Comme tous les lieux qui accueillent du public les refuges de montagne doivent respecter des mesures sanitaires strictes pour éviter la propagation de la Covid-19. Désinfection scrupuleuse, distances entre personnes... Des contraintes qui les empêchent de remplir leurs refuges à 100%.
"D'habitude on accueille les randonneurs avec une poignée de main, les gens s'assoient tous ensemble à une même table mais là ..."
Là, il faut s'adapter convient Antony Hourticq, le gardien du refuge Jeandel installé sur les hauteurs de La-Pierre-St-Martin en Béarn. Pas le choix, sinon c'est la fermeture administrative.
S'adapter signifie des heures de travail en plus pour les deux seuls employés du site. Le matin cela commence avec une scrupuleuse désinfection des sanitaires.
"Avant on passait de la javel, on vérifiait que c'était propre. Là on doit désinfecter toutes les surfaces, les poignées, les poubelles, le rideau de douche, les radiateurs, les pommeaux pour les serviettes, tout" témoigne Matthieu Roujas, l'aide-gardien. "Ca nous prend une ou deux heures en plus chaque jour, déjà qu'avec les petit-déjeuners on se lève tôt alors là avec la covid c'est compliqué" avoue t-il.
D'autant qu'il n'y a pas que les sanitaires à désinfecter. Chaque matelas est passé au virucide. "On a dû acheter des housses imperméables pour les lits et des emballages jetables pour les oreillers qu'on change entre chaque client" ajoute Antony qui indique que le surcoût avoisine les 2000 euros.
Les randonneurs respectueux
"On n'a eu aucun problème depuis qu'on a ouvert" nous assure le gardien des lieux, "les randonneurs respectent les consignes. Ils nous voient avec le masque, de suite ils le mettent, il est obligatoire à l'intérieur".Chaque randonneur doit remplir et signer une charte stipulant qu'il n'est pas malade. Le refuge doit en outre tenir un registre spécial covid dans lequel sont enregistrés les noms, nationalités, adresses, numéros de téléphones de toutes les personnes ayant séjourné sur place.
"Avant on ne le faisait pas" commente Antony qui reconnaît que les randonneurs aussi doivent faire des efforts. "Dans les sanitaires nous on désinfecte le matin mais on a des écriteaux qui expliquent que chacun doit désinfecter après son passage, ils ont des sprays et du papier pour laisser propre derrière eux. Chacun doit s'engager pour que ça marche".
Places limitées
Gilles, son sac sur le dos, arrive de Bretagne. Au refuge précédent il n'avait pas trouvé de place. "Heureusement que j'avais pris ma tente !" sourit-il expliquant que les refuges ne fonctionnent pas à 100% cet été.Ici, à Jeandel, l'occupation des chambres varie entre 50 et 70%. "On a 19 couchages et là on tourne à 10,12,15 maximum. Je ne peux mettre que deux personnes dans une chambre de 4 à part si c'est une même famille" explique Antony, "on est obligé de jongler et ceux qui ont des dortoirs ont dû diviser par deux leur capacité d'accueil".
Même casse-tête dans la salle de restaurant. Les groupes doivent être éloignés d'un mètre minimum. Pas facile dans des espaces restreints. "Parfois on les fait manger dehors quand le temps le permet" dit Antony.
L'organisation est compliquée mais le jeu en vaut la chandelle quand on peut profiter d'une vue à 360 degré sur les vallées d'Aspe et de Barétous. Le refuge Jeandel est un point d'étape du GR10 qui relie l'Atlantique à la Méditérannée.
Un conseil : réservez si l'aventure vous tente ces prochaines semaines...
Dans le reportage qui suit, immersion au sein du refuge Jeandel avec nos reporters Olivier Lopez et Benoît Bracot :