Une fusillade a éclaté dans la nuit du jeudi 31 octobre au vendredi 1ᵉʳ novembre à Poitiers, place Coïmbra dans le quartier des Couronneries. Dans l'affrontement, cinq personnes ont été grièvement blessées, dont un jeune de 15 ans au pronostic vital engagé.
Une soirée d'Halloween qui tourne à l'effroi. Dans la nuit du jeudi 31 octobre au vendredi 1ᵉʳ novembre, aux alentours de 22 h 45, une fusillade éclate et fait cinq blessés place Coïmbra, devant le fast-food, L'Otentik, dans le quartier des Couronnieries de Poitiers. L'un d'entre eux, un jeune de 15 ans, est toujours entre la vie et la mort, ce samedi matin, après avoir reçu une balle dans la tête, selon une source policière.
Moins de 16 ans
En fin de journée, vendredi, Cyril Lacombe, procureur de la République de la Vienne, est revenu sur cette fusillade qui a eu lieu dans la nuit de ce jeudi 31 octobre. "Les victimes recensées, toutes résidentes de Poitiers, sont nées entre 2008 et 2009. Quatre d'entre elles sont hors de danger."
Une victime est hospitalisée en urgence absolue avec un pronostic vital engagé. Il présentait une blessure par balle, au niveau de la tête.
Cyril LacombeProcureur de la République la Vienne
Au total, les services de police auraient été en contact avec "une soixantaine de personnes" qui "souhaitaient être informées des évènements". "Les forces de sécurité ont été contraintes d'utiliser trois grenades lacrymogènes" pour repousser la foule, ajoute le procureur. "Aucune dégradation n'a été commise tant sur les commerces que sur les véhicules stationnés, y compris ceux des forces de l'ordre".
Tentative d'homicide
Une enquête en flagrance pour tentative d'homicide a été ouverte, indique le procureur de la République de la Vienne. Il ajoute que le tireur de cette fusillade se serait livré à la vente de produits stupéfiants les jours précédents l'incident.
Sur place, les forces de l'ordre ont retrouvé "11 étuis de douilles". Ces douilles proviennent de balles "tirées par une arme semi-automatique de type 22 Long Rifle", précise le procureur.
Une perquisition, réalisée en début de matinée vers 6 h, dans une habitation de Poitiers, a permis de découvrir sept munitions de type 22 Long Rifle ainsi que des éléments partiels d'une arme démantelée.
Ce logement aurait été occupé par un homme dont l'identité est en cours d'identification, présent depuis quelques semaines à Poitiers.
Cyril LacombeProcureur de la République de la Vienne
"Les vidéos surveillances sont en cours d'exploitation", conclut le procureur de la République de la Vienne.
En parallèle, Jean-Marie Girier, Préfet de la Vienne, a renforcé les effectifs avec des brigades BAC et cynophiles complémentaires, et le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a permis le déploiement d’une CRS nouvelle génération, dits CRS84, dès vendredi soir. Cette unité, rapidement mobilisable, est spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines et contre le trafic de stupéfiants.
#FusilladeàPoitiers | Plus d’une centaine de #policiers seront mobilisés à partir de ce soir pour garantir la #sécurisation du quartier des Couronneries
— Préfet de la Vienne (@Prefet86) November 1, 2024
Des policiers de la CRS 8 et de la CRS84 sont arrivés en renfort pic.twitter.com/DDbfHBkPRR
"50 à 60 personnes" présentes sur place
Si le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau avait initialement parlé sur BFMTV de "400 à 600 personnes" participantes à cette rixe, il a été contredit par une source policière qui parle quant à elle de "50 à 60 personnes" présentes sur place.
Des chiffres corroborés par la maire de Poitiers, Léonore Moncond'huy, qui évoque aussi "quelques dizaines de personnes". "Le fait que des évènements aussi violents, impliquant des jeunes personnes, se produisent à Poitiers, est le signe d'un problème qui est en train de se généraliser en France et qui touche des territoires à présent épargnés par ce phénomène", indique l'édile.
Cet évènement est plutôt lié au trafic de drogue.
Léonore Moncond'huyMaire de Poitiers
Des témoins également interrogés évoquent des chiffres similaires et abordent également les raisons de cette violente rixe. La maire annonce l’ouverture du centre social pour accueillir les habitants qui souhaitent parler de l'évènement qui a eu lieu hier soir.
Fusillade à #Poitiers : un nouvel épisode de violence inacceptable. La jeunesse des personnes impliquées est particulièrement préoccupante. J’appelle à la responsabilité de tous pour le maintien de l’apaisement dans la ville, et salue la présence renforcée des forces de sécurité. pic.twitter.com/j4Ml7vf5rU
— Léonore Moncond'huy (@L_Moncondhuy) November 1, 2024
La députée de la première circonscription, Lisa Belluco, présente sur place, appelle à la prudence. "Poitiers est une ville plutôt calme. Il faut essayer de ne pas faire dégénérer les choses, même si c'est un évènement grave", assure-t-elle. L'élue propose ainsi de regarder "à long terme" et met en garde contre les "rabots des fonds dédiés à la justice".
"Il faut lui donner les moyens, et aux forces de l'ordre, de faire leur travail. Les maisons de quartiers sont aussi en souffrance, elles sont actrices de la bonne vie et de la bonne entente entre les gens ", martèle-t-elle.
"J'ai peur qu'il arrive quelque chose à mes petits-enfants"
La tante de l'adolescent touché par balles, rencontrée devant le CHU de Poitiers par une équipe de France Télévisions, décrit un enfant "intégré", qui "est scolarisé", "joue au foot, fait de la natation en club". Elle parle d'un "enfant lambda", de "quelqu'un de très serviable, aimant, un gentil garçon".
Ma fille me dit : il est par terre, il a pris une balle. On m'a montré la flaque de sang et mon petit neveu allongé place Coïmbra.
Tante de l'adolescent touché par balles
L'adolescent, selon elle, se trouvait, ce soir-là, "avec des amis" qui "sont dans le même cadre que lui. Ils vont à l'école, ils ont des activités". Elle évoque un jeune homme "qui n'a rien demandé" et n'avait pas de lien avec le trafic de drogue. "Il allait s'acheter un sandwich. Il a appelé sa mère pour demander s'il pouvait. Il savait qu'il ne fallait pas dépasser les horaires, même en vacances. Et nous, on nous appelle vers 23h", explique cette tante.
En ce 1ᵉʳ novembre, jour férié, dans le quartier des Couronneries, les habitants sont sous le choc. "C'est inadmissible, c'est devenu invivable. Ce n'était pas comme ça avant, c'est de pire en pire. Quand je passe dans le quartier, on ne me dit rien, mais je reste sur mes gardes, je suis méfiante. J'ai peur qu'il arrive quelque chose à mes petits-enfants", avoue une cliente d'une boucherie du quartier.
"Depuis quelques temps, ce quartier craint vraiment. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes. C'est devenu Chicago... Ce qui est sûr, c'est que je ne traînerai pas la nuit là-bas", raconte une personne travaillant dans le centre-ville de Poitiers. Une autre habitante évoque des rixes de plus en plus fréquentes dans la ville poitevine, notamment sur cette année 2024 après la mort du jeune homme de 17 ans en mai dernier, et le véhicule bélier ayant incendié une partie des commerces situé place de Provence en juin dernier, sités juste à côté du lieu de l'incident d'hier soir.
Le député de la deuxième circonscription de la Vienne, Sacha Houlié, dénonce, de son côté, le fait que cette fusillade soit "symptomatique de la gangrène consécutive à l'extension du trafic de stupéfiants" et "salue le courage des 30 policiers et gendarmes qui ont dû faire face à cette situation périlleuse".