Sécheresse, incendies : en Poitou-Charentes, la forêt telle qu'on la connait, n'aura plus le même visage dans 50 ans

Avec la sécheresse et la canicule, les arbres de la région ne sont pas adaptés à ces températures. Pour éviter de voir disparaitre des espèces entières, l'ONF met tout en oeuvre pour renouveler les plantations et préserver ses forêts.

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Non, les forêts ne sont pas vouées à disparaître, mais bien à évoluer pour survivre. Certaines espèces vont mourir pour laisser la place à d'autres, plus résistantes à la sécheresse. C'est en fonction des prévisions météo du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) que l'ONF tente de trouver des solutions pour la forêt de demain. Mais les chercheurs n'ont pas attendu les feux de forêts pour se pencher sur la question. En Poitou-Charentes, le projet Néo Terra engagé par la région Nouvelle-Aquitaine a permis de développer des îlots d'avenir dans la Vienne, les Deux-Sèvres ou la Charente. Des parcelles tests vont permettent d'implanter de nouvelles espèces et d'observer leur développement afin de savoir si elles s'intègrent bien dans le milieu et dans le climat dans lequel elles évoluent. Grâce à ces îlots d'avenir, ce sont 45.000 arbres qui ont été plantés. Tous les ans, l'ONF, renouvelle les plantations sur différents secteurs, mais depuis trois ans, les plantations ont augmenté.

Les plantations se sont accélérés grâce au plan de relance de l'état qui comprend un volet reboisement, 300.000 arbres ont été plantés depuis 2021.

Sébastien Allo, Responsable développement forêt Poitou-Charentes

Un programme de plantations ambitieux

Des plantations s'effectuent déjà dans les zones sinistrées : victimes de la sécheresse, d'incendies ou de maladies, mais aussi dans les zones ou les arbres se portent bien pour un renouvellement des espèces. Plus les arbres sont vieux, plus ils sont fragiles et donc vulnérables à la sécheresse. Cette année, les dégâts sont flagrants : stress hydrique dû à la sécheresse et incendie qui rendent les arbres plus vulnérables. L'espèce la plus impactée dans la région est les châtaigner. "J'ai fait mon tour la semaine dernière, ce que je remarque le plus ce sont les arbres clairsemés. Il y a quelques semaines, les têtes étaient plutôt opaques. Aujourd'hui, entre les branches sèches et les petites feuilles, on voit au travers" indique Yannick David, technicien santé, forêts Vienne et Charente.

Une stratégie bien rodée

Un bilan désastreux mais pas irréparable "La forêt se régénère seule, mais à cause du dérèglement climatique, les délais sont trop court pour permettre aux espèces de s'adapter au climat" indique Jérôme Jayat, responsable de l'unité territoriale Charente/Deux-Sèvres ONF.
Alors, pour donner un coup de pouce à la nature, les forestiers tentent d'importer des espèces qui résistent à la chaleur dans les régions du sud de la France comme les chênes pubescents qui vont certainement remplacer en parti des chênes séssiles et chênes pédonculés que l'on voit plus fréquemment dans la région.
 "Ces arbres sont moins haut que les chênes de chez nous, mais ils sont plus résistants à la chaleur et au manque d'eau" précise Yannick David du département santé forêt en charge du département de la Vienne et de la Charente. il ajoute que "depuis deux-trois ans, on a le droit d'importer des plans d'autres régions, avant il fallait que ce soit des arbres issu des mêmes conditions de développement de la région, mais là, on voit bien que les espèces dans le sud ont une longueur d'avance et ça devient un peu indispensable". Il faut donc adapter des arbres du sud en Poitou-Charentes, pour que les feuillus résiste à la chaleur. Ce sont les plus vulnérable mais aussi les moins inflammable par rapport aux résineux, comme les pins alpins, plus présent dans la région.

On pourrait choisir la faciliter, et implanter des pins maritimes, bien adapté à la région, mais est-ce qu'on a vraiment envie que tous les massifs forestier se ressemblent ? et surtout ces arbres sont très inflammables.

Sébastien Allo, Responsable développement forêt Poitou-Charentes

Mais le risque de créer un massif forestier avec une seule essence, c'est aussi de favoriser la propagation des maladies "grâce aux mosaïques, on créait de la diversité, mais aussi une barrière protectrice qui évite la propagation de maladies sur tout le massif ou même la progression d'incendies" indique Jérôme Jayat, responsable de l'unité territoriale Charente/Deux-Sèvres ONF.

Des des sécheresses de plus en plus fréquente

Dans 50 ans, la forêt que nous connaissons aujourd'hui ne sera plus la même "on travaille sur le long terme et je ne sais pas si je verrai un jour cette forêt du future" précise Sébastien Allo. Grâce aux prévisions du GIEC et ClimEssence, les forestiers arrivent à prévoir à peu prés quelles espèces pourront survivre dans 30 ans. Mais il reste toujours des inconnues. Ces périodes de sécheresse fragilisent les arbres, plus vulnérables aux maladies et aux insectes. "On croise les doigts, mais personne ne sait vraiment à quoi s'en tenir" avoue Yannick David.

Selon Sébastien Allo, "le Poitou-Charentes va connaître des risques importants d'incendie surtout dans la Vienne et les Deux-Sèvres. Historiquement, la lutte incendie, était plutôt concentrée dans le sud-est et le sud-ouest. Ici, les dispositifs ne sont pas forcement adaptés pour combattre tous ces feux". C'est l'un des gros chantiers de la région : se préparer au risque d'incendie. L'ONF travaille actuellement pour faciliter l'accès à des citernes des cantons qui étaient encore mal desservis, afin que les pompiers puissent accéder plus facilement à des réserves d'eau.

Le second chantier consiste à poursuivre l’adaptation des domaines forestiers de la région, mais c'est un travail sur le long terme selon le responsable développement des forêts de l'agence Poitou-Charentes. "On commence aujourd’hui, mais on ne sait pas quand on le terminera, il y aura certainement plusieurs générations de forestiers derrière ce projet".

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