Des milliers de personnes sont attendues le 11 janvier prochain dans les rues de Bayonne et de Bilbao en Espagne pour une manifestation en faveur des prisonniers basques de l'ancien groupe séparatiste armé ETA, ont annoncé vendredi les organisateurs à Bayonne.
Les Artisans de la paix, mouvement de personnalités en faveur d'un "processus de paix" au Pays basque, ont indiqué lors d'une conférence de presse que la manifestation côté français entendait protester contre le "blocage" du parquet antiterroriste sur les demandes de libération conditionnelles.
Après deux ans d'avancées et de négociations avec le ministère de la Justice et les anciens militants incarcérés, les promoteurs du processus de paix en France se disent "face à une nouvelle étape" et pointent un "blocage" du parquet national antiterroriste de Paris.
"A chaque fois le parquet fait appel des réponses favorables"
A plusieurs reprises, le tribunal d'application des peines a donné une réponse favorable à des demandes de libération conditionnelles "et à chaque fois, le parquet a fait appel", a dénoncé Michel Berhocoirigoin, "artisan de la paix" depuis le désarmement d'ETA, en avril 2017 et sa dissolution le 4 mai 2018."Les procureurs se mettent à chaque fois en travers de la route. Ce n'est pas possible qu'ils décident où ira ou n'ira pas ce processus de paix", a ajouté le militant.
Au nom de ce passé, on dit que la perpétuité, c'est la perpétuité
Les cas de Frédéric "Xistor" Haramboure, incarcéré depuis près de 30 ans, de Lorentxa Beyrie, détenue depuis 18 ans, et Ibon Fernandez Iradi, dit "Susper", en prison depuis 16 ans et atteint de la sclérose en plaques, ont été évoqués.
"Le parquet nous dit 'peu importe que le projet soit bon, ce qui importe c'est le passé et au nom de ce passé, on dit que la perpétuité, c'est la perpétuité' ", a ajouté Anaiz Funosas, présidente du mouvement Bake Bidea ("Le chemin de la paix").
Des rapprochements vers le prisons du sud ouest
Des avancées ont été concédées pour les 68 militants toujours emprisonnés (58 hommes et 11 femmes). Dès janvier 2018, le rapprochement vers les prisons de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) et Mont-de-Marsan (Landes) a été acté. Entre mars 2018 et octobre 2019, 29 hommes y ont été transférés.Un accord sur le regroupement possible des femmes dans la prison de Rennes - il n'existe pas de centre pour femmes plus proche du Pays basque - a également été trouvé.
Sur 11 libérations conditionnelles demandées, 4 ont été refusées, 5 n'ont pas été étudiées car la date de fin de peine était trop proche et deux sont toujours en cours. Trois prisonniers ont également été libérés et assignés à résidence avec bracelet électronique.
Une suspension de peine pour cause de maladie a été acceptée en avril 2017 et une seconde est soumise à appel du parquet antiterroriste.