C'est une première en France, la ministre de la justice l'avait annoncé en mars dernier, les détenus qui ne sont pas déchus de leur droit, ont pu voter au sein du centre pénitentiaire ce lundi 20 mai. Au centre de Vivonne-Poitiers, ils étaient 34 à avoir mis leur enveloppe dans l'urne de vote.
C'était une première dans les prisons françaises ce lundi 20 mai. Les détenus (qui ne sont pas étranger, et non déchus de leur droit), ont pu aller voter pour les élections européennes. C'est une nouvelle loi qui leur permet de voter au sein de l'établissement pénitentiaire, comme à Vivonne, dans la Vienne.
34 votants sur 700 détenus
C'est au rez-de-chaussée d'un bâtiment de la prison de Vivonne, au sein de la salle des activités socio-éducatives, qu'une urne a été installée. Tout y était, l'urne donc, les bulletins de vote, la liste d'émargement et l'isoloir. Sur les 700 personnes incarcérées à Vivonne, 34 détenus ont choisi de voter au sein de l'établissement, comme Yohann, 37 ans, en prison depuis 2011. Il a déjà pu voter deux fois mais c'était par procuration. Ce lundi 20 mai, il a pu prendre des bulletins de vote et en mettre un dans une enveloppe. C'est notamment la directrice adjointe de la prison qui a fait office de présidente du bureau de vote. Yohann a ainsi pu insérer son enveloppe dans l'urne. C'est en fait, juridiquement, un vote par correspondance, car les bulletins seront ensuite envoyés au ministère de la Justice et seront dépouillés le dimanche 26 mai.J'ai voté, c'est moi qui ai fait la démarche, j'ai pu me déplacer pour aller voter, donner ma voix, c'est ce que permet la nouvelle loi. C'est important qu'elle soit passée et que je puisse le faire moi-même sans appeler des personnes extérieures.
- Johann, détenu à la prison de Vivonne
C'est une première en France, et c'est aussi une victoire pour l'association "Robins des Lois" qui milite depuis des années dans ce sens, à ce que les détenus puissent voter librement au sein des établissements pénitentiaires. C'est un combat de François Korber qui a mené une vaste offensive médiatico-judiciaire depuis plusieurs années auprès du ministère de la Justice et de l'Intérieur, en s'appuyant sur l'article R-40 du code électoral qui autorise maintenant le préfet à créer un bureau de vote en prison. L'association est aujourd'hui présidée par l'ancien boxeur iranien Mayar Monshipour.
C'est un pas en avant pour les détenus. Ils font partie de notre société, ils ont commis une faute, ils la payent, mai ils peuvent contribuer à sa construction.
- Mayar Monshipour, président de l'association "Robins des Lois"
Ce vote par correspondance devrait ainsi rencontrer un succès. Sur les 50.000 détenus en France, aptes à voter, ils devraient être plus de 10%. Soit plus de 5.000 prisonniers à pourvoir voter au sein des établissements pénitentiaires.