Le Musée Sainte Croix, comme d'autres musées de France, abrite dans ses collections des œuvres au passé mouvementé et traditionnellement dites "MNR" pour "Musée National Récupération".
A la fin de la dernière guerre, de nombreuses œuvres récupérées en Allemagne ont été renvoyées en France parce que certains indices (archives, inscriptions, etc.) laissaient penser qu'elles en provenaient. La plupart d'entre elles ont été rapidement restituées à leurs propriétaires spoliés par les Nazis. D'autres furent vendues par les Domaines, alors que d'autres étaient confiées à la garde des musées nationaux. Elles constituent ce qu'on appelle des MNR, « Musées Nationaux Récupération ».
Il existe un répertoire des biens spoliés en France durant la guerre 1939-1945. Cet ouvrage monumental comprend huit tomes, six suppléments (dont cinq indépendants) et un index des peintres.
Au musée de Poitiers, ce sont quatre oeuvres qui ont été déposées successivement en 1953, 1957 et 2006. Elles attendent leurs propriétaires ou ayant droits.
Ces oeuvres seront le centre d'une soirée spéciale, ce mardi 4 Août, avec la projection à 22h du film « Monuments Men », avec George Clooney et Jean Dujardin, l'histoire d'un groupe créé par le général Eisenhower, chargé de suivre les Alliés afin de récupérer les œuvres d'art dérobées par les Nazis.La projection sera précédée à 20h30 d'une présentation des tableaux, spécialement sortis des réserves, menée par deux guides conférenciers, dont Daniel Clauzier:
Les quatre oeuvres seront bientôt être visibles en permanence.
Le reportage de Sophie Goux, Laurent Gautier et Philippe Ritaine
Intervenants : Daniel Clauzier, Historien d'art et Raphaële Martin-Pigalle, Responsable collections Beaux arts et arts décoratifs musée Sainte-Croix
Rose Valland, une vie consacrée à la restitution des oeuvres volées
Pendant l'Occupation, les Allemands, sous l'administration du « personnel spécial pour l'art pictural » commencent à travers la France un pillage systématique des œuvres des musées et des collections privées, principalement celles appartenant à des Juifs déportés ou ayant fui. Ils utilisent le musée du Jeu de Paume comme dépôt central (avec six salles du département des antiquités orientales du musée du Louvre) avant d'orienter les œuvres vers différentes destinations en Allemagne. Pendant le pillage nazi, Rose Valland, attachée de conservation au musée, dresse un inventaire précis des œuvres qui transitent par le musée du Jeu de Paume et essaye de connaître leurs destinations, les noms des personnes responsables des transferts, ainsi que le numéro des convois et des transporteurs.
Pendant quatre ans, elle garde la trace de ces mouvements, de la provenance, de la destination et du destinataire (généralement un dignitaire nazi) des œuvres, etc. Pour remplir ses centaines de fiches de manière scrupuleuse, elle déchiffre les papiers carbone allemands dans les poubelles du musée et écoute les conversations des officiels nazis. Elle fournit également des informations à la Résistance sur les trains qui transportent les œuvres, afin que ces convois soient épargnés par les résistants.