Vaccin contre le Covid-19 : quelle protection, quelle est la durée de l'immunité ? Les réponses du professeur Malvy

Le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique répond aux questions que l'on se pose sur les vaccins mis sur le marché français, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. 

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Le 8 janvier, la Haute autorité de Santé a délivré son feu vert à l'utilisation du vaccin élaboré par Moderna dans la lutte contre le Covid-19. Tout comme le vaccin de Pfizer déjà autorisé en France depuis la fin décembre,  il fonctionne  avec la technologie de l'ARN messager  et nécessite deux injections, espacées d'au moins 28 jours.
Mais contrairement au vaccin Pfizer, qui doit être conservé à -70 °C, le vaccin Moderna se stocke à une température de -20 °C.

Mais ces deux vaccins offrent-ils les mêmes protections ? Quelle est la durée de l'immunité qu'ils confèrent ? Est-il nécessaire de se faire vacciner lorsqu'on est jeune, et en bonne santé ?  

> Eléments de réponse avec  le professeur Denis Malvy , infectiologue au CHU de Bordeaux, et membre du Conseil scientifique.

Quelle est la protection offerte par les vaccins développés par Moderna et Pfizer ?
Professeur Denis Malvy :
Ces deux vaccins offrent la même protection. Ils sont produits avec le même mécanisme, extrêmement innovant, des vaccins à ARNm. Ils ont été conçus, développés et évalués pour offrir une protection individuelle à à la survenue de forme grave du Covid-19.

Quelle est la durée de l'immunité conférée par le vaccin  ?
On a voulu ,avec le vaccin, offrir une protection qui serait supérieure à celle de la maladie naturelle. On pensait initialement que l'immunité individuelle liée à une infection naturelle était extrêmement courte. Or, on sait depuis peu qu'on peut escompter une immunité protectrice jusqu'à huit mois après une infection naturelle.

Le vaccin est d'abord déployé chez les personnes vulnérables, dont font partie les personnes âgées et très âgées, afin de les protéger pendant une durée d'au moins six mois, voire au-delà.

Cela signifie-t-il qu'il faut renouveler régulièrement les injections ?
On ne sait pas. On sait qu'à moyenne échéance, le vaccin protège des formes graves, et on sait qu'il est aussi capable de faire beaucoup plus. La protection peut être bien plus longue que ces quelques mois. C'est comme pour la question de la transmission. Seul le suivi des études vaccinales et des essais, toujours en cours, le diront.

Aujourd'hui, on ne sait pas si le fait d'être vacciné évite de transmettre le virus ?
On sait que ce vaccin sauve des vies chez les personnes vulnérables, en évitant les formes sévères, la réanimation et le décès. On sait également qu'il protège de la transmission, même si on ne sait pas encore précisément à quel point, car on n'est pas capable, aujourd'hui, de quantifier cette part de prévention de la transmission.

Mais ces vaccins en possèdent indubitablement une. Il est d'ailleurs possible que d'autres vaccins soient encore plus efficaces sur cette question, mais ils sont encore en cours d'évaluation.

Ces vaccins protègent-ils contre les nouveaux variants du SARS-CoV-2 ?
Le seul variant qui nous importe aujourd'hui est celui en provenance du Royaume-Uni.  Les vaccins Pfizer et Moderna sont actifs sur ce variant.

Pour les autres, il faudra observer. Des simulations de tous les variants possibles sont effectuées, de manière à voir s'ils entraînent des modifications de la réponse du vaccin. Si tel était le cas, les fabricants sont capables, en quatre semaines, d'adapter la formule vaccinale à la nouvelle situation épidémique.  

Une personne jeune et en bonne santé a-t-elle un intérêt à se faire vacciner ?
Oui. C'est quand même ce qu'il y a de plus rapide pour atteindre l'immunité collective. En un an, on voit bien que cette immunité, quand elle est basée sur des infections naturelles, ne se met en place que de manière très poussive.

Si on prend l'exemple de la région Grand Est, on remarque qu'elle a été durement impactée lors de la première vague, et qu'elle l'est aussi pour la deuxième… Si on comptait sur l'immunité collective, on serait comme les Suédois, dont la stratégie a échoué et qui se retrouvent forts ennuyés avec de très nombreux morts chaque jour.

Qu'en est-il d'une personne âgée ou à risque qui se fait vacciner ? Sachant qu'elle aura beaucoup moins de risque d'attraper la maladie ou de développer une forme grave, peut-elle pour autant s'affranchir des gestes barrières ?
Non. On peut ne pas développer la maladie, tout en étant porteur du pathogène. Même si le vaccin diminue ce risque de transmission, tant que ce n'est pas documenté, on fait comme si ça ne marchait pas. Il faut donc maintenir les gestes barrières.

Quel est le pourcentage de la population française qui doit être vacciné afin de pouvoir espérer un retour à une vie "normale" ?
On dit qu'il faudrait que 60% de la population puissent être des acteurs de l'immunité collective, soit par l'infection naturelle, soit par l'acquisition d'une protection via le vaccin. Aujourd'hui nous sommes à une moyenne de 5% avec l'infection naturelle, donc nous avons une bonne marge.

Cette protection collective ne sera acquise que si les différents vaccins qui vont être déployés sur le terrain sont administrés à différentes strates de la population, et qu'ils sont adaptés.

Par exemple, le vaccin Oxford-AstraZeneca [un vaccin développé par l'université d'Oxford en attente d'autorisation par l'Agence européenne du médicament, NDLR] ne nécessite qu'une seule injection. Il sera plus adapté à des populations plus difficiles d'accès,  en grande précarité ou en condition de migrations. Ce serait plus simple du point de vue logistique.

Peut-on espérer, en cas de bonne couverture vaccinale, un retour à la vie d'avant pendant l'année 2021?
Il n'y a jamais de baguette magique. Le vaccin apporte une aide, mais le socle, c'est à la fois les mesures barrières et l'auto isolement quand on est symptomatique.

Aujourd'hui, en France, il faut absolument continuer de tester, de tracer et d'isoler. Si je suis fébrile, je m'auto-isole jusqu’à ce que mon test revienne négatif. S'il est positif, je m'isole strictement pendant sept jours et j'applique ensuite pendant les sept jours suivants des mesures barrières renforcées.

Tout ce qui soutiendra cet effort, que ce soient les protocoles stricts, les mesures barrières, les confinements localisés, ou le couvre-feu va dans le bon sens. C'est la combinaison de ces moyens qui fait qu' en 2021, on pourra y voir un peu plus clair.

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