Les prix de l’énergie ont augmenté de +18 % entre janvier 2021 et juin 2022 d'après l'INSEE. Et jusqu'à +41 % rien que pour le fioul. Et les hausses ne sont pas finies ! La crise énergétique donne un coup de froid au budget des ménages français. Vous êtes de plus en plus nombreux à éplucher vos factures de près et à réfléchir à d'autres énergies ou à entreprendre des travaux. Un parcours du combattant parfois selon les budgets et les logements.
Le coût de l’énergie augmente… Inexorablement… Mais faut-il choisir entre confort et économie ? Désormais, à chaque transaction immobilière, que ce soit pour mettre en vente ou pour louer, un diagnostic énergétique doit être établi par un professionnel. Votre logement est-il classé A, très bien isolé et performant ou G, passoire énergétique ?
Nous avons visité quelques maisons pour avoir un aperçu des moyens à votre disposition pour faire baisser votre facture d'énergie.
Bienvenue dans la maison n°1
Nous sommes aux portes de La Rochelle… C’est un pavillon de 1973, jamais rénové. Après ce premier hiver dans les lieux, Marie Lafond-Devaux et son compagnon ont vite saisi l’urgence.
Quand il a gelé, on a bien senti qu’à l’intérieur, il faisait plus frais. On est descendus à 16° ! Ça fait frais pour sortir de la couette.
Marie Lafond-DevauxPropriétaire à Aytré
À ce degré-là, on peut même parler de passoire énergétique. Les jeunes propriétaires sont un peu désemparés. Face à l’ampleur du chantier, ils font appel à la plate-forme rochelaise de rénovation énergétique, c'est le service public local de l’énergie et de la rénovation (chaque ville-préfecture ou département en a un).
Adrien Villetelle y suit leur projet de A à Z.
Le but, c'est de donner du conseil neutre, gratuit et objectif aux particuliers, et surtout leur permettre de faire les bons choix sur la rénovation énergétique de leur logement.
Adrien VilletelleResponsable de Pôle au Centre Régional des Energies Renouvelables (CRER)
L’expertise d’Adrien est aussi financière. Il connaît les dispositifs sur le bout des doigts.
En cumulant les aides locales et celles du gouvernement, les ménages les plus modestes peuvent se faire financer jusqu’à 95 % de leurs travaux.
Notre jeune couple est pour l'instant équipé d'une chaudière gaz naturel, une énergie fossile, dont le tarif a bondi cette année.
Je pense qu’on est au moins sur 200 € par mois. Il faut qu’on voit sur l’année complète ce que ça donne, mais oui ça coûte cher de chauffer.
Marie Lafond-DevauxPropriétaire à Aytré
Et ça, c’est le prix du gaz avec le bouclier tarifaire actuel. Compte tenu de la mauvaise isolation de la maison, cette énergie se révèle ruineuse pour le résultat médiocre de seulement 17 degrés.
Dans notre maison n°2, l'envolée des prix préoccupe aussi
Implantée dans le nord-Deux-Sèvres, cette construction date également des années 1970, Jean-Paul Montibert et sa femme y carburent au fioul.
32 ans que ça dure, c’était déjà l’énergie utilisée par les propriétaires précédents… Pas sûr que cela soir un bon calcul de continuer ainsi.
Point de départ de la réflexion en cours, les tarifs du fioul… de plus en plus élevés à chaque livraison.
Sur les cinq dernières années, la hausse est de 80 % ! Je suis passé de 800 euros à 1 500. Maintenant, j’ai tendance à réduire un peu ma consommation.
Jean-Paul MontibertPropriétaire à Saint-Léger-de-Montbrun (79)
Ces lourdes factures ont rendu Jean-Paul plus attentif au quotidien. Il "décale" un petit peu plus, profite de sa cheminée. Il se documente aussi sur les pompes à chaleur, mais le prix, 25 000 €, le retient. "Il faut du temps aussi pour le retour sur investissement donc je ne sais pas !" Pour l'instant, il continue ainsi, faute d’avoir des "certitudes techniques".
Ses confortables 20° sont donc le prix d’un statu quo plutôt coûteux.
Avez-vous pensé à couper vous-même votre bois ?
Pendant ce temps, un peu plus loin, dans le village de Saint-Léger-de-Montbrun, d’autres travaillent à l’ancienne, et transpirent ! Jean-Claude et Patrick sont des retraités bien occupés. Ils s'activent à ranger des bûches de bois dans un hangar.
On se chauffe au bois. On n'a pas que ça, moi, j'ai bois et électrique par exemple, mais l’électricité je m’en sers jamais !
Jean-ClaudeRetraité à Saint-Léger-de-Montbrun
Comme leurs parents et grands-parents avant eux, Jean-Claude et Patrick font leur bois. Patiemment plantée et entretenue, leur parcelle leur fournit un bon stock. Après quatre à cinq ans de séchage, ils ont toujours de quoi avoir chaud l’hiver.
C'est bien plus économique que de se faire livrer des stères... "Mais il faut la volonté pour le faire !"
L'investissement est rentabilisé depuis longtemps.
Si vous ne possédez pas d'arbres à même de vous fournir, vous pouvez solliciter votre mairie. La coupe au bénéfice des particuliers peut être autorisée dans les forêts communales.
Pourquoi ne pas imiter la maison numéro 3 ?
Si vous n’avez pas d’argent disponible, ou que vous n'êtes pas propriétaire, il y a quelques conseils utiles pour faire quelques économies. Dans ce pavillon d’Aigrefeuille d’Aunis, bâti dans les années 1980, la famille Ménard a adopté toute une série de petits gestes de sobriété. Des astuces apprises en participant à un défi local "Familles à énergie positive".
Le soir, on a des rideaux occultants. Ils ont une partie polaire qui permet d’isoler du froid le long des fenêtres. On a ça sur toutes les fenêtres, de toute la maison.
Karine et Franck MénardFamille à énergie positive
Ils ont ajouté un interrupteur à leurs fours, des multiprises pour déconnecter facilement leur téléviseur, leur ordinateur, décodeur et boîtier internet. Ils débranchent systématiquement lave-linge et sèche-linge non utilisés. Car tous nos appareils, même complètement éteints en apparence, consomment de l’énergie…
Le réglage de la chaudière est capital, sa programmation aussi. Le chauffage ne se remet en route que le matin et le soir et reste éteint en l'absence des occupants de la maison. C’est la somme de tous ces gestes qui permet de faire une grosse différence.
On ne s’en rend même plus compte, ce sont des réflexes maintenant ! C'est très facile à appliquer, tout le monde peut le faire. Entre l’année dernière et cette année, on a fait une économie de 150 €, électricité, gaz.
Karine et Franck MénardFamille à énergie positive
Résultat, 18° sans beaucoup dépenser.
La maison numéro 4 a de l’énergie à revendre !
À Poitiers, Gérald Régis et Dominique Benetteau profitent d’une exposition favorable, la première économie est là, le soleil entre dans la maison, et réchauffe l'atmosphère. Vient ensuite le renfort de la technique.
On a un poêle à bois. La ventilation double flux permet de répartir la chaleur dans les chambres, bureau, salle de bain. Une simple flambée le soir suffit pour chauffer la maison !
Gérald RégisPropriétaire à Poitiers
Il y a dix ans, ils ont mis en commun la vente de leurs deux habitations pour transformer de fond en comble cette maison des années 1950… Adieu le simple vitrage, abandon du fioul, remplacement par des panneaux solaires, poêle à granulés, isolation par l’extérieur… Le prix d’achat a été doublé, mais ça valait le coup.
Entre la production d’électricité vendue, les granulés de bois et l’électricité achetés, le budget est à l'équilibre.
L’an dernier, on était même en bénéfice ! On a réussi à faire d’une maison énergivore, une maison à énergie positive.
Dominique BenetteauPropriétaire à Poitiers
À 23 degrés les jours de soleil, et en gagnant de l’argent, le vainqueur de notre concours aux économies est là…
Et pour vous ? Quelle température idéale, quelle énergie idéale ? Il y a sans doute autant de maisons que de réponses… Reste une certitude, ce budget-là risque de chauffer de plus en plus… Les prix de l’énergie pourraient encore doubler au cours des quinze prochaines années.