VIDEO. Témoignage d'une victime d'agression homophobe à Poitiers, les auteurs condamnés

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Un Poitevin de 47 ans raconte avoir été tabassé en raison de son homosexualité. Un reportage de Dorian Bercheny, Guillaume Fautrat et Alain Bortot ©France télévisions

Jugés au tribunal correctionnel de Poitiers, les deux agresseurs ont été reconnus coupables. Ils écopent tout deux de douze mois de prison, dont six de sursis. Un homme de 47 ans avait été passé à tabac devant la discothèque le George Sand en novembre 2022. En plus de multiples hématomes, la victime souffre encore de blocages psychologiques.

Il est cinq heures du matin, heure de fermeture des clubs. À la sortie d'une soirée entre amis, la vie de Stéphane Dardillac bascule.

Une fois qu’on se sépare avec mes copains, eux, ils étaient où, je ne sais pas, ils ressurgissent derrière moi.

Stéphane Dardillac

Passé à tabac

Après de premiers échanges vulgaires et tendancieux, tout s'accélère lorsque le quadragénaire se retrouve isolé de son groupe d'amis. Sur le trajet qui le mène à son véhicule garé en contrebas, il sent la menace se rapprocher. Son premier réflexe est de s'asseoir sur un rebord de fenêtre pour tenter de joindre ses amis au téléphone.

Il y en a un qui me tient à la gorge, il prend mon téléphone et l’autre juste derrière met le premier coup.

Stéphane Dardillac

En sang et tuméfié, il retourne se réfugier dans le club où il a passé la soirée. Ces agresseurs sont appréhendés quelques semaines plus tard.
Dans un premier temps, le caractère homophobe de l'agression n'est pas retenu. Mais une nouvelle action du juge fait changer l'affaire de dimension et permet à Stéphane de renforcer sa défense.

Il apparaît très clairement dans le compte rendu du supplément d’information que cette infraction a été commise en raison de l'orientation sexuelle de mon client.

Maître Elise Farine

Avocate de la victime

Préjudice psychologique

En plus des multiples blessures, il lui faut aussi vivre avec la détresse psychologique. En état de choc depuis son agression, Stéphane s'est isolé.

Malheureusement, on se coupe de gens, on change de vie. Il y a des choses qu’on ne fait plus, on a moins de chance de rencontrer du monde.

Stéphane Dardillac

De ce procès, Stéphane attend la reconnaissance de ce qu'il a subi, il en espère aussi un déclic salutaire, un nouveau départ.

Le caractère homophobe retenu

Durant le procès, trois associations LGBTQIA+ étaient également présentes aux côtés de Stéphane.

L’objectif premier de son avocate était que l'affaire soit jugée aux assises et non au tribunal correctionnel. Pour cela, elle s’appuyait sur les circonstances aggravantes de l’affaire : son caractère homophobe, les faits commis en réunion. Elle espérait y faire ajouter la notion de préméditation, et décrivait l'agression comme un « piège ficelé ». Jeudi 29 juin, dans son délibéré, le juge a reconnu l'ensemble des circonstances aggravantes (commises en réunion et liées à l'orientation sexuelle de la victime). 

Pour l'avocate Elise Farine, cette requalification des faits est déjà une avancée dans la lutte contre l'homophobie : "C'était une agression gratuite, qui visait les personnes gays, mon client en particulier", affirme-t-elle. "Aujourd'hui, enfin, cette infraction est pleinement reconnue, c'est une infraction qui n'est pas toujours reconnue d'ailleurs, on avait sollicité la requalification de cette infraction parce que ça ne paraissait pas dans les chiffres de prévention. Nous avons été entendus, et c'est vraiment une grande satisfaction."

Les deux mis en cause ont écopé de 12 mois de prison, dont six avec sursis. Leur peine est aménagée et sera effectuée à leur domicile, avec un bracelet électronique. L'un des deux est condamné à deux mois supplémentaires sous surveillance électronique, en raison du vol du téléphone de la victime, une récidive pour lui.

Je ne vais pas revenir tout de suite en soirée à Poitiers, mais au moins je suis libéré. Je suis reconnu comme victime et eux sont punis.

Stéphane Dardillac

Les deux hommes sont aussi condamnés à une obligation de travail ou de formation, à une interdiction de contacter Stéphane Dardillac, à une interdiction de paraître aux alentours du club près duquel ils ont commis leur agression, ou encore à verser une amende au Trésor public.

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