Dans l'affaire de l'agression homophobe survenue à Poitiers, à l'encontre d'un homme de 47 ans qui sortait d'une boîte de nuit le 19 novembre dernier, le parquet a requis 12 mois de prison, dont six assortis d'un sursis probatoire, à l'encontre de deux prévenus. Le tribunal a mis sa décision au délibéré au 29 juin prochain.
Deux hommes comparaissaient ce vendredi 9 juin devant le tribunal correctionnel de Poitiers, poursuivis dans le cadre de l'agression homophobe dont a été victime un homme de 47 ans à sa sortie de la boîte de nuit, le George Sand, le 19 novembre 2022.
La victime, Stéphane Dardillac, raconte avoir été frappée dans la rue ce soir-là, tenue "à la gorge" par l'un, tandis que "l’autre, juste derrière, met le premier coup".
Passé à tabac, l'homme se réfugie dans le club où il a passé la soirée, le visage en sang et tuméfié. Deux hommes, Quentin G. et Marvyn L., seront appréhendés quelques semaines plus tard.
Mon client est très fatigué. Il espérait des réponses et les prévenus ont nié en bloc
Me Elise FarineAvocate de Stéphane Dardillac
Face au juge, les deux agresseurs présumés nient tout en bloc. Leur défense plaide la relaxe. "Je ne conteste pas la qualité de victime de la victime, a commenté Me Aurélien Bourdier, avocat de la défense. À la lecture du certificat médical, je pense qu'il a été véritablement agressé. Je n'en connais pas les auteurs, je n'en connais pas la motivation. Ce que je dis simplement, c'est que ça ne peut pas être mon client puisque, précisément, le bornage de son téléphone portable est tout à fait ailleurs."
En état de choc depuis son agression, Stéphane Dardillac attendait des explications de ce procès. "Ça a été un moment éprouvant pour mon client, explique Me Elise Farine, avocate de Stéphane Dardillac. Mon client est très fatigué. Il espérait des réponses et les prévenus ont nié en bloc."
Néanmoins, l'avocate note qu'il était "important (pour lui) d'entendre les réquisitions", même si "le quantum de la peine est trop léger alors que, ce qui est encouru, c'est dix ans".
Des faits établis, selon les associations
Dans ce procès, les associations Mousse, Stop Homophobie et Adheos se sont constituées partie civile. Leur avocat, Me Aurélien Bourdier, note que pendant ce procès, la "défense était bien embêtée et est allée chercher de tout petits éléments dans le dossier, des choses qui diraient qu'à trois minutes près, une personne était là, ou n'était pas là."
En réalité, les éléments de faits démontrent que la victime était seule dans la rue avec les deux agresseurs, à ce moment-là.
Me Aurélien BourdierAvocat des associations parties civiles
Pour lui, les faits sont établis. "Les agresseurs ont reconnu qu'il n'y avait personne d'autre qu'eux à ce moment-là, avec la victime. L'ensemble des personnes qui ont pu témoigner avoir rencontré les auteurs des faits à ce moment-là, ont dit qu'ils avaient tenu des propos homophobes. Je pense que les faits doivent faire l'objet d'une condamnation très ferme, puisque, malheureusement, Stéphane Dardillac n'est pas la seule victime d'agression homophobe."
Le parquet a requis douze mois de prison à l'encontre les deux prévenus, dont six assortis d'un sursis probatoire, ainsi qu'une interdiction d'approcher la victime, une obligation de soins, une interdiction de boîte de nuit et l'indemnisation de la victime.
Le tribunal a mis sa décision au délibéré au 29 juin 2023.