"C’est foutu". Villages ensevelis, route détruite, les habitants désarmés face aux dégâts causés par les intempéries

Dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 septembre, les pluies diluviennes ont entraîné des coulées de boues et des déplacements de terrains impressionnants en Vallée d’Aspe. Ce dimanche, les dégâts sont colossaux à Etsaut et Urdos, deux villages béarnais durement touchés.

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Il leur faudra des semaines pour effacer les stigmates de ce violent épisode météorologique. Dans la nuit de vendredi à samedi, le village d’Etsaut, en Vallée d’Aspe, dans les Pyrénées-Atlantiques, est enseveli sous des coulées de cailloux et de boue provoquées par 200 mm de pluie tombés en quelques heures. Depuis, le village est sans électricité ni téléphone. 

Un désastre

Les habitants d’Urdos, à quelques kilomètres, font le même triste constat. Au-dessus de leur village, une coulée de boue a entraîné un glissement de terrain, provoquant la destruction d’une partie de la RN134, qui relie le tunnel du Somport, entre la France et l’Espagne. Des scènes de désolation visibles dans les communes voisines de Borce et Cette-Eygun, où un pont s’est également effondré.

"Des centaines de milliers de mètres cubes ont enseveli le village"

À Etsaut, ce dimanche, les rues sont presque invisibles, recouvertes par des mètres de cailloux et de terre, charriés par un courant qui s’est formé dans la nuit de vendredi à samedi. “Ce sont des centaines de milliers de m3 qui ont enseveli le village. On parle de gravats, parce que ce ne sont que des cailloux qui sont descendus. Toutes les portes des maisons ont été forcées”, constate amèrement le maire d’Etsaut, Damien Minvielle.

Dans le village, les ouvertures en rez-de-chaussée des habitations se sont transformées en lucarnes. La Grave a poussé les portes et enseveli de nombreuses habitations. C’est le cas de ce magasin d’alimentation, particulièrement touché. “C’est foutu. Les étagères sont tombées, la vitrine s’est retournée”, indique Anna Poubens, la gérante. Impossible pour elle d’accéder à son commerce. “Il faut d’abord déblayer les cailloux devant la porte pour pouvoir entrer”.

Même sidération, un peu plus bas, dans le village. Sylvie Andraud, raclette à la main, tente d’extraire les derniers centimètres de boue qui ont envahi son rez-de-chaussée. “Nous, on a eu de l’eau, jusqu’à trois mètres, mais pas de cailloux. Toute la salle était inondée”, décrit-elle.

"C’est un phénomène climatique exceptionnel"

Depuis samedi, les habitants d’Etsaut et des communes alentour, armés de pelles, voire d’engins de déblaiement, aidés par les pompiers, la sécurité civile et les élus, retirent progressivement les tonnes de terre qui recouvre leur village. “On a l’impression que beaucoup est parti, mais il en reste encore énormément. Ça va mettre du temps, surtout qu’on n’avait pas d’électricité jusqu’à ce dimanche midi”, indique Pierre Lagrange, conseiller municipal d’Estaut, sur le pont depuis ce dimanche matin.

Ce n'est pas la terre de la montagne, c’est le lit du ruisseau qui, par la force des courants, a été emporté à des centaines de mètres. C’est un phénomène climatique exceptionnel.

Pierre Lagrange

Conseiller municipal d'Etsaut

On s'organise aussi pour aider les habitants privés d’électricité et, pour certains, d’eau potable. “On a eu un repas chaud livré ce samedi soir. Les élus, les habitants, il y a une vraie solidarité”, souligne une habitante du village.

Des mois de travaux

Même sidération à Urdos, où la RN 134 s’est effondrée, sur plusieurs mètres de large, emportée par un glissement de terrain. “On ne peut pas s’approcher parce que ce n’est pas stable. Il y a des fissures sur le bord de la faille”, indique Francis Larrivière, directeur adjoint à la DIRA.

Si l’axe est coupé depuis hier au trafic, à partir d’Oloron-Sainte-Marie, les habitants peuvent, eux, se rapprocher un peu plus. Une situation complexe sur laquelle travaillent déjà les élus et la préfecture. “Il va falloir redessiner un plan de trafic dans la vallée, parce que la nationale va rester coupée plusieurs mois”, indiquait, hier, le préfet, Julien Charles.

En premier lieu, une expertise devra être menée, “à l’aide de drone” pour évaluer la situation et les limites du chantier. “Il va ensuite falloir retrouver l’accessibilité et mettre en place un plan de reconstruction”, indique Francis Larrivière.

Le camping d’Urdos, situé au bord du Gave, est recouvert d’une couche de boue, haute de plusieurs centimètres. Évacué dès 2H du matin, il est complètement endommagé. 

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