Trois personnes victimes de piqûres par seringue lors d'une soirée en discothèque à Poitiers

D'après nos informations, deux femmes et un homme ont été agressés à la seringue dans la nuit de samedi à dimanche à la Tomate Blanche, une discothèque de Poitiers. Les deux femmes se sont rapidement rendues au CHU pour analyses, elles déposent plainte.

Une douleur vive, et très vite un sentiment de malaise, des pupilles dilatées. Il est 2 h 40 du matin quand la première victime se manifeste auprès des responsables de l'établissement de nuit poitevin.

Cinq minutes après avoir commencé à danser, je dis à ma copine : "Je viens de me faire piquer" et elle me répond "Non c’est pas possible !"

Jeune femme

victime présumée

Quelques instants plus tard, revenue au niveau du bar, elle croit reconnaître ses agresseurs présumés, son amie l'encourage à signaler l'incident aux vigiles.

La recherche des agresseurs

On commence à expliquer la situation, mais j’avais l’impression que l'on ne m’a pas trop prise au sérieux.

Jeune femme

victime présumée

Les deux hommes désignés sont néanmoins fouillés et mis à part, le temps de vérifier la vidéo surveillance. Les jeunes femmes sont invitées dans le local dédié à cela pour visionner les images enregistrées.

"Là, on a vu réellement qui c’était, et le geste qu’ils ont fait. Les vigiles et le responsable n’ont pas forcément reconnu [ce point], ils me disaient que c’était un verre qu’il tenait à la main alors que le verre était à la main gauche."

Les premiers hommes incriminés sont mis hors de cause, et les agresseurs identifiés. Ils sont fouillés à leur tour.

Ils n’avaient plus rien sur eux donc ils n’ont pas été virés de la boîte !

Jeune fille

victime présumée

Rattrapée par son malaise, et soucieuse de disposer d’analyses efficaces, la victime est encouragée à rejoindre l’hôpital. "J’ai la tête qui a tourné, je ne me suis pas évanouie, mais c’était limite, j’avais mal au niveau de la piqûre bien sûr. [Avant de partir] Je voulais être sûre des personnes, et on a réussi à les voir, les identifier en effet."

Et vers 4 h du matin…

Une autre femme va vivre la même mésaventure, dans la même discothèque. Au cours d'une danse où tout le monde lève les bras, avec deux personnes passant en dessous, elle est bousculée puis violemment agrippée par deux hommes, l'un lui tenant les hanches et le second les fesses.

Une main m’a tapée sur une fesse et l’autre main malheureusement sur une partie intime, je n'ai pas senti la piqûre directement parce que je me suis débattue "Mais pourquoi tu fais ça ? Tu n’as pas à faire ça !"

Femme quadragénaire

Deuxième victime présumée

Choquée par cette agression sexuelle, elle sort prendre l'air. C'est là qu'elle ressent une brûlure au niveau de la fesse. "J’ai dit à ma compagne : Je ne me sens pas bien, ça me brûle". Elle m’a emmenée pour voir s’il y avait un impact. Il s’est avéré que oui."

Son entourage alerte alors la sécurité. Les personnes sont identifiées, retrouvées dans les toilettes de l'établissement.

J’ai vu le geste commis contre une autre personne. Lui pour le coup était alcoolisé, je pense qu’il l’a pris au niveau de l’épaule et par la suite, il est parti en délire total. Et quand j’ai vu ça, j’ai dit, "on part aux urgences".

Femme quadragénaire

Deuxième victime présumée

C'est en patientant au CHU de Poitiers pour être prise en charge, analyse sanguine, dépistages MST, etc... qu'elle rencontre la première victime. Elles réalisent alors toutes deux qu'elles ont été ciblées par le même duo masculin dans cette discothèque.

Je suis très en colère, parce que j’ai appris qu’il y a eu des cas avant moi et que rien n’a été fait. J’estime qu’ils n’ont pas joué leur rôle de sécurité, il y aurait dû y avoir des renforts !

Femme quadragénaire

Deuxième victime présumée

Choquées par ce qu'elles ont subi, ces deux femmes sont déterminées à ne pas en rester là.

C’est une agression. C’est inadmissible, aujourd’hui, je n'ai pas les mots.

Jeune fille

Victime présumée

Enquête en cours

Une enquête est ouverte par le parquet de Poitiers pour faire la lumière sur ces agressions. Le patron de la boîte de nuit, Jérôme Lacroix, nous a confirmé avoir transmis toutes les images de vidéosurveillance de la soirée à la police. "On a un système de vidéosurveillance très pointu qui nous permet d’aller très loin dans le visionnage. Et derrière, on sauvegarde les données pendant 15 jours minimum."

Pour l'instant, les victimes présumées n'ont pas encore déposé plainte, elles devraient le faire dans les prochains jours.

Il déplore ce phénomène, compliqué à éradiquer. Son service de sécurité est sensibilisé à la question, mais la taille minimale des seringues empêche une fouille efficace. Pour lui, la prévention est essentielle. Alerter le personnel et, dans l'idéal, se retourner vers l'agresseur pour l'identifier sont les deux réflexes à appliquer, comme l'ont d'ailleurs fait spontanément les deux femmes concernées le week-end dernier.

Les personnes qui piquent sont des prédateurs, quoi qu’il arrive. Même si il n’y a pas de substance au bout, le fait de piquer quelqu’un est un acte d’agression. Que ce soit avec un cure-dent, comme ça arrive régulièrement, ou que ce soit avec une seringue quelconque. Il faut se rappeler que les victimes restent des victimes.

Jérôme Lacroix

Gérant de la Tomate Blanche

S'il est pleinement conscient du préjudice psychologique lié à l'agression, et des peurs qui l'accompagnent, Jérôme Lacroix se veut aussi rassurant sur les risques encourus pour les victimes.

Généralement, on associe piqûre au GHB, la drogue du violeur, mais son injection n'est possible que par intraveineuse. Jusque-là, dans tous les cas de piqûres en France, aucune trace de produit n'a été retrouvée, il n'y a pas non plus de risque de transmission.

Jérôme Lacroix

Gérant de la Tomate Blanche - Poitiers

C'est la première fois que cet établissement serait concerné. Mais, l'an dernier, une agression de ce type avait eu lieu au Confort Moderne à Poitiers.

Les urgences du CHU de Poitiers nous confirment l'existence de ce phénomène depuis un an, et également l'absence de trace chimique dans les prélèvements réalisés sur les victimes supposées qui se sont manifestées. L'hypothèse avancée par le médecin contacté pour expliquer les symptômes ressentis est celle d'une angoisse liée à la psychose autour de ces piqûres, associée parfois à l'alcoolisation.

Une angoisse qui devrait hélas durer pour les victimes. Le résultat de leurs analyses toxicologiques ne sera connu qu'après la réquisition judiciaire. Un délai de deux à trois mois est à prévoir.

Voyez le reportage de Marine Nadal, Luc Barré et Simon Lamare :

durée de la vidéo : 00h01mn48s
Deux femmes ont été victimes d'agression à la seringue dans une boite de nuit de Poitiers. Elles ont toutes les deux été piquées sur la piste de danse./ reportage de Marine Nadal, Luc Barré et Simon Lamare. ©France télévisions

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