C'est un problème dont on parle depuis longtemps, mais qui ne s'arrange pas. L'antibiorésistance préoccupe médecins et chercheurs. Plusieurs études sont menées sur les risques de ce phénomène qui touche notre santé, mais aussi notre environnement.
"Les antibiotiques, ce n'est pas automatique". Vous vous souvenez sans doute de cette campagne du ministère de la Santé lancée il y a plus de 20 ans, pour réduire la consommation et la prescription d'antibiotiques. Elle a porté ses fruits, mais pas encore suffisamment. L'antibiorésistance devient un problème de santé publique. Il s'agit de la capacité des bactéries à résister aux antibiotiques."Les bactéries sont dans un milieu où elles sont en permanence en présence d'antibiotiques, donc, elles développent des mécanismes pour résister. Il faut trouver une solution parce qu'il n'y a pas de nouveaux antibiotiques qui arrivent sur le marché, ou en tout cas pas suffisamment, donc on doit mieux utiliser ceux que l'on a", affirme Sandrine Marchand, directrice du laboratoire pharmacologie des anti-infectieux, laboratoire Inserm, université de Poitiers.
Alors, pour tenter de comprendre comment se forment ces résistances et surtout trouver un moyen de les empêcher, des études sont menées. Par exemple dans le service de réanimation du CHU de Poitiers. Des prélèvements sont effectués sur un patient plongé dans le coma pour connaître l'interaction entre les antibiotiques et les bactéries.
C'est dans le laboratoire de l'INSERM que les échantillons sont analysés. "Ici, on reproduit les concentrations qu'on trouve chez le patient et on regarde l'efficacité de ces concentrations sur les antibiotiques avec l'idée d'adapter la meilleure posologie pour le patient." nous explique Chloé Dahyot-Fizelier, professeure en anesthésie réanimation de l'université de Poitiers/Inserm.
Mais le problème des antibiotiques n'est pas simplement un problème de santé, c'est aussi un problème environnemental. Les antibiotiques se retrouvent dans les eaux usées et dans l'eau des rivières. Des chercheurs du CNRS travaillent dans le Clain à la recherche de traces d'antibiotiques sur les roches. Ils cherchent à savoir si on ne risque pas une prolifération de cette pollution des eaux. "L'idée, c'est vraiment de savoir si on n'a pas une sorte de réservoir qui est en train de mûrir à cause de l'accumulation d'antibiotiques dans l'eau et de savoir s’il ne faudrait pas mettre en place des politiques publiques de traitements des rejets qui contiennent des antibiotiques avant le retour dans l'eau", affirme Jérôme Labanowski, chargé de recherches au CNRS.
Des questions et des recherches indispensables, le ministère de la Santé considère en effet la résistance aux antibiotiques comme un problème de santé publique.