Plus de 400 agriculteurs ont répondu à l’appel de la FDSEA à Pau ce jeudi pour protester contre le plan du gouvernement, jugé insuffisant face à la hausse de leurs coûts de production.
En tracteur ou à pied, ils sont plusieurs centaines à avoir investi les rues de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques ce jeudi. Réunis à l'appel du syndicat majoritaire FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles), les agriculteurs basques et béarnais ont fait entendre leur colère à Pau, face aux mesures du gouvernement jugées insuffisantes.
Conséquence directe de la guerre en Ukraine, le prix de certaines matières premières s'est envolé. Face à cette crise, le ministère de l'agriculture a annoncé le 16 mars dernier un plan de résilience, comprenant notamment une aide de 400 millions d'euros pour l'alimentation animale, une baisse du coût du carburant, le remboursement partiel de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), l'éligibilité à une aide pour les entreprises consommatrices de gaz, et 60 millions d'euros supplémentaires pour la prise en charge des cotisations sociales.
De 50 à 200 % d'augmentation
Pas de quoi satisfaire les agriculteurs du département pour autant. "Est-ce que ce plan de résilience pourra suffire aux agriculteurs ? On s’aperçoit que non, tout simplement parce que les critères que nous avons sur nos élevages dans ce département, que ce soit en bovin, en ovin ou en caprin, ne peuvent pas correspondre au plan qui a été proposé", estime Bernard Layre, président de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques.
Les exploitants sont en effet soumis à des critères de qualité bien précis, impliquant des coûts qu'ils ne peuvent plus assumer seuls. "Sur les engrais, on est à peu près sur une multiplication par trois, sur l’alimentation on est à 70%, et sur le gasoil on est sur le double de la valeur", détaille Sylvain Bordenave, président des jeunes agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques. Une tendance qui se traduit concrètement chez Iban Pebet, secrétaire général adjoint de la FDSEA du Pays basque et producteur de lait : "L'an dernier, j’achetais du tourteau à 340 euros la tonne, aujourd’hui il est passé à 560 euros la tonne. Durant l’année, cela veut dire que je vais payer 20 000 euros de plus, juste pour cette complémentation."
Le préfet a entendu nos revendications, mais il nous a apporté pour l’instant peu de réponses.
Franck Laborde, président de la FDSEA 64
Reçus par le préfet des Pyrénées-Atlantiques, les agriculteurs sont ressortis peu convaincus de ce rendez-vous. "Le préfet a entendu nos revendications, mais il nous a apporté pour l’instant peu de réponses, annonce Franck Laborde, président de la FDSEA 64. Néanmoins, il nous a indiqué qu'il ferait remonter toutes nos demandes, concernant notamment l’accompagnement des éleveurs de ruminants et de volailles du département."
Après plus de deux mois d'une guerre qui semble s'éterniser, le ou la prochain.e ministre de l'agriculture du gouvernement n'aura d'autre choix que de s'emparer de ce dossier brûlant, pour répondre au plus vite au désarroi des agriculteurs.