Alain Verneau partage son temps en tant que médecin du Stade Poitevin Rugby, gastro-entérologue engagé dans le "French Gut", organisateur de festival de jazz, référent rugby santé… mais c’est son activité de médecin de match qui attise notre curiosité aujourd’hui.
Même sur la touche, Alain Verneau est actif. Certains le qualifieront même d’hyperactif, lui se dit plutôt « pluriactif ».
Ne vous y trompez pas. Un médecin de match n’est pas un médecin d’équipe, qui lui, est dédié aux joueurs de leurs clubs. Alain Verneau est indépendant. « C’est comme cela que l’on est qualifié, que ce soit sur le TOP 14, les Six Nations ou en Coupe d’Europe, explique l’intéressé. On est neutre ».
Neutre, il devra le rester pendant les Jeux Olympiques. La seule compétition que le poitevin n’a pas encore couverte depuis qu’il est devenu médecin de match en 2019.
Engagé pour les JO de Paris 2024
Je crois que je ne réalise pas encore.
Alain Verneaumédecin
"Je me rendrais compte une fois dedans, j'imagine… mais je dois rester concentré". Il semble comme se ressaisir. « J’essaye de me détacher de l’événement. On n’est pas là pour être des groupies, faire des selfies avec des grands joueurs, on a une fonction officielle et donc une tâche que nous devons assumer ».
Alain doit donc assumer et assurer. D’autant plus qu’il est le seul français à être sélectionné pour ces Jeux Olympiques. À ses côtés, trois Anglo-Saxons, qui ne parleront pas un mot de français.
« Je pense que mes quelques compétences en anglais ont pesé dans la balance pour les sélections. Quand il y a eu cet appel à candidature, je me suis dit que je n’avais rien à perdre. J’ai écrit une lettre de motivation dans laquelle j’ai rappelé que j’avais été récemment le médecin de deux finales de championnat de France de rugby à sept, que je parlais anglais et me voilà participer à cet évènement. Incroyable ».
Du 24 au 30 juillet, l’ancien gastro-entérologue devra être au meilleur de sa forme du début d’après-midi jusque très tard le soir. « Les journées seront bien remplies avec des matchs qui s’enchaînent. Je vais avoir trois jours pleins avec une douzaine d’équipes, trois jours plein avec des rencontres masculines et trois jours pleins avec des rencontres féminines. Équilibré et super à vivre ».
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Le travailleur de l’ombre, indispensable
Son rôle ? La gestion des commotions cérébrales et la coordination des soins. Entre d’autres termes, ce n’est pas lui qui interviendra directement en cas de blessure sur le terrain. En revanche, en cas de suspicion de commotion, un(e) joueur(euse) ne pourra pas revenir sur le terrain sans son accord. Il fait passer les tests et donne son verdict immédiatement.
C’est lui le chef d’orchestre de l’équipe de secouristes, qui eux, interviennent sur la pelouse. Deux heures avant le coup d’envoi, c’est la grande répétition générale qu’il coordonne avant de faire un dernier point avec les arbitres.
Ce rôle, Alain Verneau le connaît par cœur. Il le répète minutieusement depuis cinq ans sur tous les terrains professionnels de l’Hexagone. « Le premier médecin de match en France fut mon confrère de Cognac, Jacques Sarda. C’était en 2014 lors des Six Nations. Un pionnier, sourit Alain Verneau. Moi, je fais partie de la deuxième vague, en 2019, lorsque le concept s’est étendu au championnat de France de TOP14. J’ai passé les deux diplômes de niveau exigés par la World Rugby et aujourd’hui, j'en suis très heureux ».
La nouvelle vague
Le système de médecin de match ne va plus se limiter au TOP 14 en France. Si les finales de Pro D2 ont déjà la chance de bénéficier de ses experts, ce sera tout au long de cette compétition qu’ils pourront dorénavant s’épanouir. Il a donc nécessité un nouvel afflux de candidat.
« J’étais à Marcoussy le week-end dernier entouré des nouveaux, c’était enrichissant de pouvoir partager mon expérience ! C’est encourageant de voir que les jeunes s’y intéressent, j’y ai même retrouvé un ancien de Poitiers, s’amuse le sexagénaire. Je faisais figure d’ancien, mais ce n’est pas pour ça que j’étais au centre de l’attention ». Bien sûr que non ! C’est tout simplement parce que, comme beaucoup disaient sur place, « c’est lui qui est sélectionné pour les Jeux ».