Depuis 2018, Vinyl Records Makers produit des disques vinyles à Châtellerault, dans la Vienne. Avec le retour en grâce de cette manière d'écouter la musique, et l'explosion de la demande pendant la pandémie, les fondateurs de cette petite usine rencontrent un franc succès.
Aujourd'hui en France, près d'un album physique vendu sur deux est un disque vinyle. À Châtellerault, dans la Vienne, deux passionnés de musique ont installé leur propre presse en 2018. À l'époque, la France compte moins de cinq ateliers.
Les deux hommes achètent alors une presse hydraulique en Allemagne, et se forment sur le tas : "On a beaucoup beaucoup beaucoup lu", raconte Sylvain Bodet. "Il y avait quand même pas mal de sources, avec internet maintenant, qui nous permettent de connaître ça, et on a eu la chance de rencontrer des gans qui nous ont expliqué comment ça fonctionnait." Une fois la théorie acquise, il a fallu trois à quatre mois au duo pour maîtriser leur outil de production.
Tant qu'on n'a pas les machines devant les yeux, entre les mains, on ne sait pas faire un disque. On a beau lire, il y a tellement de facteurs qui rentrent en compte dans un pressage de disque vinyle que si on ne met pas les mains dans le cambouis, et dans le plastique, on n'y arrive pas, tout simplement.
Sylvain BodetCo-fondateur de Vinyl Records Makers
Ici, le vinyle, objet prisé des collectionneurs depuis toujours, est fait ici sur-mesure. C'est ce qui a séduit le groupe poitevin The Necromancers, pour la réédition leur premier album. Le vinyle, loin de la galette noire classique, est translucide dans des tons ocre marbrés. Les deux musiciens sont ravis : "C'est un peu la loterie parfois vu qu'il y a beaucoup de discussions avec l'usine avant pressage", confie Benjamin Rousseau, le batteur. "On est super contents de l'objet, c'est vraiment un super bel objet."
Baptiste Chevalier-Coudrain, le chanteur et guitariste, se réjouit de pouvoir faire confiance à un atelier local, en cassant leur habitude de travailler avec des entreprises basées à l'étranger :
"Le fait que ça vienne de Châtellerault, pour nous, c'était tout bénef, en plus de dire qu'on bossait localement, qu'on pouvait avoir une discussion, un rapport avec l'usine qui était beaucoup plus proche, beaucoup plus direct."
Un pari gagnant
En contrat avec des labels indépendants, les artisans de Châtellerault ont vu la demande exploser pendant la pandémie. À leurs débuts, s'ils avaient confiance dans l'intérêt que pourrait susciter leur petite usine, ils n'imaginaient pas rencontrer un tel succès.
Ces deux dernières années, 2021 et 2022, ça a pris une ampleur, il y avait vraiment l'aspect artisanal, artisan du disque, vraiment atelier, et on est passés dans une phase un peu plus semi-industrielle.
Sylvain BodetCo-fondateur de Vinyl Records Makers
Depuis, cinq salariés ont été recrutés, tous musiciens ou collectionneurs.
Grâce à une deuxième machine, la petite usine produit aujourd’hui jusqu’à 1 000 disques chaque jour, et nourrit d’autres ambitions : "On a pour projet de développer le 45 tours, parce qu'il y a une demande sur ce support qui n'est pas beaucoup présente sur le marché français," prévoit Antoine Bastien, le second co-fondateur de Vinyl Records Makers, "sachant qu'on fait aussi déjà le format dix pouces, donc l'idée, c'est vraiment d'avoir les trois supports principaux du vinyle."
Un déménagement de l’atelier dans un local plus grand est aussi prévu dans les prochains mois.