Depuis lundi 27 mai, le procès de Leïla Abaiji et Maxime Triboulet se tient à la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques. Cette mère et son fils sont accusés de meurtre et d’actes de torture sur un sexagénaire. Leur personnalité, leur motivation étaient au cœur de l’audience qui s’est tenue ce jeudi 31 mai.
Un duo fusionnel et toxique. Voici comment sont décrits Leïla Abaiji et Maxime Triboulet, une mère et son fils, accusés de meurtre précédé d’actes de torture et de barbarie sur Renaud Leprince, un sexagénaire palois handicapé et influençable selon l’instruction.
Depuis trois jours, la cour d’assises de Pau tente de comprendre ce qu’il s’est passé ce 16 octobre 2020, mais surtout qui est l’auteur des coups, aussi violents que mortels. Frappé d’une dizaine de coups de couteau, après avoir été forcé d’ingérer des néons, Renaud Leprince a vécu cette journée-là, ses derniers instants dans la souffrance. Son corps sera retrouvé quatre jours plus tard, un couteau à pain planté dans la gorge. Quatre ans après les faits, aucun des accusés ne reconnaît son implication dans ce meurtre barbare, chacun rejetant la faute sur l’autre.
Pour Christophe Arcaute, l'avocat de la famille de la victime, l'acharnement sur Renaud Leprince est le fait de deux auteurs. "Il y a 34 coups de couteaux, des fractures multiples, Le visage, on ne le reconnaît plus. Cet homme a été déshumanisé."
Je reste convaincu qu'ils étaient à deux pour faire une telle atrocité.
Me Christophe ArcauteAvocat de la famille de la victime
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"Elle ment, c'est son mode de vie"
Dans le box, Leïla Abaiji, comme son fils, est quasi mutique. L’apparence de l’accusée, petite, ses longs cheveux gris ramassés en demi-queue de cheval, laisse apercevoir les stigmates de sa toxicomanie : elle n’a presque plus de dents. Une silhouette frêle qui cache pourtant une personnalité manipulatrice, exacerbée par l’alcool et la drogue. “Elle ment, c’est son mode de vie : elle raconte, elle y croit, elle n’y croit plus, elle est confuse”, résume l’expert. Une véritable “veuve noire”. La cinquantenaire, hébergée gratuitement par Renaud Leprince, utilisait en effet régulièrement la carte bleue de son hôte pour retirer de l’argent.
À 23 ans, Maxime Triboulet, crâne rasé, barbe de trois jours sur les joues, hésite aussi. Il ne réagit que lorsque la Cour lui demande et consulte régulièrement ses avocats. L’expert dépeint un jeune homme qui “s’arrange aussi avec la réalité”, du fait de “ses carences affectives". Dernier enfant de sa mère, il oscille entre haine et compassion. “Il y a un conflit entre loyauté et désir de s’extirper de son emprise”, explique l’expert. Consommateur de cannabis et de cocaïne, Maxime Triboulet a vécu une enfance difficile, entre une scolarité chaotique et des violences récurrentes.
Pour lui, “il peut se battre pour sa mère”. Une violence que le jeune homme n'assume cependant pas. Stimulée par la prise de cocaïne, elle pourrait être à l’origine du passage à l’acte.
"Elle lui a fait bouffer du néon"
L’après-midi, les témoignages s’enchaînent. Celui de l’ex-copine de Maxime Triboulet d'abord, elle-même accusée de modification de la scène de crime pour avoir déplacé le corps. Maxime lui aurait confié avoir été présent au moment des faits. “Il m’a dit qu’il [Renaud Leprince ndlr] avait bouffé du néon, il avait du verre dans la bouche. Sa mère lui a fait bouffer du néon”, indique la jeune femme, en larmes, qui précise que Maxime lui a seulement indiqué avoir “nettoyé le sang et rangé l’appartement”.
Une version qui "charge notre cliente", reconnaît Me Katia Ibanez, avocate de Leïla Abaiji. "La version de Maxime Triboulet est du postulat que notre cliente a commis les faits".
Mais, au final, on sait très bien que l'ex-compagne n'a pas assisté aux faits et n'est pas en capacité de dire qui a fait quoi.
Me Katia IbanezAvocate de Leïla Abaiji
À l'issue de cette quatrième journée, les deux accusés campent sur leur position et s'accusent toujours mutuellement. Le procès s'achèvera ce vendredi 31 mai. Les jurés devraient rendre leur verdict dans la soirée.