Le tribunal judiciaire de Paris a relaxé au bénéfice du doute François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau, des faits de complicités, par instigation, de détournement de fonds publics européen. Au MoDem, on espère un nouveau souffle.
Il aura fallu quasiment sept années d'instruction pour que François Bayrou soit relaxé. Le jugement rendu, ce lundi 5 février, par la 11ᵉ chambre correctionnelle du tribunal de Paris, va-t-il replacer l'allié historique d'Emmanuel Macron au centre du jeu politique et éclaircir l'horizon politique du triple candidat à la présidentielle ?
Pour Fabien Robert, secrétaire général adjoint du Mouvement Démocrate et conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine,"François Bayrou a toute sa place, comme il l'aurait dû l'avoir depuis sept ans dans les gouvernements qui ont servi le pays. Parce qu'il le mérite et qu'il en a l'envergue."
Le MoDem possède à l'heure actuelle quatre portefeuilles ministériels et le gouvernement s'apprête à annoncer la nomination de nouveaux ministres délégués et secrétaires d'État. François Bayrou, éphémère garde des Sceaux, avait du quitter son poste en 2017, alors qu'éclatait l'affaire dans laquelle il vient d'être relaxé.
Il va retrouver une place dans le débat politique qu'il n'aurait jamais dû perdre
Fabien RobertConseiller régional MoDem de Nouvelle Aquitaine
Même son de cloche du côté du parti présidentiel. Le député Renaissance Mathieu Lefèvre s'est s'exprimé sur X (ex Twitter) : "La justice, rien que la justice. François Bayrou est un grand homme d'État. C'est une très bonne nouvelle pour le pays. C'est une voix importante dans la majorité et bien au-delà."
Une "bonne chose" pour le RN
François Bayrou relaxé des faits de complicités, par instigation, de détournement de fonds publics européens : "une bonne chose" pour Jean-Philippe Tanguy, député Rassemblement national. "Toute cette affaire montée de toutes pièces par la Commission européenne pour empêcher tous les partis d'opposition à l'époque de faire leur travail et de faire de la politique s'effondre sur lui-même", analyse l'élu frontiste dont le parti est soupçonné d'avoir participé à un système de détournement de fonds publics européens.
Pour le député écologiste Julien Bayou, "le jugement dit qu'il n'y a pas d'éléments dans le dossier pour l'accuser. Le doute bénéficie à l'accusé, c'est à respecter (...) "
J'attends avec impatience le procès similaire s'agissant du Front national qui est accusé, et c'est à peu près similaire, de détournement de fonds concernant des emplois fictifs d'assistants européens.
Julien BayouDéputé EELV
"Monsieur Bayrou est relaxé, on en prend acte", commente Raquel Garrido, députée LFI. Mais "comme citoyenne, il y a pour moi d'une façon générale une sensation d'insatisfaction dans la façon dont on peut contrôler les gouvernants."
À Pau, l'envie de passer à autre chose
Dans l'opposition municipale, la relaxe du maire François Bayrou, à la tête de la ville depuis 2014, est jugée comme un soulagement par des figures locales à gauche.
"Je suis heureux que cette affaire qui agite notre ville se termine. Je souhaite que l'on passe à autre chose", juge Jérôme Marbot, élu municipal socialiste à la mairie de Pau. "Les Paloises et les Palois n'ont qu'une envie : que leur maire s'occupe de leur ville et ne soit pas pris par autre chose."
Pour Jean-François Blanco, élu municipal écologiste, François Bayrou "retrouve les coudées franches pour défendre ses idées, dans un moment où il est nécessaire d'agir pour les valeurs démocratiques et humanistes."
Et d'ajouter :
A Pau, nous allons pouvoir nous consacrer aux débats sur l'avenir de cette ville
Jean-François BlancoElu écologiste à la mairie de Pau
François Bayrou au gouvernement ?
En 2017, l'affaire des assistants parlementaires européens avait entraîné la démission de François Bayrou, alors qu'il venait d'être nommé Garde des Sceaux dans le gouvernement d'Edouard Philippe.
Le président du MoDem, actuel Commissaire au plan, fera-t-il son retour au sein du gouvernement ? La réponse ne tardera pas puisque les nouvelles nominations sont attendues en ce début de semaine. Des responsables du MoDem ont publiquement appelé ces dernières semaines à un "rééquilibrage", après une première vague qui a fait la part belle aux personnalités issues de la droite.