"On a honte de devoir faire ça". Patients dans la salle de bains, lits empilés... l'hôpital de Pau sous tension

Le week-end du 27 janvier, le centre hospitalier de Pau a dû ouvrir des lits supplémentaires face à l'arrivée de patients aux urgences. Faute de place, deux lits ont été installés dans des chambres simples, une salle de bain a même été réquisitionnée. Le personnel et les syndicats alertent sur les conditions dégradées de prise en charge des patients.

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Mettre deux patients dans une chambre qui ne peut accueillir qu'un seul lit, voire installer un patient dans une salle de bains, faute de place : c'est la situation dans laquelle s'est retrouvé le centre hospitalier de Pau, ce week-end du 27 et 28 janvier.

De nombreux patients, surtout des personnes âgées, se sont présentés aux urgences ces derniers jours, et l'hôpital s'est retrouvé en tension, avec aucun lit de libre le vendredi soir. La direction décide alors, du soir pour le lendemain, d'ouvrir des lits supplémentaires afin d'être sûrs de pouvoir accueillir les personnes venant des urgences au cours du week-end.

"Ça touche à la dignité des personnes"

Mais ces lits ont été ouverts sans forcément disposer de l'espace nécessaire : des pièces qui n'étaient pas des chambres ont été transformées pour accueillir des lits, et dans d'autres chambres, les médecins ont alors dû mettre des patients "les uns sur les autres".

"J'ai dû expliquer à une femme âgée, venue avec sa fille, qu'elle devrait partager sa chambre simple avec une deuxième personne", raconte un médecin, qui souhaite rester anonyme. Les lits ne sont qu'à quelques mètres d'écart, sans paravent pour les séparer. "On a honte de devoir faire ça, parce que ça touche au respect, à la dignité des personnes, elles n'ont plus d'intimité."

Devoir "empiler" les lits était une première pour l'hôpital palois. "Ça nous a fâchés, parce qu'on avait toujours réussi à trouver une solution jusqu'à maintenant pour ne pas en arriver là", regrette le médecin.

La direction, de son côté, souligne une situation de tension "très rare" aux urgences, et se défend de tout dysfonctionnement. "C'est le dispositif qui nous paraissait le plus adapté à l'instant T, insiste Julien Mouret, directeur adjoint chargé des affaires générales au centre hospitalier de Pau. La priorité était le soin des patients, et ce sont évidemment des mesures exceptionnelles et temporaires."

Cette situation n'a effectivement duré que le temps du week-end, mais les professionnels de santé craignent que cela ne devienne une habitude. "Pour moi, cela peut se reproduire dans le temps sans problème, car ce ne sont pas des lits qui sont ouverts au long cours", déplore le médecin du centre hospitalier.

Maintenant, la politique, c'est d'avoir un taux de remplissage tout le temps à 100%. Mais l'affluence fluctue, et quand on a fermé des lits, on ne peut pas les rouvrir comme ça.

Un médecin du centre hospitalier de Pau

"On ne sait plus où mettre les patients"

Du côté de la direction, on affirme que des "travaux quotidiens" sont menés, notamment au niveau du transfert des patients pour libérer des lits, et ainsi éviter que ce genre de situation ne se reproduise à l'avenir.

La CGT, alertée lundi 29 janvier par plusieurs agents, veut faire remonter l'inquiétude du personnel. "Ils doivent s'occuper de patients supplémentaires sans avoir plus d'effectifs. Physiquement, on rajoute des lits, mais les conditions ne sont pas réunies pour le faire", dénonce Sandrine Barada, représentante du syndicat.

Pour cette membre de la CGT, cette surtension viendrait de la reprise à 100% des activités du bloc opératoire. "Sur les derniers mois, la chirurgie ne fonctionnait pas à plein, et les lits en plus servaient à accueillir ces patients-là, qui arrivaient des urgences. Sauf que maintenant, le bloc fonctionne à taux plein, donc on ne sait plus où mettre les autres patients."

La sécurité des patients en question

Au-delà des conditions d'accueil, cette surtension des services pose aussi des problèmes de sécurité pour les patients. "Par exemple, si quelqu'un a besoin d'oxygène, il n'y a qu'un seul patient sur les deux qui peut être branché, évoque la représentante de la CGT. La sécurité incendie pose aussi beaucoup question. On joue avec le feu."

"Tout ce qu'on a mis en place a été fait dans le respect des normes, répond Julien Mouret, directeur adjoint du centre hospitalier. Les espaces configurés l'ont été de manière sécurisée pour les patients, sinon on ne l'aurait pas fait."

On fait du soin pour s'occuper des gens correctement, pas pour faire ce genre de choses.

Un médecin du centre hospitalier de Pau

Une situation de tension et d'incertitudes que des personnels soignants ont du mal à vivre au quotidien. "On a l'impression de mal faire notre travail, témoigne le médecin du centre hospitalier. Les patients ne sont pas mal soignés, mais ce n'est pas normal d'avoir ce genre de prise en charge, de devoir tout faire dans l'urgence."

Mardi 30 janvier, la CGT affirmait qu'elle allait demander "des éléments de réponse" à la direction du centre hospitalier palois, concernant le nombre de lits ouverts en plus et les moyens mis en place. En fonction de ces réponses, le syndicat se réservait la possibilité de "déclencher d'autres procédures" dans les jours à venir.

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