Le journal Médiapart publie une enquête mettant en cause un haut gradé de la police dans la région Poitou-Charentes. Quatre hommes ont porté plainte pour agressions sexuelles entre 2006 et 2011.
L'enquête est publiée dans le journal Médiapart (version abonnés). Elle présente la bataille juridique qui oppose quatre hommes à un haut-gradé de la police nationale. Selon nos confrères de Médiapart, le policier et les quatre hommes se sont rencontrés lors de camps scouts. Le policier était chef scout et les quatre adolescents à l'époque participaient aux camps. Tous ont gardé des contacts par la suite et se sont revus une fois devenus majeurs. Les faits remonteraient à la période allant de 2006 à 2011. Selon leurs déclarations, le policier les aurait abusés sexuellement lors de soirées ou de nuits partagées au camping ou à son domicile. Des agressions parfois commises après une soirée alcoolisée, toujours selon les plaignants.
Une première plainte déposée en 2009
La première plainte a été déposée en 2009 par un des plaignants, tois autres suivront. Mais dix ans plus tard, l'affaire a été conclue par un non lieu. En clair, les magistrats ont estimé ne pas avoir assez d'éléments dans le dossier pour poursuivre le policier. Et c'est bien ce qui choque les auteurs des plaintes, comme l'explique l'un d'entre eux que nous avons pu joindre
Je suis en colère car la justice, en n’ayant jamais mis en examen notre agresseur, et en concluant à un non-lieu après 10 ans d’instruction alors qu’il y a quatre victimes, retient qu’il n’y a pas suffisamment de charges contre notre agresseur pour le traduire devant un tribunal. Comment peuvent être entendues les victimes dans les procès d’agressions sexuelles ? Julien, 37 ans.
Un avis que partage Maxime, âgé de 34 ans aujourd'hui :
Je confirme et valide l'enquête de Médiapart. Nous ne souhaitons qu'une seule chose : la tenue d'un procès équitable pour que soit entendue la parole des quatre victimes. Je suis révolté de la manière dont ce dossier a été traité pendant dix ans. Maxime, 34 ans.
Une audience à huis-clos ce mardi
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Poitiers tenait audience à huis-clos pour préserver le secret de l'instruction, ce mardi 3 mars. Elle devait dire si un procès est possible. Ce sera pour les plaignants la dernière occasion de voir juger leur agresseur. Trois victimes étaient à l'audience ce mardi matin accompagnées de leur avocat. Maître Benoît Chabert a estimé que cette audience était importane pour ses clients
Il a également déploré que leur parole ait été si mal entendue dans cette affaire.Aujourd'hui, enfin, les victimes sont là et elles vont voir leur agresseur parce qu'il est là. Et elles vont, par l'intermédiaire de leur avocat, expliquer qu'il y a des indices graves et concordants permettant de dire qu'une infraction d'abus sexuel a été commise. Maître Benoît Chabert, avocat des parties civiles.
On a eu un peu le sentiment, dans toute cette affaire, que c'était le procès des victimes et pas celui du mis en cause. Maître Chabert, avocat des parties civiles.
De son côté l'avocat du policier, Maître Lionel Béthune de Moro décrit un homme accablé qui s'est présenté à l'audience.
C'est une audience capitale puisqu'il y va de l'honneur d'un homme qui jusque là, a bénéfiié du statut de témoin assisté et qui a bénéficié aussi d'une ordonnance de non lieu. C'est une affaire dont on n'avait pas entendu parler jusqu'à ce que mon client soit jeté en pâture médiatiquement très récemment. Maître Béthune de Moro, avocat du policier.
Le jugement a été mis en délibéré au 14 avril.