Le procureur de la République de Poitiers a ouvert une enquête préliminaire pour vérifier la légalité des mouvements financiers d'un prêt garanti par l'État aux Fonderies du Poitou. Mais rien ne permet pour l'heure, de caractériser une quelconque infraction.
L'affaire remonte à l'été dernier. La Fonderie Alu à Ingrandes connaît des difficultés et dépose une demande de prêt garanti par l'État pour un montant de 18 millions d'euros. Le ministère de l'Économie accepte de se porter garant et l'entreprise s'adresse alors aux banques. Mais les difficultés de l'entreprise et l'avenir incertain de l'activité rendent les banques extrêmement frileuses. L'entreprise essuie plusieurs refus. Elle décide alors de se tourner vers la filiale allemande de Greensil, le principal partenaire financier de GFG Alliance, repreneur des Fonderies.
Les 18 millions sont versés sur le compte de l'entreprise, mais 48 heures plus tard, ils n'y sont plus. Les syndicats affirment que le groupe GFG aurait demandé à ce que l'argent soit renvoyé en Allemagne.
Greensill dépose le bilan
Alors que la Fonderie alu attend cet argent pour faire face à ses difficultés et payer ses salariés, une nouvelle vient assombrir un peu plus le tableau s'il en était besoin. Le 8 mars dernier, la société financière Greensill est en faillite. Une défaillance qui met en péril aujourd'hui près de 50.000 emplois en Europe, en Australie et au Royaume-Uni.
La situation inquiète le ministère de l'Économie et des Finances. Joints par téléphone, les services du cabinet de la secrétaire d'État, Agnès Panier-Runachier disent suivre avec beaucoup d'attention cette affaire. Le ministère assure qu'il portera main forte aux Fonderies si besoin est.
L’État soutiendra l’activité si cela s’avérait nécessaire, pour les besoins en trésorerie.
La CGT s'inquiète du paiement des salaires de mars, mais Bercy affirme qu'ils seront bien payés, et que si des difficultés de trésorerie devaient apparaître, le ministère prendrait le relais.
Du côté de la direction, un bref communiqué vient expliquer qu'il n'y a pas matière à s'inquiéter.
Nous ne faisons pas de commentaires sur les accords de financement spécifiques. Nous avons été clairs dans toutes nos discussions avec les syndicats : bien que la situation de Greensill soit difficile, GFG Alliance dispose d'un financement adéquat pour ses besoins actuels. En ce qui concerne la fonderie d'aluminium de Poitou elle-même, les opérations se poursuivent normalement et tous les objectifs de productivité sont atteints ou dépassés. On a également constaté une nette augmentation des performances en matière de qualité au cours des derniers mois.
Seule certitude dans cette affaire, aucun des 18 millions d'euros en question ne provient des finances de l'État.
De son côté, la Fonderie fonte doit fermer en juin prochain. 292 emplois seront supprimés.