Tour Poitou-Charentes 2023 : la dernière danse de Thibaut Pinot

Le coureur, particulièrement apprécié en France, dispute sa dernière course en dans l'Hexagone. Après la folie qui avait embrasé le Tour de France, ses supporters se résignent, mélancoliques, à voir leur idole préparer ses adieux.

"ALLEZ THIBAUUUUUT !" Ce cri, guttural, comme pour appeler au ralliement de ses fidèles, ne retentira bientôt plus. Thibaut Pinot, celui qui devait offrir à son pays un Tour de France attendu depuis 1985, prendra sa retraite à l'issue de la saison. Confolens, village départ du 37ᵉ Tour Poitou-Charentes, restera comme la piste du dernier envol hexagonal de ce drôle d'oiseau du cyclisme. "Je suis fan depuis ses débuts, explique Maxime Riffaud, venu avec son fils Marcel. J'adore l'homme, il est super gentil, pas du tout 'm'as-tu vu'. On a eu la larme en 2019 quand il se blesse alors qu'il avait tout pour gagner le Tour…" Comme un ultime pied de nez du destin, ce coureur réputé poissard se retire à l'issue de sa treizième saison chez les professionnels.

L'année maudite de 2019 - et les larmes touchantes du natif de Lure dans les bras de son directeur sportif - plane toujours au-dessus de la foule de spectateurs et de jeunes supporters, attirés naturellement par l'aura du champion qui ne voulait pas en être un. Un souffle, bienvenu dans cette matinée déjà chaude, semble porter les spectateurs qui, déjà, assaillissent le car bleu. Dès que la porte s'ouvre, laissant sortir un membre de l'encadrement de l'équipe, un bruissement : "Arrêtez de nous faire de fausses joies", se lamente une supportrice.

Certains badauds ne saisissent pas l'engouement autour du coureur originaire de Haute-Saône. Le grimpeur n'aura pas offert la Grande Boucle, certes, mais sur son vélo, il a donné bien plus en écrivant une tragédie romantique à même d'emporter les cœurs de nombreux Français. Confolens, capitale de la nostalgie à l'heure de parler, déjà, de l'héritage laissé par Pinot. L'armée d'enfants, stylos en main, les yeux ébahis devant le vélo n°1, esquisse la trace laissée par le coureur de la Groupama-FDJ dans le coeur du public.

Sur le bord de la route, Cédric Le Blouch est venu avec ses deux fils, Pierre et Gabin. Maillot de la Groupama-FDJ sur les épaules, ils brandissent une pancarte : "bonne retraite Thibaut", qui arrachera un coup de klaxon à Yvon Madiot, le directeur sportif de l'équipe tricolore.

"Moi je veux être comme Thibaut, et gagner au Tour du Limousin, et puis sur le Tour de France", annonce simplement Gabin, six ans, devant son papa. "Il fait déjà des sorties de 14 km, et de belles montées", souligne son père, l'œil rivé sur la route pour que les enfants ne ratent pas leur idole. Sur la pancarte qui lui est dédiée, les enfants ont dessiné des chèvres, l'autre grande passion de Pinot, qui fuit la lumière pour s'occuper de son troupeau dans sa ferme des Haute-Saône dès qu'il en a l'occasion. "Moi j'ai pas des chèvres, mais des moutons et un cheval", relève Gabin qui se cherche des points communs avec son favori. "C'est pour ça qu'on a adoré ce coureur, explique Cédric. On s'identifie, il y a une proximité."

Une furie populaire avait embrasé le petit Ballon, dans le"virage Pinot", lors de l'avant-dernière étape du Tour de France, organisé par la Fédération française de la Lose (FFL) et le Collectif Ultra-Pinot (CUP). Mais à Confolens, les supporters semblent avoir accepté l'inacceptable. Chaque réaction est teintée d'un sourire entendu, d'une moue. Même les porteurs de pancartes se revendiquant du CUP ou de la FFL, étrangement à jeun, paraissent surtout enivrés de mélancolie.

Devant le vélo gravé du nom de Thibaut Pinot et de ses différentes victoires, Yvon Madiot, le directeur sportif de la Groupama-FDJ, entend exorciser l'atmosphère. "Je ne le sens pas particulièrement ému, il sait que c'est la fin. Il est prêt à tourner la page", indique-t-il en réfutant l'idée d'une tournée d'adieu. Après avoir tenté de satisfaire ses admirateurs, à grand renfort de selfies et d'autographes, Thibaut Pinot s'avance enfin sur la ligne de départ.

"C'est ma dernière course en France, c'est spécial, reconnaît-il. Il y a forcément un pincement au cœur, j'espère que ça va bien se passer. Pour moi, être ici, c'est du bonus. Mais je dois faire ma course avant tout." Pour sa reprise, il aura fini à une anecdotique 89ᵉ place de cette première étape de ce qui est pour lui une course d'entraînement au Tour de Lombardie. Une Italie qui verra s'éteindre cette étoile qui a tant brillé dans les cœurs des amateurs de vélo.

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