Les habitants de l'immeuble du 96 au 100 de la rue des Deux-Communes dans le quartier des Couronneries n'en peuvent plus. Depuis le mois de juin, un groupe de jeunes squattent les caves de l'immeuble le soir en provoquant un vacarme qui empêchent les locataires de dormir et profèrent des insultes.
Vacarme nocturne, rodéos et trafic de stupéfiants, les nuits des habitants de l'immeuble de la rue des Deux-Communes, dans le quartier des Couronneries, sont loin d'être paisibles depuis le mois de juin dernier. Des groupes de jeunes squattent les caves du bâtiment jusqu'au petit matin.
"Ça va crescendo depuis le déconfinement"
A partir de 20 heures, ils s'installent pour jouer aux jeux vidéos, mettre la musique à fond, tout celà sur fond de trafic de stupéfiants et de rodéos nocturnes en scooter. Les jeunes squatteurs se branchent directement sur la minuterie de l'immeuble et ne quittent les lieux qu'au petit matin."Nos caves ne nous appartiennent plus, elles sont occupées par des jeunes. Parfois, on dirait une boîte de nuit avec des jeunes qui font la fête avec la musique à fond et des rodéos."
Tous les matins, les locataires de l'immeuble se relaient pour prendre des photos de l'état dans lequel les caves sont laissées. Ils trouvent souvent des déchets, des tags, de vieux matelas ou des seringues traînant par terre. Beaucoup de portes ont été forcées et les caves dévalisées.
"Ça a commencé dès le déconfinement et ça monte crescendo. Ils se sentent installés. Ils nous insultent."
Les locataires ont décidé de réagir et ont organisé ce week-end des rassemblements, le soir, en bas de l'immeuble pour alerter sur la situation. Ils ont décidé de se retrouver à nouveau ce soir lundi 7 septembre.
Insultes et menace de mort
"Ça nous fait mal que des jeunes comme eux soient autant abimés mais quand on ne sent pas en sécurité chez soi, que reste-il ? On ne peut pas dormir la nuit ça impacte nos vies avec le travail." témoigne cet habitant qui aujourd'hui se sent en insécurité. Hier soir dimanche, à l'issue de la réunion à laquelle des élus de la ville et du département s'étaient joints, il a été menacé de mort par quelques jeunes. Aujourd'hui, il est allé porter plainte au commissariat de police.
Les insultes envers les locataires de l'immeuble fusent très souvent et le sentiment de crainte tend à se développer. Une voiture a été caillassée sur le parking de l'immeuble dans la nuit de dimanche à lundi. Le rassemblement organisé par les locataires hier dimanche soir, pour occuper les espaces communs, s'est terminé sous les menaces et les jets de pierre.
Du côté du bailleur social du Grand Poitiers, Ekidom, on se dit conscient des difficultés rencontrées par les locataires de cet immeuble allant du 96 au 100 de la rue des Deux-Communes.
Les incivilités et le trafic de stupéfiants sont montés en puissance depuis la fin du confinement. Les jeunes essaiment un peu partout dans le quartier pour avoir des points de repli.
Une réunion de concertation avec les locataires
Parmi les solutions envisagées par Ekidom : la fermeture des caves qui, nous explique-t-on, peuvent communiquer entre elles d'un bâtiment à l'autre et la mise en place d'une surveillance par une société spécialisée."Les problèmes d'incivilités, de tapage nocturne et de trafic de drogue existent depuis longtemps dans d'autres endroits du quartier mais ils sont récents dans l'immeuble de la rue des Deux-Communes. Le problème c'est que quand on va les chasser de là, ils vont aller ailleurs." constate Cathy Faye, la directrice territoriale d'Ekidom pour les Couronneries. Elle ajoute que la concertation avec les habitants est essentielle pour mettre en place des mesures efficaces.
Pour les locataires, il faut trouver une solution durable car "s'ils déménagent de notre bâtiment pour aller s'installer dans un autre, ce n'est pas une solution" affirme un des habitants qui se veut optimiste.
A l'initiative de la ville de Poitiers, une réunion de concertation est organisée demain mardi, en fin d'après-midi, au siège social d'Ekidom, aux Couronneries. Elle est destinée à rechercher des solutions pour enrayer ce phénomène de squatt des caves d'immeubles. Elle va réunir des représentants des locataires, de la ville et d'Ekidom mais aussi des forces de l'ordre. "On se sent écoutés et soutenus par la ville", conclut un locataire qui ce soir, comme ses voisins, va participer au rassemblement dans le hall de l'immeuble.