Dans la nuit du 31 octobre au 1ᵉʳ novembre, une fusillade a éclaté dans le quartier des Couronneries, à Poitiers. La rixe, sur fond de trafic de drogue, a fait cinq victimes, dont un mineur de 15 ans, au pronostic vital engagé. Transporté en urgence absolue à l’hôpital, il a succombé à ses blessures ce samedi 2 novembre.
Il n’avait que 15 ans. Anis, touché par une balle à la tête lors d’une fusillade place Coimbra, dans le quartier des Couronneries à Poitiers, jeudi 31 octobre, a succombé à ses blessures samedi 2 novembre, a annoncé, à la mi-journée, Cyril Lacombe, procureur de la République.
Quatre autres mineurs, de 15 et 16 ans, ont également été blessés à l'épaule et à la cheville.
Anis n'a rien à voir, ni avec des racailles, ni avec des narcotrafiquants. Ce n'est pas un délinquant
Me Yasmina DjoudiAvocate de la famille d'Anis
Anis "n'a rien à voir, ni avec des racailles, ni avec des narcotrafiquants. Ce n'est pas un délinquant", a affirmé à France Bleu Poitou, ce dimanche, maître Yasmina Djoudi, l'avocate de la mère de l'adolescent tué. "Anis (...) a été pris en pleine adolescence", ajoute-t-elle.
"Anis a été considéré comme un garçon qui faisait partie d'une bande alors que c'est faux", s'agace l'avocate. "Ça fait énormément de mal à la famille. J'estime que les déclarations doivent être précises, surtout quand ce sont des déclarations d'autorité d'État, et on n'a pas à faire de déclarations qui mettent en cause la moralité ou la probité de qui que ce soit, notamment d'une petite victime de quinze ans (...)".
Prendre le pouls du quartier
La maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond'huy, s'est rendu dans le quartier dimanche matin, à la rencontre des habitants, sur le marché, place Coimbra. Elle n'a fait aucune déclaration, réservant son temps à la population et laissant le soin à ses adjoints de s'exprimer.
"Nous souhaitions prendre le pouls du quartier après les événements tragiques", explique ainsi Stéphane Allouch, adjoint au personnel et au dialogue social. "Le marché des Couronneries est un marché où se côtoient toutes les populations, toutes les communautés. C'est un marché où l'on voit que l'on vit bien ensemble."
Dans un communiqué publié à la mi-journée, samedi, la ville de Poitiers adressait ses "condoléances à la famille, aux proches et aux habitantes et habitants du quartier".
"La mort d’un jeune, dans une situation aussi tragique, doit nourrir notre détermination à lutter contre toutes les formes de violence, en particulier liées au narcotrafic, dans tous les quartiers de Poitiers", ajoute Léonore Moncond’huy, maire de Poitiers, qui réitère son appel à "l’apaisement", "pour qu’aucun épisode de violence ne soit à déplorer dans les jours à venir".
"Il allait s'acheter un sandwich"
La tante de l'adolescent, rencontrée, vendredi, devant le CHU de Poitiers par une équipe de France Télévisions, décrit un enfant "intégré", "scolarisé", qui "joue au foot, fait de la natation en club". Elle évoque un "enfant lambda", "quelqu'un de très serviable, aimant, un gentil garçon", sans lien avec le trafic de drogue.
Ma fille me dit : il est par terre, il a pris une balle. On m'a montré la flaque de sang et mon petit neveu allongé.
Tante de l'adolescent touché par balles
Selon cette parente, le jeune garçon était "avec des amis" lorsque la rixe a éclaté. "Ils sont dans le même cadre que lui. Ils vont à l'école, ils ont des activités", précise-t-elle. La victime, elle, "allait s'acheter un sandwich. Il savait qu'il ne fallait pas dépasser les horaires, même en vacances", explique cette tante. "Et nous, on nous appelle vers 23h (...) et ma fille me dit : Anis est par terre, il a pris une balle. On m'a montré la flaque de sang et mon petit neveu allongé place Coimbra".
Homme activement recherché
Selon les informations du parquet, vendredi 1ᵉʳ novembre, l’auteur des tirs se serait “livré à la vente de produits stupéfiants” dans le secteur, “au cours des jours précédents”. Il n'était présent à Poitiers que depuis quelques semaines. Les forces de l’ordre n’ayant pas encore réussi à l’appréhender, il est activement recherché par les enquêteurs. Une enquête a été ouverte, dès hier, pour tentative d'homicide. Les images de caméra de surveillance sont en cours d'analyses par les forces de police.
Le quartier n'est pas tenu par les dealers même s'il peut y avoir des tensions
Jean-Marie GirierPréfet de la Vienne
Ce vendredi, lors d’une perquisition au sein d’un logement qu’il aurait occupé, les policiers ont découvert sept munitions de type 22 Long Rifle, qui correspondent aux onze étuis, retrouvés sur la scène de crime. Les enquêteurs ont également retrouvé “des éléments partiels d’une arme démontée”, indiquait, hier, Cyril Lacombe.
Dans ce quartier de Poitiers où la présence policière a été renforcée dès hier soir, l’onde de choc est omniprésente depuis cette nuit violente.
Fusillade à #Poitiers : un nouvel épisode de violence inacceptable. La jeunesse des personnes impliquées est particulièrement préoccupante. J’appelle à la responsabilité de tous pour le maintien de l’apaisement dans la ville, et salue la présence renforcée des forces de sécurité. pic.twitter.com/j4Ml7vf5rU
— Léonore Moncond'huy (@L_Moncondhuy) November 1, 2024
Le préfet de la Vienne, Jean-Marie Girier, a précisé que “deux ou trois points de deal importants”, dans le quartier, mobilisaient la police nationale au quotidien. Pour autant, à l’instar de la députée de la circonscription, Lisa Belluco, il a tenu à rappeler que le quartier était “relativement calme” : "il n'est pas tenu par les dealers même s'il peut y avoir des tensions", a dit M. Girier en appelant les familles "à ne pas laisser des mineurs dans la rue en soirée".