastée, de Chiberta.
"Nous on fait des prélèvements pour chercher d'éventuelles substances inflammables, nos collègues de l'identité judiciaire relèvent eux les empreintes ADN, les traces de pas, de main..." nous explique l'un de ces experts spécialement dépêchés sur place.
Le feu parti d'un sentier en bordure de forêt
Après plusieurs heures de recherches, ils ont réussi à déterminer d'où le feu est parti. Ce serait au niveau du stade Oroc-Bat, à une centaine de mètres en arrière, le long d'un sentier qui borde la forêt. Non loin de là où les secours avaient installé leur quartier général jeudi soir.
"On a regardé la combustion de la végétation, sur le tronc des arbres notamment, de quel côté le feu est arrivé, le côté noir, le côté blanc, les traces de fumée sur les pierres, des petits indices qui nous ont permis de nous orienter vers la zone du départ de feu".
Et un premier indice retient l'attention. Un reste de lanterne qui pourrait être une origine potentielle de départ de feu. "Tout est indice, on recherche tout".
Origine humaine certaine
Caroline Parizel, la vice-procureur de Bayonne, confirme qu'il n'y a eu ni foudre ni défaillance électrique qui auraient pu provoquer une étincelle. "Ce qui est sûr c'est qu'il y a une action humaine" a t-elle déclaré ce samedi "il y a eu une intervention de l'homme, ça peut être un mégot de cigarette, ou un tesson de bouteille qui aurait fait effet loupe."
L'enquête pour "destruction par incendie", menée par les fonctionnaires de la police judiciaire de Bayonne, se poursuit en collaboration avec les pompiers et l'Office National des Forêts. Une fois la zone de départ déterminée, elle va s'attacher à rechercher en priorité l'élément déclencheur du feu. Ce qui permettra de savoir s'il agit d'un acte intentionnel ou d'un accident. Dans tous les cas "la destruction de forêt constitue un délit passible de 5 à 7 ans d'emprisonnement" au minimum précise la magistrate.
L'analyse des prélèvements devrait révéler s'il s'agit d'un acte volontaire ou accidentel
La tâche ne s'annonce pas facile car selon l'un des ingénieurs de la section incendie-explosion du laboratoire de l'Institut National de la Police Scientifique de Marseille, "en incendie de forêt, les incendiaires utilisent rarement des substances inflammables. Ils y vont directement à la flamme nue avec un briquet ou autre d'où la difficulté de prouver l'origine volontaire" .
Les prélèvements réalisés aujourd'hui devront être analysés et les résultats seront divulgués la semaine prochaine. Les enquêteurs vont maintenant "recueillir des témoignages, rescencer les victimes et évaluer les dégâts avec précision" indique Caroline Parizel.
Le bilan de l'incendie est très lourd. 165 hectares de forêt ravagés au coeur de la ville d'Anglet dans une pinède de 270 hectares, 5 maisons détruites, 6 endommagées et une vingtaine de personnes hospitalisées suite à des intoxications.
De très nombreux curieux se pressaient aux alentours de Chiberta ce samedi pour se rendre compte de l'étendu des dégâts et prendre d'innombrables photos.
Une vingtaine de pompiers sont toujours sur place pour surveiller la zone encore parsemée de nombreuses fumerolles. Ils devraient rester toute la journée et toute la nuit de samedi à dimanche.
Regardez le reportage d'Andde Irosbehere et Emmanuel Clerc :