Un couple de l'agglomération poitevine, compte parmi les sept adultes mis en accusation dans une affaire de viols incestueux et d'agressions sexuelles hors norme sur quatre mineurs. Ils proposaient leurs fillettes sur des sites échangistes. Le procès s'ouvre le 7 février 2023 au tribunal de Bobigny.
De source judiciaire, c’est le début d’un procès "extrêmement sensible". En avril 2019, France 3 Poitou-Charentes révélait une affaire de viol d’un couple de Poitevins sur leur propre fille âgée de 9 ans. Un petit peu moins de 4 ans plus tard, le procès s’ouvre - à huis clos - au tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. En tout, sept adultes sont mis en cause sur des faits impliquant quatre mineurs. Outre les chefs d’accusation de "viol incestueux" et de "viol sur mineur", les différents adultes sont mis en cause pour "complicité de viol", "non-dénonciation", "détention, enregistrement et diffusion d’images pédopornographiques", "agression sexuelle sur mineur" et "corruption de mineur".
Des faits reconnus
En 2018, quand un père de famille de l’agglomération parisienne propose sa fille sur le site échangiste Wyylde (anciennement Netechangisme), son interlocuteur choqué alerte la police. De là, les enquêteurs remontent à une famille poitevine en lien avec ce premier. Les deux pères de familles reconnaissent notamment avoir violé leur enfant et s’être livrés à des jeux sexuels avec leurs fillettes respectives par webcams interposées. Comme nous l’apprenait, au cours de notre enquête, l’avocat Philippe Sarda, un de ces deux pères de famille aurait agi dans une dynamique "d’améliorer sa fille" et "de l’éduquer, d'en faire une partenaire sexuelle à part entière".
Mais ce ne sont pas les seuls mis en cause dans cette affaire pédocriminelle. La mère de la jeune fille poitevine est également mise en cause pour avoir agressé sexuellement sa fille.
Par ailleurs, un médecin ayant travaillé au CHU de Poitiers est, lui aussi, accusé d’avoir pris part à des jeux sexuels avec le couple de l’agglomération poitevine et leur fille. Au cours de cette soirée, il aurait été pris de panique et aurait quitté les lieux, sans pour autant dénoncer les agissements de la famille. Selon nos informations, le praticien est placé, depuis, sous contrôle judiciaire et a pu continuer à exercer dans l’attente du procès. Il serait aujourd’hui responsable médical régional d’un grand groupe pharmaceutique.
Une affaire très particulière
Pour Patricia Coutand, avocate d'une partie civile et habituée à ce genre de dossiers, l’affaire reste très particulière. "Celui qui a une sexualité déviante envers ses enfants, bien souvent, dans les affaires que l’on traite, va en éprouver une certaine honte et puis donner une apparence de normalité à la société alors que chez lui, il sera complètement déviant, explique-t-elle. Là, c’est très différent parce qu’on a l’impression que ces gens n’ont pas forcément la gêne qui accompagne cette perversion habituellement et vont aller à la recherche d’autres personnes ayant les mêmes pratiques, vont les trouver."
Patricia Coutand pointe ainsi le rôle des réseaux sociaux et des sites de libertinages qui ont ainsi permis la mise en relation des accusés. "On peut se demander si le fait de pouvoir trouver des gens comme eux, ça ne les conforte pas dans l’idée que finalement ce qui leur fait envie et qui est moralement inadmissible, en réalité ce n’est peut-être pas si anormal que cela", soulève l’avocate. Le site Internet de libertinage Wyylde n'a toujours pas répondu à nos sollicitations.
Du fait de la sensibilité de l’affaire, le procès se déroulera au tribunal de Bobigny en huis clos total et s’ouvrira le 7 février 2023. Les deux pères de famille encourent 20 ans de réclusion criminelle.