L'institut de recherche agronomique est engagé dans un bras de fer judiciaire avec les propriétaires du domaine de Magneraud en Charente-Maritime, site qu'il occupe depuis plus de 60 ans. La dernière décision de justice somme les chercheurs de quitter les lieux au plus tard en juillet 2023.
"On a perdu, on ne sait pas ce qui va se passer derrière, où est-ce qu'on ira ?" Les salariés de l’Institut pour la Recherche Agronomique de Saint-Pierre-d’Amilly ont la tête pleine d'interrogations au moment de prendre le travail ce lundi matin.
La cour d’appel de Poitiers a rendu sa décision : elle donne un an au centre de recherche pour plier bagage.
L’organisme public est hébergé sur le domaine de Magneraud depuis 1958. Le bail, signé avec la coopérative alors propriétaire des lieux, prévoyait que l'institut de recherche occupe ce terrain de 100 ha pour un euro symbolique par an pour une durée de 50 ans.
Aujourd’hui, la coopérative a été dissoute, le domaine appartient à des propriétaires privés qui veulent renégocier les conditions, et demandent une réévaluation financière du bail.
Négociations en cours
On ne veut pas céder à la spéculation
Philippe Mauguin, PDG de l'INRA
"Ils ont voulu maximiser la rentabilité, alors que nous sommes un organisme de recherche public et que nous travaillons pour l'intérêt général." se défend Philippe Mauguin, PDG de l'INRA. "On est tout à fait ouvert à la discussion avec les propriétaires pour pouvoir reprendre le site de manière définitive, mais on est financé par l'argent du contribuable et on est attentif à ce que ça se passe dans des conditions raisonnables. On ne veut pas céder à la spéculation" précise-t-il.
Pour le maire de Saint-Pierre-d'Amilly Philippe Bodet, le départ de ce centre de recherche qui représente 150 emplois directs ou indirects nuirait évidemment au dynamisme de son territoire, et il ne voit pas très bien à quoi pourrait être destiné le domaine : " Il faudrait trouver une activité qui corresponde à l'activité de recherche menée actuellement. Je ne vois pas qui pourrait être intéressé pour reprendre cette activité" déplore-t-il.
Le PDG de l'INRA tient à rassurer les salariés du site, il se dit confiant et serein quant à l'évolution des négociations en cours avec les propriétaires.