Sa voix est douce et métallique. Quand il déroule la pellicule de sa vie, son histoire s’imprime d’abord en noir et blanc. Personnage haut en couleurs, à 74 ans, Francis Joulin se confie sur sa passion exclusive à la veille des 34e Journées photographiques de Montamisé.
Après deux éditions annulées pour cause de pandémie, Francis Joulin, ce pionnier du club de photo local créé en 1978, en profite pour revenir sur les moments qui ont compté, ces instantanés qui marquent l’existence.
« J’ai commencé au lycée, par l’argentique évidemment. J’étais à l’internat à Henri IV, à Poitiers. Et un jour « un grand » me dit : Ça t’intéresse de venir voir la photo ? Il m’a amené dans un labo, a sorti un négatif et puis il a fait apparaître une image. Ça a été pour moi un truc de dingue ! La photographie n’était pas du tout démocratisée à l’époque.»
Premier appareil photo
À partir de là, le natif de Marçay (86) va en permanence fixer son œil derrière un viseur. À sa communion solennelle, le cadeau tant espéré arrive enfin : le premier appareil photo. La liberté !
« C’était un Kodak 6-6. Je l’ai toujours dans la tête. J’ai commencé à faire mes propres photos et rapidement aussi j’ai pu tirer sur papier mes propres négatifs. C’est venu comme ça ». Grâce à ce camarade, à une rencontre qui change tout.
Début des années 60. Le futur professeur de français exerce son œil avec ses proches pour sujet essentiel : des portraits, des scènes de vie quotidienne, des fêtes aussi.
Mes photos, c’était la famille, tout simplement, parce qu’on ne voyageait pas comme maintenant.
Francis Joulin, photographe
Une fois dans la vie active, Francis Joulin acquiert des appareils plus perfectionnés pour assouvir sa passion dévorante.
La révolution du numérique
Avec le passage au numérique, tout l’univers photographique de Francis Joulin évolue inévitablement. Fini la frustration des pellicules de 36 photos qu’on économise à outrance parce que c’est cher. « Je me suis mis à mitrailler dans tous les sens. Même encore aujourd’hui, je peux prendre 30 ou 40 photos en quelques minutes ».
« J’ai formé des dizaines de personnes à l’argentique. Aujourd’hui nous sommes une vingtaine d’adhérents. Ici à Montamisé, tout le monde me voit et me connaît avec mon appareil photo. Mais je suis connu dans toute la Vienne je crois ! »
Sa popularité locale n’est pas un mythe ni une légende rurale. Francis Joulin a aussi usé de ses talents pour la presse quotidienne régionale, de 1980 jusqu’à sa retraite de professeur en 2008, à La Nouvelle République, en tant que correspondant local. Et aujourd’hui encore une rubrique lui est consacrée dans le magazine poitevin Le7.info : « avant/après », deux photos prises dans le même axe à des dizaines d’années d’intervalle, une rubrique pour laquelle le lecteur est invité à identifier le lieu de la prise de vue.
« Je fais ça de façon bénévole. Cela m’amuse beaucoup. Et j’ai une signature particulière : dans la photo du présent, il y a toujours un élément en rouge ! Parce que j’aime le rouge tout simplement.»
Francis Joulin a une autre passion en lien avec la photographie : il est collectionneur de cartes postales. Il en détient plus d’une centaine pour chacune de ses collections de Marçay et Montamisé où une exposition lui a d’ailleurs été consacrée à la médiathèque.
Mais revenons au présent, à l’instant d’après en tout cas. Ce week-end des 2 et 3 avril 2022. Le programme des Journées photographiques de Montamisé fait la fierté du président. Et l’organisation n’a pas lésiné sur la communication pour faire revenir le public après deux années blanches : 8.000 flyers et 200 affiches pour rappeler aux aficionados et simples visiteurs que l’événement est d’ampleur : dimanche, sa foire au matériel photographique d’occasion figure sur le podium national des principales manifestations du genre.
Au programme, samedi : des expositions et débats en présence de Charly Delisle, photographe du « tout petit » et du magazine Chasseur d’images.
CARTE - Montamisé