Installé à Châtellerault, dans la Vienne, le romancier Norman Jangot imagine un monde en reconstruction à la suite d'une catastrophe planétaire. Au milieu des ruines, des hommes développent une fascinante faculté à interpréter les signes du quotidien. Les meilleurs d'entre eux sont recrutés par la police pour traquer des criminels. "L'Œuvre du Serpent", son troisième roman, est un polar d'anticipation et un véritable page-turner. Norman Jangot est notre invité livre, ce samedi 21 septembre.
Lorsque l'être humain se comporte de manière irresponsable avec sa planète, que se passe-t-il ? Dans L'Œuvre du Serpent (Ed. Héloïse d'Ormesson), le Châtelleraudais Norman Jangot imagine l'Homme creuser au plus profond de la Terre jusqu'à engendrer un cataclysme, une onde de choc qui détruit à peu près tout sur son passage. Ne restent plus que des survivants évoluant dans les ruines d'une grandeur passée. Certains d'entre eux se réveillent avec un don nouveau, totalement hors normes. Ils sont capables de déchiffrer les signes et les coïncidences du quotidien : des synchronicités.
Dans cet univers, Paris, aussi, est détruit. Il ne reste plus rien du musée du Louvre. Les survivants vivent dans des tunnels et reconstruisent avec les moyens du bord. Dans la scène d'ouverture de ce roman au long cours (493 pages), la jeune Mélodie est portée disparue, comme tant d'autres avant elle, à la suite d'une vague de crimes touchant les grandes métropoles. Au milieu des ruines, un homme, Nathanaël, est chargé de la retrouver. C'est l'un des plus grands flics de sa brigade, un Serpent, porteur du fameux don.
Alors que la mère de Mélodie peine à retracer les heures qui ont précédé la disparition de sa fille, Nathanaël est aux aguets, à l'affut du moindre indice qui pourrait émerger de la conversation et coïncider avec son environnement immédiat. Lorsque les premières synchronicités se font jour, ses sens s'aiguisent et le guident, alerte, d'un point à un autre, à la recherche d'une destination. Le récit se fait haletant à travers les rues de Paris et le lecteur est happé dans une traque à l'issue incertaine, digne d'un film hollywoodien à grand spectacle. Norman Jangot impose d'emblée un rythme soutenu, digne des meilleurs page turners, car oui, ici, les pages défilent, d'un rebondissement à un autre, laissant le lecteur haletant et un brin abasourdi. D'autant que soudainement, alors que le mystère de la disparition de Mélodie semble résolu, le héros, attablé à un bar dans lequel il se repose de sa journée, est brutalement interpellé par un inconnu qui le neutralise.
Entretien avec Norman Jangot. Équipe : Clément Massé, Stéphane Bourin, Marc Hennebert, Aurélie Grignard et Dominique Moreno.
À l'issue de cette ouverture spectaculaire, impossible de lâcher cette Œuvre du Serpent au scénario aussi enlevé qu'efficace et formidablement bien construit. Norman Jangot signe un polar d'anticipation, jouant avec les codes de la fantaisie et, surtout, du thriller. Car, dans cette histoire, il se pourrait bien qu'un homme ait choisi de retourner son don contre ses pairs.
L'Œuvre du Serpent (Ed. Héloïse d'Ormesson), 22€.