Pas un jour -ou presque- sans qu'un accident de la route ne vienne augmenter le nombre de tués sur les routes du Poitou-Charentes. A Châtellerault, Nicolas Bornibus est directeur des stages de sensibilisation à la sécurité routière. Il constate un vrai "relâchement" des conducteurs.
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Ce week-end encore, deux accidents mortels ont fait grimper à 29 le nombre de morts sur les routes deux-sévriennes depuis le début de l’année. Phénomène inquiétant pour les pouvoirs publics qui semblent dépassés par un phénomène de délinquance routière contre lequel les seules mesures de répression ne semblent plus suffisantes.
Un spécialiste viennois de la sécurité routière est confronté quotidiennement à des conducteurs qui viennent "recharger" leur permis dans des stages spécifiques. Il s'appelle Nicolas Bornibus et il a tenu une auto-école pendant 24 ans à Châtellerault (86). Désormais, il anime le centre châtelleraudais de sensibilisation à la sécurité routière et travaille avec les pouvoirs publics comme
Intervenant Départemental de la Sécurité Routière (IDSR).
Nicolas Bornibus explique quelles sont les raisons qui --selon lui- expliquent cette recrudescence d'accidents mortels. Et il parle sans langue de bois.
Avez-vous constaté un changement dans l'attitude des conducteurs que vous recevez dans le cadre des stages de récupération de points ?
- C'est net et j'ai l'impression de me retrouver avec le même type de stagiaires qu'on avait il y a 20 ans. Ils roulent plus vite, souvent après avoir absorbé de l'alcool ou utilisé des stupéfiants. Les conducteurs sont de plus en plus jeunes dans nos stages de récupération de points et notre public se féminise.
Comment expliquez-vous cette augmentation du nombre de tués ?
- J'ai l'impression que les pouvoirs publics achètent la paix sociale sur les routes. Regardez le nombre de fois où vous avez été contrôlé pour l'alcool dans votre vie de conducteur. C'est insignifiant, donc la grande majorité des conducteurs passe entre les mailles du filet. Les pouvoirs publics annoncent des contrôles mais ils sont quasiment inexistants. Il y a une sorte de fatalisme qui s'est installé chez les conducteurs qui se disent : "
Je joue avec le Code de la route et si je perds, tant pis !"
Les pouvoirs publics viennent encore d'annoncer un arsenal de mesures pour lutter contre la délinquance routière. La solution est là ?
- Le tout-répressif n'est pas la solution. Installer des radars-leurre, ça ne marchera pas. Une politique de sécurité routière doit s'expliquer et il faut qu'une sensibilisation aux enjeux accompagne la répression, autrement elle sera inefficace. Je demande depuis longtemps que les stages de récupération de points soient davantage promus dans les discours publics parceque c'est le lieu où les conducteurs prennent conscience de leur fragilité au volant d'un véhicule.
Que peut-on faire pour diminuer le nombre de tués sur les routes ?
- Renforcer encore la qualité des stages, dénoncer le danger des comportements égoïstes au volant, accompagner les mesures de répression d'une vraie sensibilisation aux dangers de la route. Nous parlons d'une petite fraction des conducteurs puisque 75 % des automobilistes disposent de 10 à 12 points sur leur permis.
En même temps, le risque zéro ne pourra jamais exister sur les routes...
- Évidemment. Sans compter que de nombreux conducteurs roulent en ayant absorbé des tranquillisants ou des médicaments puissants qui ne sont pas interdits. Et puis vous avez toute une partie des accidents qui relèvent de l'inévitable : les gens qui se suicident en allant s'encastrer dans un camion, ceux qui sont victimes d'un AVC ou d'une crise cardiaque au volant. Mais la partie sera difficile tant que les conducteurs n'auront pas délaissé leur comportement égoïste. Il ne faut pas oublier que 60% des tués sur les routes sont des victimes de conducteurs qui ont oublié que les autres existaient.