"Le Roundup face à ses juges" : le film de Marie-Monique Robin s'attaque au glyphosate

La journaliste deux-sévrienne est présente à Parthenay ce samedi pour présenter son prochain film intitulé "Le Roundup face à ses juges" et de son combat pour dénoncer les dangers du glyphosate. Nous l'avons rencontrée lors d'un récent passage à Poitiers.

Dans "Le roundup face à ses juges", vous racontez le procès citoyen qui s'est tenu l'année dernière à la Haye pour dénoncer les méfaits de la compagnie américaine de biotechnologie agricole Monsanto. Comment est né ce projet ?

On ne dit pas assez que 50% des gaz à effet de serre produits sur la planète sont dûs au modèle agro-industriel ; c'est un enjeu énorme. J'ai passé deux ans à faire ce film. J'étais la marraine du tribunal Monsanto, j'ai proposé les noms des victimes et les experts qui sont venus témoigner; je les ai filmés chez eux, dans leur pays, et à La Haye en septembre 2016. Mon film raconte tout cela et vise à faire le point sanitaire et environnemental sur le glyphosate, qui est la molécule active du Roundup. J'avais simplement posé comme condition que ce procès contribue à la reconnaissance de ce nouveau crime : l'écocide. Depuis, la polémique autour du glyphosate a éclaté et elle a enflé sérieusement jusqu'à aujourd'hui.  

Selon vous, le grand public a-t-il conscience aujourd'hui de ce scandale sanitaire autour du glyphosate, l'herbicide le plus répandu en Europe ? 

Il y a une montée en puissance absolument évidente, je suis assez impressionnée. On commence à faire un lien avec l'épidémie de maladies chroniques évitables comme l'appelle l'Organisation Mondiale de la Santé. J'étais à Marseille hier ; il y avait 200 personnes dans la salle de cinéma, j'ai demandé qui avait dans son entourage une personne atteinte d'un cancer du sein, 80% de la salle a levé la main. On voit bien qu'il y a un problème. L'imprégnation est totale, et je montre dans mon film que le glyphosate est lié à beaucoup de maladies.

Le 5 octobre prochain justement, l'Europe doit décider ou non de renouveler l'autorisation d'utilisation du glyphosate pour 10 ans [cette réunion a finalement été reportée à la fin du mois d'octobre, ndlr]. Des agriculteurs ont manifesté aujourd'hui à Paris pour protester contre son éventuelle interdiction. Que leur répondez-vous ?

On a tellement menti aux paysans en leur faisant croire par exemple que ces produits étaient biodégradables, ce qui est absolument faux. Certains pensent que s'ils les utilisent à très petites doses, ce n'est pas grave. C'est faux aussi, cela agit à de très faibles doses. Une goutte de glyphosate dans une piscine olympique peut avoir des effets sur les reins et les poumons. Et ça les agriculteurs ne le savent pas ! Monsanto leur affirme que le glyphosate est moins toxique que le sel de table ou la caféine. C'est un mensonge absolu. Ça aussi, je le dis dans le film. Mais il faut aider aujourd'hui les agriculteurs qui veulent passer au bio et changer de système parce que ce n'est pas facile.

Un mot de l'affaire Paul François (NDLR : cet agriculteur charentais qui a fait condamner Monsanto pour intoxication aux pesticides) que vous avez contribué à révéler. On apprend que l'affaire sera rejugée, Monsanto ayant remporté son pourvoi en cassation. C'est sans fin ? 

C'est incroyable. Surtout que Monsanto est en train d'être racheté par Bayer, le tueur d'abeilles, c'est le mariage des affreux ! Notre plus grand crainte au sein du comité juridique du tribunal Monsanto, c'est que Monsanto organise sa disparition légale pour échapper à toutes les poursuites judiciaires en cours dans le monde. On soupçonne que c'est la raison pour laquelle Monsanto souhaite être racheté : pour échapper à tout cela. Et pour Paul François et tous les autres, ce serait une très mauvaise nouvelle. 

 "Le Roundup face à ses juges" sera projeté en avant première à Parthenay (79) le 7 octobre puis diffusé le 17 octobre sur Arte. 

La bande-annonce du film est à voir ci dessous. 

Le Juge et l'Herbicide (trailer) from M2R Films on Vimeo.

 

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