L’eau de piscine pour arroser les arbres de Châtellerault

Depuis 2006, l’eau de la piscine municipale est réutilisée pour arroser une partie des espaces verts de la ville. Un système plus écologique et particulièrement pratique en pleine période de sécheresse.

Comme tous les matins, Pascal Bion et ses collègues viennent faire le plein à la piscine municipale. En quelques mouvements, le camion des agents municipaux est branché à une drôle de petite trappe. Une flexion sur le robinet et l’eau gonfle immédiatement le tuyau pour finir son parcours dans la cuve du véhicule.

« On fait le plein à 6 H, décrit Pascal Bion, agent technique pour la municipalité depuis cinq ans. Parfois, on doit le refaire dans la matinée, quand on arrose beaucoup d’arbres. » A quelques mètres de là, le vrombissement de la salle des machines de la piscine, située sous les bassins, loin des yeux du public, se fait entendre. C’est ici que l’eau suit un parcours très particulier.

« L’eau des trois bassins est en circuit fermé, explique Claude Goudeau, responsable maintenance des piscines de Châtellerault. C’est-à-dire qu’elle est filtrée dans des cuves pour être nettoyée, puis remise dans les bassins. » Mais régulièrement, les filtres des énormes cuves, pouvant contenir plusieurs milliers de litres d’eau, doivent à leur tour être nettoyés. A ce moment-là les cuves sont vidangées.

« Avant, l’eau partait directement dans les égouts », remarque Claude Goudeau. Un gaspillage conséquent, alors même que l’eau devient une ressource de plus en plus précieuse. Puis, au détour d’une conversation, l’idée a germé parmi les élus de la mairie : et pourquoi pas la réutiliser autrement ?

« Nous, on triche, on détourne le chemin de l’eau pour qu’elle rejoigne une cuve plutôt qu’elle soit jetée. » Les centaines de litres régulièrement vidés suivent donc tout un circuit de tuyaux, avant d’atterrir sous le jardin bordant la piscine. Dans cette cuve sous-terraine, jusqu’à 55 mètres cubes peuvent être stockés. Grâce à la volatilité du chlore, permettant au traitement chimique de s’évaporer, l’eau ne nécessite que très peu de filtration avant son utilisation.

« Grâce à ce système, nous avons sauvé près de 4 000 plants d’arbres », affirme Gabriel Moreau, responsable du service cadre de vie à la mairie, à l’origine de la création du système de récupération d’eau. Des pieds plantés moins d’un an auparavant, particulièrement exposés à la sécheresse, qui n’auraient eu aucune chance de survie sans arrosage. De plus, 80 gros arbres et un certain nombre de plantations bénéficient aussi de l’eau recyclée.

« Malheureusement cette solution a ses limites, indique Laurence Rabusier, adjointe au maire en charge de l’environnement. Nous avons dû faire des choix et sacrifier des massifs, des plates-bandes… » Toutefois, grâce à cette eau de récupération, une centaine d’arbres ont le privilège de recevoir près de 150 L d’eau toutes les deux semaines, malgré l’arrêté préfectoral limitant la consommation d’eau potable dans la Vienne. « Nous avons abordé cet arrêté préfectoral avec plus de sérénité, car nous avions une solution d’urgence », ajoute l’élue. Un système bien utile pour préserver une partie de la végétation, qui ne permettra cependant pas d'entretenir tous les arbres de la ville lorsque les pieds plantés l'année dernière auront grandi. "Nous cherchons sans cesse de nouvelles idées pour préserver nos espaces verts", affirme Laurence Rabusier. Avec des périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes, ces réflexions devront être au cœur des projets de la municipalité pour les prochaines années.

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