Le photographe basque Kepa Etchandy est parti à la découverte d'une véritable province basque en terre sud-américaine où traditions et identités d'origine sont encore et toujours très présentes. Récit d'un voyage lointain mais familier, entre France et Argentine, dans un film inédit.
Il est parfois des hasards qui changent le cours d'une vie... Comme pour le photographe basque Kepa Etchandy* après une découverte fortuite dans le tiroir d'une commode familiale en 1999.
Le fil des origines
C'est une photo de famille d'un grand-oncle émigré en Argentine au début du XXème siècle et une lettre datant de 1927 qui bouleversent soudainement la vie et les priorités de Kepa Etchandy.Ce dernier n’a alors qu’une obsession, celle de retrouver le fil de ses racines par le lien de cet oncle paternel, vivant alors dans la province de Buenos Aires, et rencontrer ses descendants pour réunir les pièces de ce puzzle familial entre deux continents.
Retour aux sources
Après plusieurs démarches administratives auprès du consulat argentin, Kepa obtient des documents probants, dont des copies de photos où il reconnait le mariage de son grand-père. Ces nouvelles lui donnent des ailes. Il s'envole vers l'Argentine pour la première fois en 2003.Sur place, ce ne sont pas seulement quelques cousins qu’il découvre... C'est aussi une véritable province basque en terre sud-américaine : son patrimoine, ses défenseurs, ses lieux de rencontres, ses rendez-vous incontournables...
C'est alors toute une page d’histoire du Pays Basque qui se révèle et prend vie sous ses yeux...
La diaspora basque
"Parce qu'il n'y avait plus de place ni d'espoir au pays basque", de nombreux Basques ont quitté leur terre natale. De nouveaux horizons pour une nouvelle vie, principalement en milieu rural, de l'autre côté de l'Atlantique : en Argentine, en Colombie, au Chili et aux États-Unis, la «huitième province» du Pays basque.C'est en Argentine que les Basques ont été le plus nombreux à immigrer, au sud de Buenos Aires, dans la Pampa, le nombre de leurs descendants étant estimé à 3,5 millions.
Il y a eu la diaspora basque, ils sont partis un peu partout et en Argentine, ils ont beaucoup influencé la culture.
Du XVIème siècle à 1945, plusieurs vagues se succéderont, majoritairement entre les années 1800 et 1900 et ce, jusqu'à la guerre civile espanole et la seconde guerre mondiale.
Et pour la petite histoire, l'un des argentins les plus connus, Che Guevara, avait un père et une mère basques...
Un récit en images
Avec la découverte de cette diaspora, un monde nouveau s’ouvre alors pour Kepa le photographe qui peut désormais poser son regard et fixer son objectif sur toute une identité basque d’hier et d’aujourd’hui.Il multiplie les voyages et rapporte chaque fois, dans sa tête et sur ses clichés, toujours plus d'images et de preuves de sa propre culture très prégnante sur ces terres lointaines et si familières à la fois.
Des images aux couleurs basques puisque, au hasard de ses voyages et de ses rencontres, il découvre ici ou là des frontons de pelote, de la musique, des drapeaux, un jeu de cartes et bien-sûr, des bérets...
Et ce qui ne le quitte pas depuis son premier voyage, c'est l'envie de donner vie à ses clichés...
Je suis allé voir ma parenté en 2003 et ainsi vint l’idée d’un reportage sur les Basques d’Argentine.
Une rencontre avec le réalisateur brésilien Carlos Portella Nunes** installé à Anglet à qui il relate son périple et surtout, à travers lui, l'histoire des pionniers basques en Amérique du Sud, va transformer son envie en réalité. Il n'en fallait pas plus pour Carlos, en qui coule le sang de l'Amérique latine, soit séduit.
Direction l'Argentine pour donner vie à "Gaucho Basko" avec Kepa en guise de guide.
Découvrez l'interview ci-dessous du réalisateur Carlos Portella Nunes.
Il a parcouru des centaines de kilomètres en ne dépensant que 100€ à peine : à son arrivée, il avait posé son sac à dos au bord de la route et étendu un drapeau basque dessus. La première voiture s'était arrêtée quelques minutes plus tard, et ce même geste s'était répété de ville en ville. Toujours invité par les habitants, il avait ainsi systématiquement trouvé à se loger, et pris part à de véritables festins. Il avait vécu une aventure inoubliable…
Les Gauchos du pays basque
Le périple commence à Buenos Aires pour s'éloigner ensuite de la capitale, en milieu rural, en immersion chez les gauchos, cette catégorie sociale de cavaliers de la pampa, véritables cow-boys d'Amérique du sud au détail près que, c'est un béret qui fait office de couvre-chef, forcément.Au gré des rencontres et des témoignages, on remonte ainsi le fil du voyage des pionniers partis d'Euzkadi, qui semèrent toute cette culture basque.
Un groupe de Basques arrive dans un hôtel. Alors que la réceptionniste commence à distribuer les clés, elle lit, avec une intonation parfaite, tous ces noms typiquement basques. À la fin, elle déclare : "C'est étrange de voir que vous portez tous des noms argentins".
Un film au festival de Biarritz
Lors de l'édition 2020 du festival du film d'Amérique latine de Biarritz, une cinquantaine d'oeuvres et de documentaires ont été présentés, dont "Gaucho Basko" en avant-première au Casino de Biarritz.Ugo Bengozi, producteur du documentaire "Gaucho Basko" et Antoine Sebire, délégué Général du Festival Biarritz Amérique Latine, étaient sur le plateau du nouveau magazine CotéDoc pour évoquer le film et le festival. (voir ci-dessous)
CôtéDoc est un nouveau magazine mensuel qui donne la parole à tous les acteurs du film documentaire de la région Nouvelle-Aquitaine et au delà (premier dimanche du mois à 17.30 sur .3 NoA)
Un film qui a remporté un vrai succès à cette occasion puisque la salle affichait complet. Donc, lundi, pour celles et ceux qui n'avaient pu y assister, la séance de rattrapage sur France 3 Nouvelle-Aquitaine devrait en satisfaire plus d'un(e), basque ou pas.
Pour vous donner un avant-goût, découvrez ces images ci-dessous d'une grande beauté et emplies d'émotion.
Les basques ont fait partie des pères fondateurs de ce pays. On y retrouve l'empreinte laissée sur ces terres.
"Gaucho basko", un documentaire inédit à voir ou à revoir sur na.france3.fr
Une diffusion est également prévue sur la web tv kanaldude pour les bascophones comme l'annoncent nos confrères du journal Sud-Ouest.
Pays basque/Argentine: "Gaucho basko" bientôt sur France 3 et Kanaldude https://t.co/0iF6QUmVzK pic.twitter.com/OoXKGfYzx4
— SO_Paysbasque (@SO_Paysbasque) October 12, 2020
Biographies
* Kepa Etchandy
Fruits de nombreuses années de travail sur sa terre natale, il a réalisé plus de 50.000 clichés consacrés au Pays Basque depuis ses débuts en1979. Les domaines qu’il a traités sont aussi bien l'architecture des villes et des villages, les paysages ou la culture et les traditions basques, ou encore les sports emblématiques de cette région tels que la Pelote basque ou le surf.Ses photos sont régulièrement publiées dans la presse régionale, nationale ou européenne.
Elles ont également illustré plusieurs livres encore édités tels que «La main nue» de Roland Machenaud sur la Pelote basque ou encore «Les linteaux basques» de Mitxel Duvert.
** Carlos Portella Nunes
Il est né à Porto Alegre au Brésil en 1984. Sa passion pour le surf liée à un esprit aventureux le fait voyager dans le monde entier. Lorsqu’il découvre le Pays Basque en 2005 il s’intéresse non seulement à ses vagues mais aussi à sa culture et son histoire. Ce voyage reste gravé dans sa mémoire et après quelques années et plusieurs tours du monde, il décide d’y revenir et de s’y installer avec son épouse. Depuis 2016 la famille vit à Anglet et leur fille Gaïa est né à Bayonne en 2018.
- "Gaucho Basko" diffusé lundi 25 octobre à 23.25
Dans les pas de Kepa Etchandy
Coproduction Riddim Production : France 3 Nouvelle-Aquitaine
Avec la participation de Kanaldude
Avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine et en partenariat avec le CNC.