Isabelle, commerçante au Pays basque, a attrapé la Covid-19 en septembre. Elle rapporte une impression d'avoir été "stigmatisée" par de nombreuses personnes lui reprochant d'être malade, et dénonce la "psychose" autour du virus.
Elle veut garder son anonymat et ne souhaite pas qu'on précise le nom de sa commune, située au Pays-basque. Isabelle - le prénom a donc été modifié - a été contaminée à La Covid-19 à la mi-septembre. La jeune femme a contracté une forme mineure de la maladie. "J'étais un peu fatiguée et j'ai eu mal à la gorge. En temps normal je ne me serais pas inquiétée et j'aurais continué à travailler. Dans le contexte, ce n'était évidemment pas envisageable".
"On m'a suggéré que des clients allaient mourir par ma faute"
Dès qu'elle apprend sa contagiosité, Isabelle, qui tient une épicerie, se met en arrêt de travail et s'isole. "Dès que j'en ai parlé autour de moi, on m'a reproché de l'avoir attrapé, déplore cette trentenaire. On m'a fait remarquer que j'avais peut-être, sans le savoir contaminé involontairement des clients. On m'a même suggéré que certains allaient peut-être mourir par ma faute".De victime du virus, la commerçante devient alors coupable. Elle se voit reprocher de ne pas avoir été assez précautionneuse dans son cercle amical, au sein duquel elle pense avoir été contaminée. " Dès que j'en parlais, on me regardait d'un air suspicieux, on m'a demandé si j'avais bien porté le masque et respecté les gestes barrières. Ça a créé beaucoup de tensions dans mon entourage".
"Je suis obligée de le cacher"
La commerçante choisit alors, une fois son isolement terminé, de ne pas informer la clientèle des raisons de son absence. Elle craint leurs réactions. "Je suis obligée de le cacher, affirme-t-elle. Certains de mes clients sont extrêmement suspicieux. Dès qu'ils jugent qu'une personne est 'louche' par son aspect, ils me demandent de désinfecter la boutique"."Plusieurs de mes amies ont eu le même sentiment que moi. Nous étions malades, et on avait l'impression d'avoir une bombe entre les mains". Elle rapporte également une scène s'étant déroulée dans un cours de danse de sa commune.
Un homme est arrivé et a expliqué, très honnêtement, qu'il avait été arrêté et placé à l'isolement une semaine à cause de la Covid-19. Des participants lui ont alors demandé de partir, puis ont eux-mêmes quitté le cours. Ils refusaient d'être dans la même pièce que lui !
De son expérience, Isabelle garde un sentiment amer. Elle s'interroge sur le rôle de l'Etat et des médias, dans ce qu'elle qualifie de "psychose". "C'est quand même anormal que, même une fois guérie, je ne peux pas parler d'un virus sans créer de tensions ni être jugée. Les gens ont peur, l'ambiance générale est complètement transformée", regrette-t-elle.