Le passage de la Vienne en zone d'alerte impose la limitation des regroupements festifs à 30 personnes. Les traiteurs et leurs clients doivent désormais revoir l'organisation des évènements qui subsistaient encore pour respecter les nouvelles normes sanitaires.
Les rassemblements festifs et familiaux, l'entreprise Tardivon, un traiteur installé à Poitiers, a une idée bien précise de ce que cela recouvre. Mariages, anniversaires, baptêmes certes. Mais les associations sont aussi concernées mais aussi les mairies et le monde de l’entreprise.
On a effectivement des désistements, mais on a surtout très peu de demandes. Tout cela suscite de la peur. Les colloques, par exemple, s’organisent plusieurs mois en amont, avec des dépenses en communication. Aujourd’hui plus personne ne veut engager des telles sommes en se disant que, peut-être, çe sera interdit d'ici là. Concrètement ça veut dire que dans la Vienne, il n’y a plus de réveillon par exemple. Tout vient d’être annulé.
C’est le caractère festif de l’interdiction qui pose problème. « La danse, c’est l’essence même de la fête» ajoute Cécile Tardivon. Exit donc les gros mariages, mais également les bals des associations. Reste les communions et les baptêmes « même si ce n'est pas vraiment la saison » et les entreprises sont « frileuses » donc.
Finalement il ne subsiste guère que les réunions professionnelles à ne pas être impactées par la limitation de jauge.
On livre des plateaux repas individuels, effectivement parfaits pour le respect des mesures de distanciation, mais pour un budget bien moindre qu’un évènement festif ou un grand colloque. Au niveau du chiffre d’affaire, on est loin de s’y retrouver.
Un personnel réduit au maximum
L’entreprise, l’un des plus gros traiteur de la Vienne, emploie 60 personnes en temps normal, dont 24 salariés. Avec la crise sanitaire et la chute d’activité induite, elle a du réduire la voilure pour ne « pratiquement plus » recourir aux extras. Pour continuer de s’adapter, elle mise désormais sur les départements limitrophes qui n’ont pas basculé en zone d’alerte, et ne sont donc pas soumis à la limitation de jauge.Là, coup de chance, j’ai un mariage dans le 36. Pour l’instant, dans l’Indre, tout va bien. Mais ça nous oblige à suivre ça au jour le jour. On appelle les préfectures, on est toujours à l’affût de toute information, de rumeurs même, pour essayer de prendre un peu les devants. C’est compliqué de ne pas pouvoir être sûr du lendemain dans des métiers où on travaille d’habitude un à deux ans à l’avance. On a plus aucune projection possible. Ni nous, ni nos clients.
"J'écoute les pleurs et la colère aussi"
L’annonce il y a deux jours du basculement de la Vienne en zone d’alerte et de la limitation de jauge qui l’accompagne, a encore rajouté au désarroi.L’entreprise a dû rappeler tous ses clients pour tenter de convenir avec eux d’une adaptation de leur mariage aux nouvelles normes sanitaires.
« Les réactions des gens sont très différentes. Chacun se réinvente ». Certains annulent, refusant de devoir faire des choix parmi leurs invités. D’autres qui n’étaient pas très loin de la jauge, consentent à redescendre à 30. Mais il y a ceux qui devaient initialement se marier au printemps, et que la perspective d’un deuxième report rebute. « Psychologiquement, ça fait un an qu’ils enchaînent les hauts et les bas. C’est les montagnes russes ! Les pauvres… ». Beaucoup finissent ainsi par se résigner, et font un mariage à 30, sans danse.
« J’ai le cas de Clémentine, qui va finalement se marier ce week-end. A 30. Ils vont aller à l’église, puis ils feront un petit repas. Mais ils reviendront nous voir l’an prochain pour faire la grande fête à 250 qui était prévue. »
Une chose est sûre, les mariages, baptêmes et autres communions placés sous le sceau de la Covid, marqueront les esprits.Traditionnellement, on est déjà très proche de nos clients. On les suit, on les accompagne. Mais là je les ai tout le temps au téléphone. Le soir, le week-end. J’écoute les pleurs, la colère aussi. Il y a un lien qui se crée. On sort vraiment de notre métier de traiteur.