"L'État et Orange nous ont tués" : 150 emplois de Scopelec Aquitaine menacés, faute de repreneur

Spécialisée dans les télécommunications, Scopelec était en redressement judiciaire. La plus grosse coopérative de France est finalement reprise par une société française concurrente, Circet. Mais en Aquitaine, les 150 salariés restent sur le carreau.

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C'est la plus ancienne et la plus importante coopérative en France. Fondée en 1973, elle compte 2.300 salariés dans toute la France, 563 en Nouvelle-Aquitaine. Le groupe installe et entretient le réseau fibre. Mais fin 2021, son principal client Orange met fin à son contrat et prive Scopelec de 40% de son chiffre d'affaires. 

Les salariés qui possèdent 74,8 % du capital, ne renoncent pas et montent un projet de reprise Newscope. Ils s'engagent à garder 1457 salariés. Mais c'est une société française concurrente, Circet, que le tribunal de commerce de Lyon choisit. Elle est plus solide financièrement, mais sauve moins d'emplois : 1049. Les salariés aquitains n'en font pas partie. Scopelec Aquitaine n'est pas dans le projet de reprise.

À Saint-Pierre d'Irube, au Pays basque, l'un des quatre sites aquitains, la décision était attendue, mais les salariés accusent le coup.

On a de l’amertume, de la colère, le sentiment d'un immense gâchis.

Eric Migliorini, directeur d'exploitation

Interrogée par nos journalistes Emmanuel Clerc et Emmanuel Galerne, Golinda Barbier, élue au CSE, elle aussi, semble affectée :

On l’attendait un petit peu dans la mesure où Circet avait un gros poids financier par rapport au Newscope. Orange s’est mis en mode dictateur et depuis le début n’était pas pour la newscope. Le couperet est tombé. C'est dommage. Ca fait mal.

Golinda Barbier, élue CSE

La majorité des salariés soutenait le projet Newscope. Et beaucoup se sentent trahis et par l'État, actionnaire à 23 % d'Orange et par l'opérateur lui-même.

On va être durs mais l’Etat et Orange ont tué Scopelec Orange s’était engagé. Monsieur Macron avait dit qu’il était favorable à ce modèle économique de la scop. Le dossier était au dessus de la pile avant les élections. Aujourd'hui, on n'a pas eu ces aides-là. Il y avait tout pour réussir.

Eric Migliorini, directeur d'exploitation

Le directeur d'exploitation reconnaît des erreurs de gestion. Certains évoquent la place trop importante prise par Orange, client depuis cinquante et le double jeu de l'opérateur qui parle en présence de l'État de compensations avant de changer de position et de ne plus soutenir Scopelec.

Début décembre, Carlos Verkaeren, président du directoire de Scopelec, s'était insurgé contre Orange, assurant avoir été informé que l'entreprise ne soutenait pas le projet de Newscope.

Cela inverse complètement la posture d'Orange, qui était jusque-là bienveillante, c'est inacceptable et incompréhensible

la direction de Scopelec

Dans ce marché très concurrentiel de déploiement de la fibre, la scop pouvait-elle faire le poids face Circet, qui appartient au fonds d'investissement britannique Intermediate Capital Group (ICG), et qui compte 15 350 employés dans 14 pays ? 

Le 7 décembre, des représentants politiques, parmi lesquels Carole Delga, le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet et le député Nupes François Ruffin avaient appelé l'État à "prendre ses responsabilités", pointant du doigt deux "projets diamétralement opposés" : ceux d'entreprises "détenues par des puissances étrangères", et celle de Newscope.

Les salariés avaient réuni un million d'euros pour leur projet. Ils espéraient un coup de pouce du gouvernement. Mi-décembre, ils avaient demandé au président Emmanuel Macron de se positionner au nom de la "souveraineté" en faveur de leur projet de reprise, mais selon le délégué syndical CGT Mario Cesaro, cette demande est restée lettre morte.

Macron n'a pas répondu au courrier, et on n'a jamais vu ni (le ministre de l'Économie) M. Le Maire ni le ministre du Travail (Olivier Dussopt) malgré nos appels. On n'est pas cotés en Bourse, donc on ne les intéresse pas. 

Mario Cesaro, délégué syndical CGT

Les 150 salariés d'Aquitaine attendent d'être fixés sur leur sort. Une réunion est prévue avec la direction lundi 2 janvier.

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