Dans la Vienne, les chauves-souris se retrouvent dans les carrières d'Ensoulesse. Les chiroptérologues, spécialistes de ces petits mammifères noctambules, s'y retrouvent pour les recenser et en apprendre davantage sur leurs habitudes avec un objectif : déterminer s'il faut sanctuariser ce site afin de préserver l'espèce.
La capture de chauves-souris ne s'improvise pas. Avant la tombée de la nuit, il faut trouver des emplacements stratégiques pour installer des filets, dotés de mailles très fines. Les petits mammifères ne peuvent pas les éviter malgré leur sonar.
"On le met à un endroit où on pense que les chauves-souris vont passer", explique Alice Chéron, chiroptérologue. En montrant la trajectoire de ces petits animaux volants, elle précise : "Les chauves-souris arriveraient comme ça, en déplacement, en chasse ou comme peut-être ce soir, en parade nuptiale, et du coup, elles ne détectent pas le filet, ou trop tard."
Dès la nuit tombée, le système fonctionne, et l'équipe fait des rondes toutes les dix minutes pour vérifier les filets. Il est impératif d'agir rapidement lorsqu'un animal est pris au piège, car en plus du stress généré par la capture, son corps va rapidement se refroidir.
Mesurer pour préserver
Une fois la chauve-souris capturée, un travail de captation de données précises débute. Les petits animaux sont pesés et mesurés et analysés sous toutes leurs coutures. Il est par exemple possible de déterminer, en inspectant leur anatomie, si les femelles ont déjà eu des petits. C'est le cas de celle que la chiroptérologue a entre les mains : "La mamelle a déjà été tirée donc elle a déjà allaité dans sa vie, et la petite touffe de poils, cela veut dire que l'allaitement est fini, c'est en train de repousser."
L'un des principaux objectifs de cette opération de capture et de recensement est d'évaluer la possibilité des parades nuptiales et des accouplements dans cette zone. La saison peut surprendre, mais ces petits mammifères volants ont une particularité : ils s'accouplent en automne, mais leur gestation est différée.
"Les femelles ne vont pas ovuler, il n'y aura pas de fécondation", explique Alice Chéron. "Elles vont conserver le sperme intact pour passer l'hiver, l'hibernation, sans mettre d'énergie en plus pour un fœtus, et elles entreront en ovulation, donc avec fécondation et gestation derrière, au retour des beaux jours au début du printemps."
Une fois marquées, les chauves-souris sont rapidement relâchées. L'espèce observée ce soir-là est le grand murin, dont les populations sont stables. La sanctuarisation d'un lieu de reproduction reste fondamentale pour sa survie.
Le site de la carrière d'Ensoulesse appartient au conservatoire des espaces naturels et permet, depuis de nombreuses années, d'accueillir différentes espèces qui peuvent ici se reproduire sans danger.