La voiture sans permis, alternative aux familles éloignées des centres

Avec 15.5000 immatriculations de voitures sans permis en 2020, les voiturettes ont la côte avec un bon de 16% entre 2016 et 2020. Ces voitures, qui peuvent se conduire dès 14 ans, seraient en train de remplacer le scooter chez les jeunes. En Poitou-Charentes, elles conquièrent des personnes éloignées des transports en commun, des services et de leur travail.

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« Dans le sud de la France oui, 90 % des ventes sont des jeunes de 14 à 18 ans. Mais chez nous, ce n’est pas le boom qu’on entend », commence par expliquer Adeline Brilleteau, responsable des voitures sans permis au garage Demi-Lune à Poitiers, spécialiste de la voiture sans permis depuis 2014.

Pour conduire une voiture sans permis, le permis n’est pas obligatoire uniquement si l'on est né avant 1988. Les personnes nées au-delà doivent passer le permis AM permettant de conduire des cyclomoteurs ou quadricycles légers. Dans les grandes villes, les jeunes sont de plus en plus nombreux à utiliser la voiture électrique, présentée comme une alternative au scooter. Mais en Poitou-Charentes, le profil des acheteurs est différent.

Des voitures encore trop chères pour les jeunes

Loin d’être une majorité en Poitou-Charentes, les jeunes qui optent pour la voiture sans permis sont « souvent des apprentis, ou des jeunes qui vivent à la campagne, dont les parents ne sont pas disponibles pour les emmener à des activités », selon Adeline Brilleteau. Car acheter une voiture sans permis reste un budget lourd : il faut compter entre 9.500 a 19.000 euros maximum pour une voiture haut de gamme électrique.

Et pour un jeune qui n’a jamais conduit, "les assurances coutent très cher: entre 80 et 150 euros par mois en tout risque".   Le garage Gaillard à la Mothe-Saint-Héray est le premier à vendre des voitures sans permis dans les Deux Sèvres depuis 1988. Son responsable ne constate pas non plus d’engouement particulier chez les jeunes : « j’ai vendu une  voiture à Niort, à une personne qui la voulait pour son fils ».

Une voiture qui conquiert un public éloigné des centres urbains, avec enfants

La réputation de la voiture « pot de yaourt » a évolué: « maintenant, ce sont des voitures qui ont presque le gabarit d’une 106 avec la direction assistée, la climatisation… La seule différence, c’est la vitesse. » Pouvant atteindre trois mètres, toujours dotée de deux places, et limitée à 45 km/h, la voiture sans permis est majoritairement utilisée par des personnes en campagne éloignées des moyens de locomotion.

"c’est plus pratique d’avoir une voiture qu’un scooter pour chercher les enfants à l’école"

Adeline Brilleteau, responsable des voitures sans permis au garage Demi-Lune à Poitiers

Même constat pour le responsable du garage Gaillard qui vent principalement à des « personnes entre 30 et 77 ans, dépourvues de transports en commun, qui n’ont pas le permis et sont toujours obligées de faire appel à un voisin ».  Le responsable du magasin Novac Auto à Poitiers achète et revend des véhicules d’occasion. Lui aussi observe que les jeunes qui achètent ces voitures n’ont souvent « pas d’alternatives ». Il observe davantage de demandes sur les petites camionnettes sans permis : «Les personnes en achètent pour aller travailler, aller sur les chantiers, bricoler. On a aussi des personnes avec un handicap».   

De plus en plus de femmes clientes

Depuis 2014, Adeline Brilleteau a pu observer une évolution des profils qui achètent ces voiturettes. Le mois dernier, sur sept ventes, la responsable des voitures sans permis au garage Demi-Lune à Poitiers a vendu à trois femmes, entre 30 et 50 ans. Un profil de plus en plus fréquent selon elle.

« Ce sont des femmes qui se déplaçaient en bus ou en cyclomoteur, qui n’arrivent pas à passer le permis, ou qui ne l’ont jamais passé par manque de temps entre les enfants et le travail ».

Adeline Brilleteau, responsable des voitures sans permis au garage Demi-Lune à Poitiers

Parmi ces profils, elle observe de plus en plus de femmes qui travaillent comme aide à domicile : «  elles accompagnent des gens qui ont besoin de se déplacer, donc ça leur permet de pouvoir développer leur clientèle, d’aller plus loin ». La spécialiste des voitures sans permis a également reçu trois couples de parisiens, qui vivent à Poitiers mais travaillent à Paris la semaine : « Sur les trois, il n’y en a pas un qui compte passer le permis. Ça leur convient car c’est très économique en consommation ».  

 Si les voitures neuves sont relativement chères, celles d’occasion se trouvent « très peu sur le marché et  se vendent très cher ». Une des raisons est l’absence de contrôle technique sur ces voitures qui sont souvent revendues deux à trois fois par an, sans être aux normes. « Certains personnes parfois utilisent toutes leurs économies pour acheter et réparer leur voiture. Il vaut mieux attendre d’avoir un vrai budget pour acheter une voiture qui roule bien » selon Adeline Brilleteau.

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