"C'était l'apocalypse". 48 heures après les fortes intempéries dans les Pyrénées, le village d'Etsaut panse ses plaies

Route éventrée, torrent de boue et de roches, l'heure est au nettoyage et au déblayage dans la commune sévèrement touchées par ces violentes inondations. Entre sinistrés, la solidarité est de mise.

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Ce lundi matin, c’est toujours la sidération qui règne à Borce, Cette-Eygun et Etsaut où les routes menant à la place du village ont disparu. Dans ces trois communes de la vallée d'Aspe, les habitants durement frappés, font face aux nombreux dégâts. 

Les pelleteuses essaient de dégager les maisons et les commerces bloqués par toute cette terre qui a dévalé la montagne. "On s'est retrouvé avec 3 mètres de gravats dans le village", explique Damien Minvielle, le maire d'Etsaut. "Très tôt samedi matin, on a mobilisé une entreprise privée. Derrière, il y a eu une succession de mobilisations d'élus, de tous les services et de sociétés d’entreprises privées qui se sont prêtés main-forte pour dégager les gravats".

La réactivité des habitants

L'équivalent d'un mois et demi de pluie est tombé en seulement quelques heures durant la nuit du vendredi 6 au samedi 7 septembre. Ce lundi matin, 105 foyers étaient encore privés d’électricité dans la vallée. ERDF a mis en place neuf groupes électrogènes. Des bouteilles d’eau ont été distribuées en attendant les résultats d’analyses potables, qui doivent être connus dans la journée.

Toute la matinée, des hélicoptères avec, a leur bord, des sauveteurs du Peloton de gendarmerie de haute montagne ont survolé les zones sinistrées, afin de repérer les maisons isolées et leurs occupants. Des bergers y sont encore en estive. Le maire d'Etsaut a pu survoler la zone. Savoir qu'aucune victime n'est à déplorer sur sa commune est un vrai soulagement. "Il y a eu une réactivité des habitants qui sont tous autour de la place du village, dit-il. Sur le moment, ils sont tous montés au premier étage". 

"Il y a eu une belle solidarité"

René Andraud et sa femme Sophie dormaient à l'étage lorsque des torrents d'eau sont entrés dans leur maison. "On est descendu, raconte le retraité, mais l'eau rentrait tellement qu'on n’a pas pu intervenir. On a sauvé nos papiers, deux trois trucs, et puis voilà".

Il y avait du danger. Les meubles flottaient. Cela commençait à casser les carreaux avec des buffets très lourds qui se déplaçaient. C'était l'apocalypse.

René Andraud

Sinistré


 

Leur voiture a été emportée par les flots. Elle est bonne pour la casse. Et dans leur habitation, ce sont la cuisine et la salle à manger qui ont été les plus touchées. Denrées et électroménager sont irrécupérables. "Il y a eu une belle solidarité", poursuit celui qui partage sa vie entre Etsaut et Le Taillan-Médoc en Gironde. "Des gens sont venus de toute la vallée d'Ossau, du Pays basque et d'Espagne. Ils nous aident à nettoyer, à trier aussi. Nous avons tout sorti avec les pompiers. Il y a des trucs qu'on peut récupérer, d'autres non. Après, il faudra tout refaire à l'intérieur de la maison pour qu'elle soit vivable". 

"On entendait les rochers dévaler le gave"

Un peu plus loin, la maison Michel Ardurat a elle aussi été touchée dans une moindre mesure. Il n'était pas à Etsaut lorsque les intempéries sont survenues. "Samedi matin, les amis du village nous ont alertés, explique-t-il. On n’a pas eu trop d'eau parce que la maison est plutôt en hauteur. On est arrivés ce matin de Bordeaux pour faire le nettoyage. La bonne surprise, c'est que lorsqu'on est arrivés, les amis et les voisins avaient nettoyé la maison". 

Le retraité a donc échappé à une nuit qui traumatise encore les esprits. "Quand on est allés se coucher vendredi soir, on entendait les rochers dévaler dans le gave", explique Sophie Andraud à Claudine sa voisine. Cette dernière est venue donner un coup de main. Sa maison n'a pas été touchée.

C'est une obligation d'être là.

Claudine

Une voisine solidaire

 

Démarches administratives

Sophie Andraud, elle, tente d'avancer dans les démarches administratives. "Pour la voiture, c'est réglé avec l'assurance, explique-t-elle. Mais maintenant, il reste le problème de la maison. J'ai déclaré le sinistre samedi sur internet. Je ne sais pas comment cela va se passer. J'attends leur appel".

Plusieurs jours de déblayages attendent les sinistrés. "vendredi on y verra un peu mieux", espère le maire. "On retrouvera une vie un peu plus normale". Tous le savent, il faudra des semaines, et même plusieurs mois de travaux pour panser toutes les plaies. 

 

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